Les CHU, en attendant Marescaux , Eric Favereau, 13 février 2009
Bernard Debré, professeur d'urologie à l'hôpital Cochin mais aussi député UMP, est un homme distrait. Hier matin, il ne s'est pas réveillé. Bizarrement. Ou alors il a oublié de venir.
En tout cas, il est arrivé avec près de deux heures de retard à l'Assemblée nationale alors qu'il était censé défendre des amendements sur la loi «Hopital, patient, santé, territoire» qu'il avait lui même déposés. Tous ayant trait à l'avenir des Centres hospitaliers universitaires, les fameux CHU, fer de lance de l'hospitalisation et de la recherche française.
Mais voilà par une aberration de calendrier, une commission, -présidée par le professeur Marescaux-, a été mise en place récemment par le président de la République pour faire des propositions sur l'avenir des CHU. Bref, une commission qui doublonne avec la loi Bachelot.
Qu'à cela ne tienne, on va se débrouiller. La commission Marescaux est censée terminer son travail fin mars: si elle propose des mesures légistatives, l'idée du gouvernement est alors de les intégrer par le biais d'amendements, plus tard, lors du débat de la loi lorsqu'elle arrivera en discussion au Sénat.
«C'est ahurissant», tonne le député socialiste Jean Marie Leguen. «La réforme des CHU va se faire par amendements, en court-circuitant l'Assemblée nationale». Vu la cocasserie de la situation, Bernard Debré, qui est aussi membre de la commission Marescaux, a donc préféré déserter la défense de ses propres amendements. Et n'être pas là. En fin de matinée, le professeur Debré est arrivé dans l'hémicycle, l'air de rien. Il a été alors vertement secoué par Jean Marie Leguen. «Vous en êtes à vous excuser d'avoir déposé des amendements. Est-ce que cela veut donc dire que vous trouvez normal que la réforme des CHU se fasse à la va-vite? C'est choquant, et au final tout cela sera anticonstitutionnel...»
Roselyne Bachelot s'est voulue alors rassurante: «Oui, il y a des calendriers différents, mais ce n'est pas très grave. Si la commission Marsescaux propose des aménagements législatifs, alors nous les intègrerons, et nous en débattrons en commisssion puis au Sénat. S'il faut une loi, alors on la fera. Mais aujourd'hui, nous ne pouvons pas prévoir ces recommandations».
Bernard Debré, enfin, prend la parole. D'abord, il se montre surpris: «Mais je croyais que j'avais retiré mes amendements». Puis, un peu plus sérieux: «Les CHU auraient du faire partie de la loi, mais c'est ainsi, on verra comment faire». Les députés devront donc être ... patients.
Eric Favereau