mercredi 15 avril 2009

Réforme de l'hôpital : médecins et ministre débattent par tribunes interposées

Réforme de l'hôpital : médecins et ministre débattent par tribunes interposées , le Monde, 15 avril 2009

Les chefs de service renommés de plusieurs hôpitaux parisiens ont signé un "appel des vingt-cinq", publié jeudi 16 avril dans le Nouvel Observateur contre "la médecine mercantile" mise en avant, selon eux, par le projet de loi Bachelot, déjà voté par les députés et que les sénateurs examineront à partir du 11 mai.

Parmi les signataires figurent notamment le gynécologue-obstétricien René Frydman, le neurologue Olivier Lyon-Caen, l'endocrinologue Arnaud Basdevant ou encore le diabétologue André Grimaldi, tous de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

"ÉTATS GÉNÉRAUX DE L'HÔPITAL PUBLIC"

Selon eux, cette loi "porte en elle la disparition" de la médecine hospitalière "au profit d'une médecine mercantile", et "les premières victimes en seront les patients et les soignants". Elle "cale l'hôpital sur l'entreprise" en renforçant les pouvoirs du directeur d'établissement qui "pourra n'avoir aucune compétence médicale" mais "arrêtera le projet médical de l'établissement". "Dans le même temps, on organise des suppressions massives et injustifiées d'emploi d'infirmiers et d'aides-soignants", ajoutent-ils, s'inquiétant aussi de l'alignement des tarifications sur celles du secteur privé, soumis à moins de contraintes.

"L'hôpital public doit être réformé. Mais certainement pas de cette manière", poursuit le texte, avant de formuler des pistes. "Si cette loi n'est pas amendée, elle s'appliquera sans nous", préviennent-ils encore, demandant l'organisation d'urgence "d'états généraux de l'hôpital public".

"Demain, côte à côte, et pour la première fois, infirmières, agents hospitaliers et administratifs, médecins seront dans la rue", rappellent-ils en allusion à la grève des opérations non urgentes et à la manifestation prévues le 28 avril par le récent Mouvement de défense de l'hôpital public, en association avec des syndicats de personnels non médicaux de l'AP-HP. Les présidents des commissions médicales d'établissements (CME), peu enclins au conflit, ont de leur côté menacé de démissionner si le volet hôpital de la loi Bachelot n'est pas modifié.

BACHELOT : "UNE MAUVAISE GESTION EST LA PIRE ENNEMIE D'UNE MÉDECINE DE QUALITÉ"

La ministre de la santé a répondu, jeudi, aux signataires de l'appel par le biais d'une tribune publiée dans Le Figaro. Estimant que le projet de réforme a été bâti "à partir des propositions des neuf cent mille personnes qui travaillent à l'hôpital", la ministre dénonce "une caricature" de son texte. "La mauvaise gestion est la pire ennemie d'une médecine de qualité", écrit Roselyne Bachelot, tout en défendant la réforme de la tarification, avant d'interpeller les signataires : "Veulent-ils en revenir à la dotation globale qui constitue le financement le plus injuste ?"

Concernant le maintien des emplois, Roselyne Bachelot préfère évoquer son bilan. "L'hôpital public a vu ses effectifs croître de 11,4 % les dix dernières années et de vingt-cinq mille personnes en son cœur et à la périphérie l'année dernière", écrit-elle.