jeudi 24 décembre 2009

Entretien avec Olivier Lyon-Caen et André Grimaldi: "La loi sur les hôpitaux menace la qualité des soins"

LEMONDE.FR | 15.12.09

hon.ake : Bonjour, la crainte d'un service public hospitalier avec de moins en moins de moyens, de personnels et la crainte d'avoir des services de moindre qualité est-elle une réalité ?

André Grimaldi : La première chose qu'il faut souligner, c'est que dans la loi HPST (hôpital, patients, santé et territoires), le nom même de service public hospitalier a disparu. On ne parle plus que d'établissements de santé ayant des statuts différents.

Cette loi a été faite pour donner tout le pouvoir aux gestionnaires, avec comme mission l'équilibre financier, et pour obtenir cet équilibre, la réduction du personnel soignant. Le personnel, c'est 70 % des coûts de l'hôpital : infirmières, aides-soignants et médecins.

Ce qui est choquant, c'est que la ministre n'a cessé de dire qu'elle ne diminuait pas les emplois dans les hôpitaux, qu'elle les avait même augmentés. La réalité sur le territoire national, c'est une suppression programmée de 20000 emplois.

Plus de 1000 l'an dernier, 1 000 supplémentaires cette année, rien qu'à l'Assistance publique de Paris, sans aucune perspective médicale qui permette de comprendre ces suppressions. On vous dit : faites plus avec moins de personnel soignant.

C'est vrai dans les grandes villes, à Lille, à Lyon à Marseille...

MIUEL X. : Je suis un très ancien patient du groupe Pitié-Salpêtrière, étant passé tout d'abord par les services de neurochirurgie, il y a un peu plus de vingt ans. Aujourd'hui, avec tout ce paquet d'annonces gouvernementales pour l'avenir, l'hôpital ne deviendra-t-il pas une simple "machine à fric" ?

Olivier Lyon-Caen : L'hôpital ne deviendra certainement pas une "machine à fric". C'est même l'inverse. Il y a finalement, derrière tout cela, une gigantesque contradiction. D'un côté, on veut équilibrer les comptes de la Sécurité sociale et, pour cela, on met dans une même enveloppe l'hôpital public et les structures privées ; et de l'autre côté, on demande à l'hôpital de remplir ses missions en réduisant ses budgets.

Comment allons-nous pouvoir continuer à répondre à nos missions alors même que l'on rogne sur tout ce qui permet le fonctionnement, l'investissement, l'innovation ?

Le problème, ce n'est donc pas que l'hôpital devienne une "machine à fric", mais qu'il ne devienne une "machine à perdre". Et on est au seuil de cette rupture.

philippe : Quelles sont les menaces concrètes qui pèsent sur le système hospitalier, selon vous ?

André Grimaldi : La première menace, c'est que si l'on supprime des emplois de soignants (particulièrement des emplois d'infirmières), cela a deux conséquences. La première, c'est une menace sur la qualité des soins : si vous devez vous déplacer d'un service à l'autre, vous êtes obligé de changer de service pour boucher les trous. La deuxième, c'est qu'à un moment donné, le seuil est franchi et on décide de fermer l'activité, ou une partie de l'activité.

Quels critères retient-on pour fermer une activité ? On ferme celle qui est jugée non rentable. Par exemple, le sujet âgé qui a de nombreuses pathologies, qui a fait un accident vasculaire, il n'est pas rentable, donc peut-être vaut-il mieux garder une autre activité rentable. On choisit donc des critères qui ne correspondent pas à des critères de besoins de la population, mais de rentabilité financière. Comme le ferait une clinique privée.

Tarnier : On reproche à votre mouvement d'être corporatiste et immobiliste. Que répondez-vous ?

Olivier Lyon-Caen : Si l'on se réfère au passé, cette observation n'est pas fausse.
Jusqu'à ces dernières années, les mouvements médicaux hospitaliers étaient essentiellement corporatistes.
Aujourd'hui, cette situation est dépassée. La meilleure preuve, c'est l'union qui existe entre, d'un côté, les médecins, de l'autre, les soignants, y compris les syndicats, et enfin, un grand nombre de directeurs hospitaliers.

Il y a donc une convergence de tous les acteurs de l'hôpital pour aujourd'hui s'inquiéter profondément de la nouvelle politique mise en œuvre par les pouvoirs publics.

simplet : Mais ne dit-on pas que vous, les médecins, êtes mal organisés ? Que vous n'êtes pas là quand le personnel est là et vice versa ?

André Grimaldi : On dit beaucoup de choses, et sûrement peut-on faire des progrès en organisation.
Je remarque que la ministre (Roselyne Bachelot), qui a mis l'accent sur ce problème, a elle-même organisé la vaccination contre la grippe A. Comme modèle, heureusement qu'on fait mieux qu'elle. Le problème de l'organisation n'est pas facile.

A la Pitié-Salpêtrière par exemple, on a restructuré et regroupé trois services de cardiologie dans un grand institut du cœur. Pareil en neurologie. Je participe moi-même à la constitution d'un institut d'endocrinologie qui va regrouper cinq services.

Alors que les cliniciens sont prêts, cela fait quatre ans qu'on attend que les gestionnaires suivent. Au fond, cela aurait pu être un des sujets de la loi HPST. Or elle ne s'est pas préoccupée de cette question importante.

Chris : Compte tenu de l'état des comptes de la "Sécu", n'est-il pas nécessaire de rationaliser l'offre de soins ?

André Grimaldi : C'est évident qu'il faut rationaliser l'offre de soins. Mais on est étonné que des décisions simples, ayant un effet immédiat sur les comptes de la Sécurité sociale, ne soient pas prises.

Trois exemples : il y a, pour l'estomac, un médicament qui vaut beaucoup plus cher qu'un médicament absolument similaire : l'Oméprazole, qui vaut beaucoup moins cher. Si la Sécurité sociale décidait que seul l'Oméprazole serait utilisé, ce serait 100 millions d'euros d'économies immédiates.

Dans l'hypertension artérielle, il y a deux familles de médicaments d'efficacité identique. Si la Sécurité sociale faisait savoir à tous les médecins qu'il faut prescrire le médicament le moins cher, ce sont 400 millions d'euros qui seraient économisés. Ces chiffres sont communiqués par le médecin-conseil de la Sécurité sociale.

Dans ma spécialité, le traitement par pompe à insuline était géré par les hôpitaux. La Sécurité sociale a décidé de déléguer la gestion à des prestataires privés, Nestlé et Air liquide. Le coût de l'opération pour la Sécurité sociale a été multiplié par trois.

Des économies, on peut donc en faire. En organisation, mais aussi dans cette logique du business de la santé. Et on est étonné parfois de ce que la Sécurité sociale laisse filer.

JB Ricco : La restructuration des CHU (centres hospitaliers universitaires) a commencé depuis plusieurs années en province sans susciter beaucoup de remarques de la part de la presse généraliste, ni d'ailleurs de nos collègues parisiens, qui se sentaient à l'abri...

Olivier Lyon-Caen : Il est vrai que les restructurations en province ont commencé il y a de nombreuses années et que cela a mis du temps à venir à Paris. Cela tient à deux choses : d'abord, à la taille même de l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), qui est incomparablement plus lourde que les CHU de province ; d'autre part, je pense que cela est dû à une non-anticipation de l'impact que pourrait avoir la création d'un grand hôpital comme Georges-Pompidou sur l'organisation générale des soins dans toute une partie de Paris. Il y a eu probablement un défaut de planification.

Maintenant, le problème est un problème à la fois de volonté et de temps. Le problème de volonté, c'est que l'Assistance publique se trouve écartelée, finalement, entre des pouvoirs qui sont rarement compatibles les uns avec les autres : gestion quasi en direct des ministères de la santé et des finances, rôle de la mairie, rôle aussi de la région, puisque l'Assistance publique est un énorme prestataire pour la région Ile-de-France.

Et autant la mise en réflexion commune des intervenants me paraît être simple en province, autant elle a toujours été compliquée à Paris.

Deuxième chose : le temps. En fait, il y a trois étapes quand on veut faire bouger les choses : le temps de la réflexion, le temps de la conviction, et le temps de la réalisation.
La réflexion suppose qu'il y ait véritablement des gens qui soient au-dessus de la mêlée et qui entament un programme qui tienne compte de l'évolution des métiers.
La conviction : là, c'est vrai que le corps médical a une certaine inertie, pour ne pas dire une grande inertie. Mais, comme le disait André Grimaldi, on peut arriver à réfléchir, proposer et convaincre.
Le problème, c'est qu'entre le moment de la décision et celui de la réalisation, il s'écoule des années. Et là, on a pris à l'Assistance publique, sans aucun doute, un retard certain.

Jhon.ake : On voit de plus en plus de complexes hôpitaux-cliniques se former. Est-ce le signe avant-coureur de leur privatisation ?

André Grimaldi : Hélas, oui. Mais il semble que l'on veut aller vers un système mixte, mi-français, mi-américain, où il y aurait du public pour les urgences, les cas très graves, les personnes qui ne peuvent pas payer leurs soins, et le reste serait dans le privé commercial.

Il y a des gens qui pensent qu'on va mettre des cliniques privées au sein de l'hôpital public. Ainsi, le rentable irait au privé, et le non-rentable au public.

C'est une forme de privatisation qui va coûter beaucoup plus cher au pays, et surtout aux familles, aux citoyens. Il faudra avoir des mutuelles.

Olivier Lyon-Caen : Johnny Hallyday s'est fait opérer dans une clinique privée, mais dès que son état lui permettra de rentrer en France, il ira à l'hôpital.

Guest : Pourquoi accuse-t-on toujours les médecins d'être responsables des dépenses ? Les administratifs de l'hôpital travaillent-ils gratuitement ?

Olivier Lyon-Caen : Je ne pense pas qu'on puisse opposer administratifs et médecins. Chacun a son rôle. Et les administratifs sont là pour nous aider dans la réalisation d'un projet médical. Nous sommes complémentaires.

André Grimaldi : Ces réformes ont pour conséquence une inflation bureaucratique. On a augmenté les niveaux de décision – les directeurs, sous-directeurs – de 30 % en cinq ans.
Donc, on est dans une réforme de type libéral, mais on le fait à la française, avec la bureaucratie. On a les inconvénients des deux.

Leo : Doit-on démolir certains hôpitaux pour les reconstruire ? A Paris, Cochin ou la Pitié-Salpêtrière sont divisés en pavillons, on y perd un temps fou dans la circulation des malades vers les services techniques...

Olivier Lyon-Caen : Vous évoquez un problème très important : on a pris un retard considérable dans l'investissement hospitalier et l'architecture hospitalière.

Ce que nous défendons, c'est qu'il y ait une vraie politique d'investissement, de rénovation des hôpitaux, fondée sur les besoins de santé publique. Et c'est en rénovant et repensant l'organisation hospitalière que l'on pourra penser à une réduction des emplois.

Ce n'est que comme ça que l'on peut envisager d'influer sur le nombre des emplois de l'Assistance publique.

François : A propos du déficit de la "Sécu", on peut le réduire par les dépenses, bien sûr, mais aussi en augmentant les recettes ! Par exemple, en supprimant le bouclier fiscal. Non ?

André Grimaldi : Le président de la Cour des comptes avait fait remarquer que si l'on taxait normalement, par exemple, les stock-options, 3 milliards d'euros rentreraient dans les caisses de la Sécurité sociale. En période de récession économique, la Sécurité sociale perd des recettes.

De toute façon, ce serait à la population de décider la part qu'elle veut consacrer à la santé. On pourrait très bien augmenter d'un point la CSG. Cela suppose évidemment de lever le bouclier fiscal.

Il faut savoir que la France, par habitant, dépense exactement la même somme pour la santé que l'Allemagne ou le Canada : environ 3 500 euros par personne.

C'est un choix de société. Les Américains dépensent beaucoup plus que nous, pour un résultat nettement moins bon. Les Anglais dépensent moins, et ont des listes d'attente.

Nous sommes dans la moyenne. Mais vous avez raison, il faut augmenter les ressources de la Sécurité sociale.

Olivier Lyon-Caen: "L'hôpital est au bord de la rupture"

lejdd.fr, 18 décembre 2009

Le professeur Olivier Lyon-Caen est chef du service de neurologie de la Pitié-Salpêtrière et candidat PS aux élections régionales en IDF. Il décrypte les raisons de la crise.

Comment expliquer la mobilisation de nombreux chefs de service et médecins de l’AP-HP?

Ce n’est pas un mouvement qui émerge brutalement mais la suite de protestations qui se font entendre depuis de longs mois. La mobilisation implique aussi les infirmières, les aides-soignantes ainsi que les cadres hospitaliers. Nous nous inquiétons tous pour l’avenir du service public.

Pourquoi êtes-vous inquiets?

A cause de la politique actuelle de réduction massive des emplois mais aussi parce qu’il faudra du temps pour mettre en œuvre des restructurations qui soient fondées sur une cohérence médicale et pas seulement dictées par des impératifs financiers. Nous avons été d’autant plus surpris que tous les chefs de service sont désormais devenus des gestionnaires responsables.

Certains diagnostiquent une vraie crise existentielle dans les hôpitaux parisiens et osent la comparaison avec France Télécom…

Il n’y a pas de malaise existentiel chez nous. La vocation, l’envie de servir et d’aider restent chevillées au cœur et à l’esprit de tous les soignants, mais les pressions auxquelles ils sont soumis sont de plus en plus fortes. La situation des infirmières est particulièrement inquiétante. Il n’est pas rare qu’une seule d’entre elles ait, la nuit, la charge de 20 à 25 malades.

Comment faire pour changer en même temps un patient et la perfusion de son voisin de lit? Bien sûr, il y a des jours de récupération mais, comme on manque d’infirmières, elles n’ont pas le temps de les prendre. Bref, on est au bord de la rupture et toute réduction supplémentaire de personnel conduirait à la fermeture obligée de structures médicales. Or si on ferme des structures, on rentre dans un cercle vicieux. Mais peut-être est-ce ce à quoi aspirent certains de nos responsables politiques…

"On ne peut pas gérer l’hôpital comme une entreprise"

Craignez-vous un démantèlement de l’hôpital public?

On peut se poser la question. Au rythme où vont les choses, on peut très bien imaginer que, dans quelques années, les activités lucratives (les pathologies habituelles) seront confiées aux cliniques privées et que les activités coûteuses (urgences, pathologies lourdes, maladies rares ou liées à la précarité) resteront à la charge des hôpitaux publics. Le privé aurait tous les avantages, et en particulier celui de l’équilibre financier.

Pourquoi un tel démantèlement commencerait-il à Paris?

Contrairement aux autres CHU, l’AP-HP manque de soutiens politiques. C’est une tradition: le ministère de la Santé la gère directement. Pour des raisons historiques, le maire de Paris et le président de la région Ile-de-France ont peu de pouvoir. Si on faisait au CHU de Bordeaux ce qu’on fait actuellement ici, j’imagine quelle serait la réaction d’Alain Juppé.

Les pouvoirs publics soutiennent que le privé soigne aussi bien pour moins cher.
C’est faux. La comparaison qu’on utilise pour dire que le privé soigne à moindre coût est biaisée puisqu’elle ne prend pas en compte les salaires des médecins des cliniques.

Ne faut-il pas maîtriser les dépenses de santé?

On ne peut pas gérer l’hôpital comme une entreprise. Il y aurait bien d’autres manières de réduire les déficits avant de s’attaquer aux postes d’infirmières ou de médecins. Pourquoi ne pas mieux contrôler les dépenses de médicaments, par exemple?

En France, il n’y a aucune politique du médicament digne de ce nom. En Grande-Bretagne, tout est sévèrement contrôlé. Là-bas, certaines nouvelles molécules, utilisées dans le traitement des cancers, n’ont pas été mises sur le marché car elles ont été jugées trop coûteuses et peu efficaces au vu des résultats cliniques attendus.

Je n’invente rien: la Caisse nationale d’assurance-maladie a chiffré à plusieurs centaines de millions d’euros par an le coût des économies potentielles en incitant simplement à prescrire à efficacité égale le médicament le moins coûteux.

L’AP-HP a également engagé des regroupements hospitaliers. Pourquoi y êtes-vous opposés?

On n’est pas opposés au changement mais à son manque de cohérence. Il n’y a pas de réelle vision, pas de stratégie. On peut répartir autrement les personnels dans les hôpitaux à condition que les changements obéissent à des impératifs médicaux et que l’architecture des hôpitaux parisiens soit repensée.

Ces derniers sont morcelés en petits pavillons alors qu’on trouve ailleurs de grands bâtiments où l’on peut soigner avec moins de personnel. Rendez-vous compte: alors que les grands CHU de province ont été modernisés, à Paris, à de rares exceptions près, on n’a pas investi dans la construction depuis trente ans!

mercredi 16 décembre 2009

Pour une tarification hospitalière juste et efficace

Notes Terra Nova- Florent Hubert et Gustave Bomark* - 30 octobre 2009
http://www.tnova.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=1049

Le débat qui entoure la tarification à l'activité (T2A), vire parfois à l'excès, alors que la T2A est un instrument pertinent pour tarifer des actes techniques et standardisés. En revanche, selon Florent Hubert, directeur de cabinet de l’adjoint au maire de Paris chargé de la Santé publique et Gustave Bomark*, elle devra à terme être dépassée pour faire face aux défis de la médecine future.

Hôpital : menace de démission massive des médecins franciliens

Les Echos | 16/12/09

Fortement mobilisés contre les suppressions de postes envisagées, les médecins de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, réunis hier soir en assemblée générale, menacent de démissionner pour défendre une institution qu'ils estiment menacée.

Les praticiens hospitaliers de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), premier hôpital public français, ne relâchent pas la pression. Hier soir, ils ont tenu une assemblée générale à la Pitié-Salpêtrière à l'appel du Mouvement de défense de l'hôpital public (MDHP) et de collectifs de médecins et chirurgiens. Une réunion destinée à soutenir la démarche du très mesuré professeur Pierre Coriat, président de la Commission médicale d'établissement (CME), le « parlement » des médecins. C'est lui qui, au mois de novembre, a jeté un pavé dans la mare en menaçant de démissionner de ses fonctions administratives si, comme le dit la motion présentée à l'assemblée générale, « des emplois de soignants médicaux et non médicaux sont supprimés sans justification médicale ». En clair, si la prévision de suppression de près de 1.000 postes en 2010, dont 138 équivalents temps plein (ETP) médicaux, est confirmée en février.

Benoît Leclercq, directeur général de l'AP-HP, a présenté en CME, le mois dernier, le cadrage financier pluriannuel du futur plan stratégique 2010-2014, qui envisageait alors la suppression de près de 3.500 postes d'ici à 2012 (« Les Echos » du 23 novembre). Ceci, dans un contexte où l'AP-HP, qui compte 90.000 salariés - dont un turnover d'environ 6.000 employés par an -doit, d'ici à 2012, économiser plus de 300 millions d'euros sur les actes financés par la tarification à l'activité (T2A), tout en améliorant l'offre de soins. L'institution est pour cela engagée dans une vaste restructuration de ses établissements, avec leur regroupement en 12 pôles, dont les premiers doivent être opérationnels début 2010. Mais celle-ci suscite l'inquiétude et la défiance des salariés.

« En première ligne »
Derrière Pierre Coriat, 902 médecins, dont 31 présidents de CCM (comité consultatif médical) sur 37, 118 chefs de pôle sur 175 et 425 chefs de service sur environ 800, se sont eux aussi engagés à démissionner, selon le MDHP. « La communauté médicale est persuadée qu'avec la loi hôpital, patients, santé et territoires (HPST), elle est désormais en première ligne pour défendre l'institution », précise Pierre Coriat. « La CME est la seule institution indépendante qui peut défendre l'AP-HP, mais elle ne peut le faire que si elle a mené à bien la modernisation de l'offre de soins et les restructurations qui en découlent », ajoute-t-il.

Preuve que le coup de sang des médecins a commencé d'être entendu, la direction générale a proposé de ramener, pour 2010, la diminution du nombre de postes médicaux à 51 ETP, contre 138 initialement prévus. Après une rencontre avec Pierre Coriat la semaine dernière au ministère de la Santé, il a été acté que la CME proposerait en janvier des « projets restructurants qui permettront de dégager des marges de manoeuvre et donc des emplois, mais certainement inférieures à ce que souhaitait la tutelle », poursuit-il. Des négociations auront lieu avec la direction avant d'en présenter les résultats en février à la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Au ministère, on indiqu'il « n'y aura pas, en 2010, de retrait d'emplois par saupoudrage technocratique » et que « le chiffre de suppression de 1.150 emplois n'en est pas un pour le ministère, c'est un calcul administratif ».

Mais si le dialogue n'a pas été rompu avec la direction, les médecins maintiennent la mobilisation contre la suppression envisagée de près d'un millier de postes de personnel non médical. L'intersyndicale appelle de son côté à un rassemblement vendredi. « La menace de démission est réelle. Je ne veux pas aller vers une casse de l'institution », prévient Pierre Coriat. « Si nous nous battons, c'est parce que les suppressions d'emploi diminuent la capacité d'accès aux soins, et donc la mission de service public. Mais les restructurations ne suffiront pas à supprimer 1.000 emplois », craint le professeur Bernard Granger (hôpital Cochin), secrétaire du MDHP et fervent opposant à la loi HPST.

ISABELLE FICEK, Les Echos

Les chiffres clefs de l'AP-HP

-37 hôpitaux qui doivent être regroupés en 12 groupes hospitaliers (GH).
-personnel non médical : 71.800 agents (dont 16.700 infirmiers).
-personnel médical : 20.660.
-budget 2008 : 6,5 milliards d'euros contre 5,99 en 2007 et 5,84 milliards en 2006.
-dépenses de personnel en 2008 : 3,98 milliards, contre 3,89 en 2007 et 3,77 milliards en 2006.
-22.474 lits et 1.681 places de jour.
-1 million de prises en charge en court séjour.
-4,686 millions de consultations.
-1 million d'urgences.

mardi 15 décembre 2009

L’AP-HP fait face à la colère des médecins hospitaliers

LE MONDE | 15.12.09 | 10h50

Face à la perspective de suppression de plus de 1000 emplois en 2010 au sein de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le personnel hospitalier est inquiet, et les médecins tout autant.

Mardi 15 décembre, plusieurs dizaines de professeurs, menaçant de démissionner de leurs fonctions administratives, devaient se retrouver pour une assemblée générale à la Pitié-Salpêtrière à Paris, à l'appel de syndicats de médecins, de radiologues ou de chirurgiens, et du Mouvement de défense de l'hôpital public (MDHP).

Tous s'opposent à des suppressions de postes qu'ils jugent arbitraires et au plafonnement des emplois. Les syndicats de personnel soignant appellent pour leur part à un rassemblement devant le siège de l'AP-HP (Paris, 4e arrondissement), vendredi 18 décembre.

"L'INSTITUTION EST MENACÉE"

Pour le professeur Pierre Coriat, président de la Commission médicale d'établissement (CME) de l'AP-HP, instance de représentation des médecins, "l'institution est menacée". Pourtant modéré et réputé favorable aux restructurations, le professeur Pierre Coriat a fait grand bruit en annonçant, en novembre, qu'il démissionnerait de la présidence de la CME si les suppressions d'emplois n'étaient pas justifiées d'un point de vue médical. Il estime qu'elles font courir des risques sur l'offre et la qualité des soins.

Sa décision a été suivie d'un mouvement inédit de menaces de démission de leurs fonctions administratives de 31 présidents de comités consultatifs médicaux (CCM), dans les 37 hôpitaux de l'AP-HP. Selon le MDHP, qui a mené la contestation contre la loi Bachelot au printemps, 118 chefs de pôle (67% d'entre eux) et 423 chefs de service (plus de 50%) ont signé une menace de démission. Au total, 895 professionnels se disent prêts à rendre leur tablier.

Difficile de taxer les pétitionnaires d'immobilisme. Comme Pierre Coriat, se retrouvent dans l'initiative des professionnels investis dans la gestion des hôpitaux et de tous bords politiques. Ils ne sont opposés ni au principe des économies et des suppressions d'emplois, ni aux restructurations.

"GESTION COMPTABLE DES EMPLOIS"


Ces médecins sont en revanche très attachés au service public, qu'ils estiment menacé par des réductions d'effectifs inappropriées, ou par la perspective d'une convergence des systèmes de financement entre secteurs hospitaliers public et privé.

"La tension actuelle vient de l'intervention permanente du ministère de la santé, de son obsession idéologique pour la gestion uniquement comptable des emplois", juge le député (PS) Jean-Marie Le Guen, président du conseil d'administration de l'AP-HP. Une critique qu'il n'est pas le seul à formuler.

Le signal d'alarme a déjà été partiellement entendu: sur proposition de la CME, un accord a été trouvé avec la direction de l'AP-HP et le ministère de la santé, début décembre, réduisant de 138 à 51, le nombre de postes de médecins supprimés en 2010.

Mais les menaces de démission persistent. "Certes les emplois de médecins sont importants, mais pour les soignants, dont nous manquons déjà, ce sont des milliers d'emplois dont la suppression est envisagée dans les prochaines années", relève le professeur Olivier Lyon-Caen, chef du service de neurologie à la Pitié-Salpêtrière.

La CME proposera un compromis en janvier 2010, qui fera correspondre offre de soins et réduction d'effectifs. "Je n'envisage pas que nous arrivions à 1000 postes", prévient M. Coriat.

MALAISE DES SALARIÉS

Les syndicats des personnels soignants pointent, eux, le malaise des salariés, confrontés en 2009 à des réductions d'effectifs. "Rendre 1000 postes en 2010, c'est impossible, tout le monde a déjà des retards de congés", affirme Marie-Hélène Durieux, déléguée Sud-Santé à l'hôpital Tenon (20e arrondissement de Paris).

"Les gens craquent. Absentéisme, maladies longue durée… Tous les indicateurs sociaux sont au rouge", explique Olivier Cammas, de l'USAP-CGT. Il observe une montée des actions locales pour manque d'effectifs, comme ces derniers jours à Tenon et Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt).

Si l'année 2010 fait peur, les suivantes également. Il est prévu la réduction annuelle de 1000 postes de personnel soignant jusqu'en 2012 et plus. Pour revenir à l'équilibre, l'AP-HP doit dégager, d'ici à 2012, 300 millions d'euros, soit 100 millions par an. 20% pourront venir de recettes supplémentaires, mais 80% passeront par une baisse des dépenses, dans lesquelles les salaires représentent 70%. La direction s'appuiera sur les départs naturels. Tous les ans, le mastodonte AP-HP enregistre 6000 départs, sur un total de 90000 salariés.

SITUATION EXPLOSIVE

Un plan stratégique 2010-2014 est aussi en cours, qui suscite les craintes. Les 37 hôpitaux vont se transformer en onze groupes hospitaliers. Les rapprochements permettront des économies, notamment en supprimant des doublons entre hôpitaux. Mais ils engendreront forcément beaucoup de mutations… et certainement des conflits. "Il va falloir accompagner ces mouvements de personnel. Il y aura une information forte à construire", reconnaît Benoît Leclercq, le directeur général.

Chacun sait que la situation est vite explosive dans le vaisseau amiral des hôpitaux français, qui réalise 4 millions de consultations par an, 1 million d'hospitalisations, et qui accueille, en plus de 75% de Franciliens, de nombreux malades de province et de l'étranger.

Malgré son statut, l'AP-HP ne sera pas épargnée par les restructurations hospitalières: le gouvernement pointe régulièrement les problèmes d'efficience de l'hôpital public, y voyant un levier pour réduire le trou de la "Sécu".

Le sujet est politiquement sensible. Dans l'entourage de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, on assure qu'il n'y aura pas de "saupoudrage technocratique" des suppressions de postes. Si restructurer à marche forcée paraît compromis, l'objectif final demeure néanmoins.

Laetitia Clavreul

lundi 14 décembre 2009

Nicolas Sarkozy veut utiliser le grand emprunt pour financer le plan cancer

LEMONDE.FR | 14.12.09

Dans une interview au magazine de la Ligue contre le cancer, Vivre, dont le nouveau numéro sort en kiosques lundi 14 décembre 2009, le chef de l'Etat précise ses ambitions pour le plan cancer II, dont les grandes lignes avaient été dévoilées le 2 novembre à Marseille. Il y indique notamment que le grand emprunt doit servir à financer le plan.

"Pour la commission sur l'emprunt national présidée par Alain Juppé et Michel Rocard, l'e-santé [accès à l'information médicale en ligne] est une priorité d'avenir, explique Nicolas Sarkozy. Elle doit trouver à s'appliquer au cancer."

Le président souhaite proposer un programme personnalisé de l'après-cancer à "au moins 50 % des patients". "Il s'agit de transposer la philosophie du programme personnalisé de soins à l'après-traitement. Ce sont des principes simples : anticiper les problèmes pour mieux les régler, adapter la prise en charge aux besoins de chacun." Nicolas Sarkozy donne ainsi quelques exemples de cette prise en charge : "l'accès à des revenus de compensation, un soutien psychologique, ou encore, la reprise du travail".

Le président de la République indique par ailleurs qu'il vise une convergence des prix des cigarettes en Europe, rappelant qu'il a décidé "une augmentation [des prix] de 6 % qui est entrée en vigueur le 9 novembre". "Il faut évidemment viser une convergence des prix des cigarettes en Europe, ce doit être une priorité."

mercredi 9 décembre 2009

Plus de 12 000 médecins généralistes acceptent le paiement à la performance

Le Monde, 9 décembre 2009

Louis-Robert Paleotti a signé "sans hésiter". En 2010, ce médecin généraliste installé à Nice depuis trente ans ne sera plus seulement payé à la consultation, mais aussi à la performance, s'il améliore sa pratique selon des objectifs de santé publique et de prescriptions fixés par la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM).

Le contrat d'amélioration des pratiques individuelles (CAPI) qu'elle a mis en place en juin 2009 et la prime qui l'accompagne ont beau être considérés comme un danger par les syndicats et l'ordre des médecins, lui ne voit pas les choses ainsi.

Il est loin d'être le seul : 42 500 médecins sur 50 000 généralistes se sont vu proposer un CAPI. Le but de la CNAM était d'en convaincre 5 000 d'ici à la fin de l'année. Selon les chiffres qu'elle devait publier, mercredi 9 décembre, 12 600 généralistes avaient signé en six mois, soit 30 %. De quoi ravir l'assurance-maladie.

Mine de rien, le succès du CAPI est un sacré symbole. Certes, de nombreux médecins traitants ont pu adhérer par pragmatisme, voyant là le moyen d'augmenter leurs revenus alors que la hausse du tarif de la consultation de 22 à 23 euros qu'ils réclament depuis plusieurs années n'aboutit pas. Mais leur accord entérine un nouveau type de relations, sous forme de contrat individuel signé avec l'assurance-maladie, qui court-circuite la négociation collective et inquiète les syndicats.

En signant en nombre, les médecins montrent aussi que la profession, jusque-là attachée à son indépendance et à la pratique libérale, est prête à voir sa rémunération évoluer vers le paiement à la performance ou au forfait, comme cela se fait à l'étranger. C'est d'ailleurs l'un des points principaux des négociations qui viennent de commencer pour la signature, en 2010, de la future convention médicale liant la CNAM et les médecins.

Dans les Alpes-Maritimes, deux ou trois CAPI sont signés tous les jours et déjà plus de la moitié des médecins concernés ont adhéré. Les critiques sur le "flicage des médecins" qu'exercerait ainsi la CNAM font sourire le docteur Paleotti. Pour lui, c'est bien simple, "il y a déjà mainmise". "Tous les trimestres, je reçois la visite d'un délégué de l'assurance-maladie qui fait un point sur mes prescriptions." En bref, qui lui dit s'il travaille bien ou mal. "Le CAPI, c'est dans la logique des choses", lâche-t-il, philosophe. Ce qu'il semble être de manière générale.

Il trouve même plutôt des intérêts à la formule : elle est facultative, il s'agit "d'une carotte et non d'un bâton cette fois" et, surtout, c'est "un outil de travail intéressant" puisque le médecin se voit présenter des statistiques sur sa pratique qui peuvent l'aider à l'améliorer. "C'est grâce au CAPI que j'ai vu qu'il fallait que je sois plus attentif à mon suivi des patients atteints de diabète", explique le docteur Paleotti, qui fait plus de 10 000 consultations par an pour une "patientèle" variée.

"L'idée générale est d'enfin valoriser le temps consacré à la prévention", explique Jean-Jacques Greffeuille, le directeur de la Caisse primaire d'assurance-maladie du département. Concrètement, le CAPI fixe des objectifs à atteindre, décidés à partir de référentiels de la Haute Autorité de santé.

En matière de prévention, le médecin doit, par exemple, faire vacciner 75 % de ses patients de plus de 65 ans contre la grippe saisonnière ou obtenir un taux de 80 % de dépistage du cancer du sein chez les femmes de 50 à 74 ans. Il doit aussi améliorer le suivi des maladies chroniques (diabète, hypertension artérielle).

Enfin, il doit optimiser ses prescriptions - atteindre un taux de 90 % d'antibiotiques sous forme de génériques -, ce qui est très critiqué.

La prime, calculée selon la progression de réalisation des objectifs, pourra aller jusqu'à 7 000 euros par an et par médecin. Ce qui fait dire aux détracteurs du CAPI qu'il revient à "acheter les professionnels". L'ordre des médecins craint que la déontologie des praticiens, qui pourraient être soupçonnés de privilégier leur intérêt financier sur celui des malades, puisse être mise en cause.

Le docteur Paleotti ne croit pas à de telles dérives. Pour sa part, il ne devra qu'à peine modifier ses pratiques, puisqu'il atteint déjà presque tous les objectifs fixés. Du coup, sa prime ne devrait avoisiner que 1 000 euros. "Ce n'est clairement pas l'argent qui a dicté mon choix ! J'espère qu'il en va ainsi pour mes confrères", tranche-t-il.

Laetitia Clavreul

Les hôpitaux devront faire connaître leurs performances

Le Figaro | 9 décembre 2009 | Sandrine Cabut

À partir de janvier 2010, les patients pourront se renseigner sur leur lieu de soin, classé selon dix indicateurs de qualité.

Il en sera bientôt des hôpitaux comme des hôtels : tout un chacun pourra se renseigner sur la qualité de leurs prestations avant d'y séjourner. Performances en terme de lutte contre les infections nosocomiales mais aussi concernant la tenue des dossi ers des patients…

À partir de janvier 2010, la loi va obliger les établissements de santé à mettre chaque année à disposition du public dix indicateurs de qualité et de sécurité des soins. C'est ce qu'a indiqué mercredi Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, lors d'une conférence de presse où elle a aussi salué les nets progrès des hôpitaux dans la prévention des infections nosocomiales (*). Plus ou moins sévères, ces maladies infectieuses contractées à l'hôpital, notamment lors des soins, feraient de l'ordre de 3 500 morts par an en France.

Pour mieux les prévenir, une démarche inédite d'évaluation et de transparence des établissements de soins a débuté il y a cinq ans dans notre pays. Depuis, le ministère de la Santé publie annuellement un tableau de bord où les hôpitaux sont notés (de A à E) sur un nombre croissant d'indicateurs. Pour l'année 2008, les scores progressent sur les principaux critères utilisés : consommation de produits hydro-alcooliques, indice de bon usage des antibiotiques, surveillance des infections du site opératoire, indice Icalin (qui reflète le niveau d'engagement de l'établissement) et un score qui agrège ces quatre indicateurs.

L'incidence des infections au niveau du site opératoire (zone où le patient a été opéré) est en diminution, s'est félicité la ministre de la Santé, tout comme celle des infections à staphylocoques dorés résistants aux antibiotiques de type méticilline et des accidents d'exposition au sang. Et la survenue d'infections urinaires et pulmonaires décroît dans les services de réanimation. Des progrès d'autant plus représentatifs qu'un nombre croissant d'établissements participent à l'évaluation. Seulement 38 ont été exclus du dernier tableau de bord pour ne pas avoir effectué de surveillance du site opératoire, alors qu'ils étaient 162 l'année précédente.

Les hôpitaux sont désormais notés sur d'autres critères. En 2008, la Haute autorité de santé (HAS) a ainsi généralisé cinq indicateurs portant sur la qualité du dossier médical (incluant le dépistage des troubles nutritionnels et le délai d'envoi des courriers à la sortie). D'autres sont en gestation. Reste à savoir comment ces informations seront accessibles aux usagers. Affichage dans les services, voire dans les chambres ? Les modalités pratiques ne sont pas encore déterminées, indique Annie Podeur, directrice de l'hospitalisation. Une chose est sûre, selon elle : la diffusion sur Internet ne suffira pas.

(*) Résultats détaillés sur www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr

http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr/les-infections-nosocomiales.html

mardi 24 novembre 2009

Bruno Palier: "Nous sommes déjà dans une médecine à deux vitesses"

Un entretien avec les lecteurs, Le Monde, 24 novembre 2009

Suzanne : Nous sommes le seul pays au monde qui rembourse donc finance la médecine privée par l'argent public sans aucun contrôle. Plus les médecins font d'actes, plus ils gagnent de l'argent. Pourquoi n'arrête-on pas ce système pour sauver la sécu ?

Bruno Palier : La logique générale de ce que vous dites n'est pas fausse, mais elle ne concerne que la médecine de ville, où la plupart des médecins se disent libéraux, considèrent qu'ils sont payés par leurs patients, et négligent le fait que derrière se trouve un système collectif de remboursement financé par de l'argent public.

Nous avons fait le choix depuis bien longtemps de préférer avoir des médecins accessibles en ville dans des cabinets privés parce que nous ne trouvons pas de mairie, de région, d'organisme qui proposent de mettre en place des centres publics de santé (les dispensaires) parce que je ne suis pas sûr que les Français soient prêts à préférer aller dans les dispensaires plutôt que voir des médecins libéraux privés.

Tijo : Tout le monde semble trouver normal la revalorisation des tarifs de la consultation par un médecin généraliste. Pourtant ces un ou deux euros d'augmentation chaque année ont creusé le déficit. N'est-ce pas le résultat de la cupidité d'une grande partie des médecins?

Sur la première partie de votre question, je suis heureux de vois que Le Monde.fr publie cette question, puisqu'en effet l'éditorial du Monde oublie cette dimension de l'augmentation des dépenses de santé, qui, c'est la Cour des comptes qui le montre, est moins due au vieillissement de la population qu'à l'augmentation des honoraires des médecins depuis 2002. Et à l'augmentation du coût des technologies médicales.

Il ne s'agit sans doute pas de cupidité, mais le débat français a du mal à reconnaître que les médecins, comme toute autre profession, souhaitent gagner plus et si notre système de santé permet de le faire sans contrepartie, et sans danger pour les patients, les médecins libéraux ne voient pas en quoi ils s'en priveraient.

Dr Jean Parent : La médecine générale est en train de disparaitre , en commencant par la campagne , faute de combattants (stupide numerus clausus !) et devant les exigences de confort des nouveaux diplomés ( pas de garde , pas de longues journées etc...) Que peut-on proposer ?

Il est faux de croire que nous n'avons pas assez de médecins en France. Le problème, c'est la disparité de la densité médicale. Il y a beaucoup, beaucoup plus de médecins dans certaines régions urbaines, ensoleillées et riches, et pas assez de médecins dans les régions plus pauvres, pluvieuses ou à la campagne. Le vrai problème, c'est que les médecins libéraux refusent que la Sécurité sociale donne son avis sur l'endroit où les médecins peuvent s'installer. Nous avons en France une totale liberté d'installation des médecins libéraux qui explique ces disparités et entraîne de fortes inégalités d'accès aux soins.

PierreC : Vu de l'intérieur, la réponse est assurément oui, la sécu est en train de disparaitre. La question aurait pu être posée en ces termes il y a 10 ans. Aujourd'hui, celle qui mériterait d'être débattue serait plutôt "que peut on encore sauver de notre système de santé ?"

Je crois qu'il est faux d'annoncer la disparition de la Sécurité sociale, ou alors il faudrait aussi annoncer la prochaine disparition de l'Etat, puisque la dette de l'Etat comparée aux sommes globales qu'il dépense est bien plus importante que la dette de la Sécurité sociale par rapport aux sommes dépensées par celle-ci. En outre, les Français étant très attachés à l'accès aux soins, ils ont montré au cours des années précédentes qu'ils étaient prêts à payer plus pour leur santé. La vraie question est de savoir comment on va payer plus pour la santé dans l'avenir.

Va-t-on le faire collectivement, par une augmentation notamment de la contribution sociale généralisée, ce qui permettrait de continuer de garantir à tous l'accès à la santé ? Ou bien va-t-on le faire, comme l'a annoncé le président de la République, par une délégation croissante des dépenses supplémentaires aux ménages et à leurs mutuelles ? Dans ce cas, les plus démunis auront encore plus de difficultés d'accès au système de soins.

Philippe quemeurec : de quel pourcentage devrait-on augmenter les prélèvements pour équilibrer le budget de la Sécu ?

Il me semble qu'il serait moins coûteux, globalement, d'augmenter les prélèvements obligatoires de 2 ou 3 points sur les 15 prochaines années pour continuer de confier l'assurance-maladie à notre système collectif, dont les performances sont moins coûteuses que celles des assurances privées et des mutuelles.

Il convient de rappeler qu'en moyenne, les frais de gestion des assurances privées de santé s'élèvent à 25 % de leur chiffre d'affaires, pour les mutuelles c'est entre 12 et 20 %, pour le régime général de l'assurance-maladie, c'est 4 ou 5 %. Eh oui ! La Sécu est plus efficace que les assurances privées en matière de gestion de l'argent qui lui est confié. C'est simple à comprendre, la Sécu n'a pas de publicité à faire ni d'actionnaires à rémunérer.

YMB : Les comptes de l'Assurance Maladie étaient à l'équilibre il y a 10 ans. Que s'est-il passé entre temps pour que le déficit soit si important aujourd'hui ?

Les comptes ont été à l'équilibre de façon exceptionnelle au début des années 2000 car nous avions une forte croissance. Ils ont été en déficit quasiment de façon ininterrompue des années 1970 à aujourd'hui, parce que les dépenses de santé, depuis la crise du milieu des années 1970, augmentent plus vite que la croissance économique. Le déficit s'est fortement dégradé depuis l'an dernier du fait de la très forte crise économique que nous connaissons. Il ne va pas disparaître du jour au lendemain. Il sera probablement moins important si nous avons une reprise, mais il est évident que la première réponse au déficit de la Sécu, c'est de retrouver une croissance forte.

Azzeddine : Comment évaluez-vous le système sanitaire Français par rapport au système américain ?

Le système français, comme le système américain, est un système qui cherche à garantir beaucoup de liberté aux prestataires de soins, la liberté de choix du médecin au patient, et qui est financé par des assureurs. Une assurance collective et des mutuelles complémentaires en France, des assurances privées et une assurance collective pour les personnes âgées aux Etats-Unis.

On y retrouve des phénomènes similaires d'inflation des coûts, entraînée par la difficulté à intégrer les professions libérales dans l'organisation et la gestion du système. Il reste que notre système coûte moins cher, couvre tout le monde pour les besoins de base et les maladies très graves, ce qui n'est pas le cas pour de nombreux Américains.

Mais s'il faut faire des comparaisons, je préférerais tourner mon regard vers la Suède, qui dépense 2 points de moins de PIB en santé que nous (nous dépensons 11,1 % de notre richesse nationale en santé, les Suédois 9,1 %), et pourtant les résultats de santé sont meilleurs sur tous les points en Suède par rapport à la France. C'est que dans ce système, les professions médicales sont intégrées, coordonnées, participent à l'orientation, l'organisation et la gestion du système, et contribuent à offrir le meilleur soin au moindre coût. En outre, dans ce système, les médecins, les professionnels de santé sont aussi payés pour faire de la prévention.

Hermes : Quand sera appliquée la directive européenne permettant de mettre en concurrence le Sécurité Sociale ? Les Français ne seraient-ils pas gagnants ?

Il n'y a pas de directive européenne mettant en concurrence la Sécurité sociale. Au début des années 1990, la Cour de justice des communautés européennes, dans son arrêt Poucet/Pistre, a clairement énoncé que les organismes de protection sociale avaient le droit de bénéficier d'un monopole tant que celui-ci était mis au service de la solidarité. La directive à laquelle il est fait référence concerne les assurances complémentaires, et nous avons déjà appliqué en partie cette législation en amenant les mutuelles à changer de statut.

Macha : Pourquoi ne pas faire comme les anglais et faire payer un prix fixe les médicaments, à ceux qui ont un revenus ( cf documentaire de Michael Moore) ?

Oui, pourquoi pas ? On pourrait même rappeler qu'en Angleterre, les patients ne paient rien à leur médecin et à l'hôpital. La seule chose qu'ils paient, c'est un forfait sur les médicaments. Le problème, c'est que ce système est extrêmement contrôlé par son administration, qui impose un parcours de soins au patient, qui impose la liste des prescriptions recommandées et des traitements à suivre.
Ce "manque de liberté" ne semblerait pas convenir aux Français. Pour moi, la difficulté, c'est que les Français n'assument pas leur choix de la liberté : liberté de choisir leur médecin traitant et de pouvoir en changer, de pouvoir choisir l'hôpital dans lequel ils souhaitent être soignés, et surtout, les libertés accordées au médecin : liberté d'installation, liberté de prescription, et bientôt, avec le secteur optionnel, liberté de tarification.

Azzeddine : Je vis aux Etats-Unis. J'ai perdu mon job le mois dernier. En conséquence, j'ai perdu ma couverture médicale et celle de la famille. J'espère que la France n'adoptera jamais le système américain. Cela pourrait-il arriver ?

Cela est en train d'arriver pour ce qui est de la couverture complémentaire. Seuls ceux qui ont un revenu suffisant ou une bonne entreprise peuvent bénéficier d'une bonne mutuelle. Fort heureusement, la Sécurité sociale continue de couvrir les soins élémentaires, et surtout, les soins les plus
longs et les plus coûteux.

Mayer : Les classes moyennessont toujours mises à contribution. Ne pourrait-on pas mettre à contribution les classes supérieures voire taxer plus les recettes mobilières comme les loyers ?

Les choses sont peut-être plus compliquées.Mais on peut en effet rappeler que les médecins de secteur I voient certaines de leurs cotisations sociales payées par la Sécurité sociale, on peut aussi rappeler que les retraités, qui certes paient plus pour leur mutuelle que les actifs, paient cependant moins de CSG que les actifs, et qu'une grande partie de certains revenus ne contribue pas autant que les revenus du travail à la Sécurité sociale.

CL : Pourquoi ne pas créer une limite de dépenses de santé annuelles par citoyen en fonction de leur âge, état de santé etc...? je suis trentenaire, en bonne santé, et je viens d'avoir un bébé. je consulte la PMI gratuite plutot que d'aller chez le pédiatre. je suis donc en dessous de la moyenne dépensé par les trentenaires autour de moi. qu'en pensez-vous ?

J'en pense qu'effectivement, aller dans les centres de santé coûte moins cher et, l'exemple suédois le montre, fournit des soins d'une tout aussi bonne qualité. Encore une fois, la majorité des Français ne semble pas prête à s'orienter vers une médecine moins libérale, plus collective, mieux organisée.

df : Sauf qu'il y a des files d'attente importantes en Suède, à tel point qu'ils autorisent et incitent le développement de cabinets privés pour les plus riches afin de désengorger leur système...

Il y a effectivement certains problèmes d'attente en Suède, qui ne sont pas pires que l'attente imposée à un patient français qui vit au milieu d'un désert médical ou qui n'est pas prêt à payer un dépassement d'honoraire ou une clinique privée pour obtenir le soin plus rapidement.Les listes d'attente en France ne se voient pas, car ce sont les plus modestes qui en souffrent. Les autres doivent payer pour que cela aille plus vite. Nous sommes déjà, en France, dans le système que vous annoncez pour la Suède et qui, fort heureusement, n'y est que très embryonnaire.

kemi : quels seraient, selon vous, les changements politiques à adopter pour cette sauvegarde de ce système "bismarckien" ? Changer le principe n°4 de la charte de la médecine libérale ? interdire le privé à but lucratif ?

Je crois qu'il faudrait surtout changer le mode de rémunération des médecins, les payer mieux en moyenne (les médecins en moyenne gagnent deux fois que les médecins britanniques), mais que ce soit le système qui les paie directement pour aussi faire de la prévention, participer à des campagnes de vaccination (!), et contribuer à un usage raisonnable de nos ressources.

La question n'est pas que nos médecins gagnent trop, mais qu'il y a trop de disparité de revenus parmi les médecins. Les écarts de revenus au sein d'une même spécialité peuvent aller de 1 à 12 ! Espérons que certains médecins ne soient pas douze fois moins bons que d'autres... Et surtout, payons les médecins pour intervenir en amont, pour travailler en bonne entente avec leurs collègues du secteur hospitalier, pour recevoir des incitations à ne pas multiplier les consultations, les prescriptions, les examens inutiles, qui ne sont trop souvent là que pour faire tourner la machine.

Thib : Se prépare-t-on à une médecine à deux vitesses ?

Nous avons déjà une médecine à deux vitesses : celle pour les Français qui ne peuvent faire autrement que d'attendre pour accéder à un médecin en secteur I, à un lit d'hôpital public, à des soins de moindre qualité parce que le reste à charge est trop élevé ; et d'autre part, ceux qui, grâce à leur mutuelle, peuvent payer les dépassements, les "raccourcis" offerts par le secteur privé.

Patrice : quel est le meilleur modèle de santé dans le monde ?

Tout dépend de ce que l'on attend d'un système de santé. Si c'est un égal accès aux soins et la meilleure santé de l'ensemble de la population, alors, de manière évidente, le système suédois est le meilleur. Si ce que l'on souhaite c'est pouvoir voir rapidement un médecin, avoir accès rapidement aux meilleures technologies, quitte à payer un surcoût pour cela, alors, notre système est très bon.

Laetitia Clavreul et Laure Belot

Cancer : Sarkozy débloque 730 millions d'euros

Marielle Court et Yves Miserey | Le Figaro | 24/11/2009

Le président de la République a présenté, lundi à Marseille, les grands axes du plan national de lutte contre la maladie.

Le deuxième Plan national de lutte contre le cancer qui court sur la période 2009-2013, va être doté de 730 millions d'euros de dépenses nouvelles. «C'est, dans le contexte actuel, un effort important consenti par l'État et par l'assurance maladie» , a souligné Nicolas Sarkozy qui présentait lundi à Marseille, les grands axes de ce plan. Largement inspiré par le rapport du P r Jean Pierre Grünfeld remis en février dernier, il poursuit trois objectifs : bénéficier des meilleurs soins possibles, réduire les inégalités et mieux préparer la vie après la maladie. Voici quelques mesures phare.

• Développer la recherche - Cinq sites de recherche pluridisciplinaire devant présenter une masse critique de médecins seront labellisés par l'Institut national du cancer (Inca). Parmi leur priorité, ils devront concourir à la réalisation d'essais cliniques précoces de nouveaux médicaments en recrutant deux fois plus de malades.

• Augmenter le nombre de spécialistes - Le plan vise une augmentation de 20 % des oncologues, radiothérapeutes et hématologues. Un effort particulier visera également les radiophysiciens. Il y aura cent étudiants supplémentaires chaque année dans cette spécialité.

• Améliorer l'information - Cela fait partie de la lutte contre les inégalités. Il s'agit notamment d'être capable de tenir des statistiques à jour. En 2010, l'INVS (Institut de veille sanitaire) devra produire des données relatives à 2007 et continuer à s'améliorer d'année en année. Pour l'heure la France est tout juste capable de fournir des données de 2005 alors que les États-Unis publient déjà celles de 2009.

• Développer l'analyse des risques environnementaux - 15 % du budget de la recherche y sera consacré. Seront étudiés les effets à long terme des expositions à faibles doses de certains agents chimiques biologiques ou physique. Il faudra être capable de faire la part entre ce qui relève de la constitution des personnes et ce qui relève de l'environnement.

• Mise en place d'un programme personnalisé de l'après-cancer - La moitié des patients devront bénéficier de ce nouveau type de programme. Il impliquera l'infirmière coordinatrice des soins et le médecin traitant afin notamment d'offrir le suivi nécessaire et l'évaluation du risque de rechutes et de séquelles. Par ailleurs, 80 % des patients devront bénéficier fin 2013 du programme personnalisé de soins mis en place par le premier plan.

• Accroître le dépistage - D'ici à 2013, la participation de l'ensemble de la population au dépistage du cancer du sein et du colons devra augmenter de 15 % et de 50 % dans les départements où il y a le plus de problèmes. Par ailleurs, la quantité d'alcool devra être indiquée sur chaque bouteille en 2011 et l'an prochain, le remboursement des substituts nicotiniques sera porté de 50 à 150 € pour lés bénéficiaires de la CMU et pour les femmes enceintes. Sur la durée du plan 74 IRM supplémentaires seront installés, dont 39 dans les dix régions ayant la mortalité par cancer la plus élevée.

• Favoriser l'accès à l'emprunt - La convention «s'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé» doit être renouvelée pour améliorer la couverture a ssurantielle et l'accès à l'emprunt des personnes sorties de maladie.

• Une journée nationale de l'activité physique - L'activité physique ne devant «pas être l'apanage des beaux quartiers», une journée visant à inciter chacun à pratiquer de l'exercice doit être créée. Roselyne Bachelot doit faire des propositions.

mercredi 18 novembre 2009

La France envisage un virage à 180° sur la vaccination anti-H1N1

La France envisage un virage à 180° sur la vaccination anti-H1N1, Reuters, 18.11.09 | 13h30

Par Pierre Sérisier

Le gouvernement français envisage d'effectuer un virage à 180 degrés en autorisant les médecins généralistes à vacciner contre la grippe A(H1N1) dans leur cabinet alors qu'apparaissent des dysfonctionnements.

Roselyne Bachelot, qui doit composer avec une réticence forte des Français à se faire vacciner et à un mécontentement des praticiens face aux réquisitions, fera un "point d'étape" jeudi, une semaine après le début de la campagne.


La ministre de la Santé a évoqué mardi soir devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale la possibilité d'impliquer "certains cabinets libéraux" dans le dispositif de protection.

Les généralistes sont particulièrement favorables à cette évolution, estimant que l'on "va gagner en simplicité et en efficacité", a déclaré un porte-parole du syndicat des médecins généralistes, MG France, mercredi.

"Il faut faire preuve de souplesse et adapter le système aux réalités qui ont un peu changé. Il faut arriver à mettre de l'huile dans les rouages. Les déclarations de Roselyne Bachelot vont dans le sens d'une possible évolution", ajoute-t-on à MG France.

Les généralistes font valoir qu'ils peuvent jouer un rôle complémentaire de celui des centres de vaccination dans le traitement des patients à risques, ainsi que des personnes isolées qui sont souvent les plus vulnérables à la maladie.

"La vaccination est une décision difficile à prendre et il y a une attente forte de la part des patients d'être traités par leur médecin personnel", précise-t-on chez MG France.

GASPILLAGE

Ce revirement contraste avec la position du gouvernement rappelée lundi par le ministre de l'Education, Luc Chatel.

"Si nous n'avons pas choisi les médecins généralistes et les cabinets médicaux privés pour procéder à la vaccination, c'est parce que nous avons un procédé particulier", avait dit Luc Chatel. "Le gouvernement a fait un choix pragmatique de vacciner le plus grand nombre de Français en un temps limité".

Les flacons de vaccin servent à dix vaccinations et ils ne peuvent pas être utilisés au-delà de vingt-quatre heures dès lors qu'ils sont ouverts.

Au-delà de ce délai, ils sont bons à jeter, avait ajouté Luc Chatel, faisant valoir que cela justifiait le choix des centres de vaccination où ils pouvaient être pleinement utilisés.

Or, pour l'instant, seules 160.000 personnes ont été vaccinées dans les 1.060 centres de vaccination ouverts en France métropolitaine et dans les 74 qui l'ont été outre-mer, a indiqué Roselyne Bachelot devant la commission parlementaire.

L'Institut national de veille sanitaire (InVS) a recensé 43 décès de la grippe A au 16 novembre. Officiellement, 122 classes et 59 écoles ont été fermées dans 17 académies en France.

Mais ces chiffres n'ont pas convaincu les Français de se rendre en masse dans les centres de vaccination et cette faible participation engendre du gaspillage dans l'utilisation du vaccin.

"En attendant les vaccins monodose, les généralistes géreront au mieux en utilisant le vaccin multidose en regroupant les patients", explique Martial Olivier-Koehret, président de MG-France sur le site du syndicat.

D'autre part, les praticiens verraient d'un très bon oeil la fin des réquisitions de généralistes dans les centres de vaccination qu'ils accusent de provoquer une désorganisation dans la chaîne de soins.

Pour les patients, en revanche, autoriser la vaccination en cabinets privés pourra se traduire par un coût financier. Les actes sont gratuits dans les centres de vaccination alors que la consultation sera payante chez le généraliste.

Édité par Yves Clarisse

lundi 16 novembre 2009

AP-HP : le projet de suppression de 1 000 postes par an inquiète

AP-HP : le projet de suppression de 1 000 postes par an inquiète, Le Monde, 16 novembre 2009

Le malaise monte à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui regroupe 40 établissements hospitaliers à Paris et dans la petite couronne. Le professeur Pierre Coriat, président de la Commission médicale d'établissement (CME), qui représente les médecins, a menacé, dimanche 15 novembre dans le Parisien, de démissionner si n'était pas revu à la baisse un projet de suppression de 1 150 postes, en 2010, qui pourrait nuire, selon lui, à la qualité des soins.

Egalement chef du service anesthésie-réanimation de la Pitié-Salpêtrière, cet opposant à la loi "Hôpital, patients, santé et territoires", adoptée en juillet, dit craindre une "spirale déflationniste" à l'AP-HP. Cette suppression de postes pourrait entraîner, selon lui, une diminution d'activité donc une baisse des recettes de l'AP-HP et une nouvelle réduction d'effectifs.

Interpellée dimanche au Sénat, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, n'a pas nié l'existence d'un tel plan de réductions de postes, mais précisé que le chiffre était issu d'un document de travail de cadrage pluriannuel "non définitif". "Il ne s'agit que de réorganisations structurelles destinées à rétablir durablement la situation budgétaire de l'établissement", a-t-elle dit. La ministre a expliqué que le budget 2010 de l'AP-HP ne sera pas discuté avant 2010, et que le nombre de suppressions de postes ne sera confirmé qu'alors.

Tension permanente

L'AP-HP, qui compte plus de 70 000 emplois avec un budget annuel de 6 milliards d'euros, est sous tension permanente. D'ici à 2012, 350 millions d'euros devront être économisés sous forme de réduction des coûts structurels. Ce qui équivaut à réduire les effectifs de 1 000 postes par an.

"L'idée est de réussir à faire aussi bien avec moins de moyens", nous indique l'AP-HP, rappelant qu'il n'est pas question de licencier, car chaque année, il y a 6 000 à 7 000 départs naturels. "Il faut mettre en phase les diminutions d'effectifs avec les restructurations en cours, ce qui n'est pas le cas", réplique le professeur Coriat.

"C'est très bien que le professeur Coriat se décide enfin à prendre position", estime Nadine Prigent, pour la CGT-Santé, pointant des "restructurations à la hussarde". En plus des suppressions de postes elle affirme que les "activités médicales étiquetées non rentables", comme les centres IVG et de consultations sida, sont menacées.

Le personnel est sous le coup, déjà, d'une mesure de 700 suppressions de postes en 2009, qui provoque des tensions dans l'organisation du travail. Le projet de rapprochement des hôpitaux parisiens Tenon, Rothschild, Armand Trousseau et Saint-Antoine, qui pourrait faire disparaître la maternité de ce dernier, inquiète également. Enfin, plusieurs suicides ont été recensés à l'AP-HP ces derniers mois. Ils interpellent sur la souffrance des personnels face aux réformes hospitalières qui ont instauré une culture de la performance.

Laetitia Clavreul

dimanche 15 novembre 2009

L'AP-HP supprimerait 1 150 emplois selon un responsable de l'institution

L'AP-HP supprimerait 1 150 emplois selon un responsable de l'institution, Le Monde, 15 novembre 2009

Un haut responsable de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le professeur Pierre Coriat, a menacé dimanche 15 novembre de démissionner si un plan de suppression de 1 150 postes en 2010 n'était pas revu. Il estime, dans un entretien au Parisien, que ces coupes nuiraient à "la qualité des soins".

"Le projet actuel risque de casser l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Pour calculer le budget de l'hôpital, le ministère de la Santé a sous-estimé notre activité", a regretté M. Coriat qui est aussi chef du service d'anesthésie-réanimation de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière de Paris.

Chaque année à la même époque, le ministère de la santé fixe les orientations financières de l'AP-HP, institution qui gère une quarantaine d'établissements dont la majorité se trouvent à Paris et en proche banlieue. Interrogée par l'Agence France presse, la ministre de la santé Roselyne Bachelot n'a pas nié l'existence d'un tel plan. Elle a seulement reconnu que les suppressions de poste évoquées par M. Coriat était un "scénario parmi d'autres"et que le nombre de suppression de postes serait fixé "au début de l'année prochaine".

Hôpitaux de Paris: un responsable menace de démissionner

Hôpitaux de Paris: un responsable menace de démissionner, Libération, 15 novembre 2009

Le professeur Pierre Coriat, président de la commission médicale de l'AP-HP, dénonce un plan de suppressions de 1.150 postes en 2010.

Le professeur Pierre Coriat, président de la commission médicale d'établissement de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a menacé dimanche de démissionner si un plan de suppressions de 1.150 postes en 2010 état maintenu.

«Si on supprime mille emplois soignants non-médicaux et 150 postes de médecins, cela va nuire à la qualité des soins», prévient-il dans un entretien au Parisien Dimanche, appelant à «revoir ce plan de suppressions de postes».

Selon Coriat, également chef du service anesthésie-réanimation de l'hôpital parisien de la Pitié Salpêtrière, «le projet actuel risque de casser l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Pour calculer le budget de l'hôpital, le ministère de la Santé a sous-estimé notre activité», ajoute-t-il, dénonçant un «cercle vicieux». La réduction de personnels risquant d'entraîner une diminution de l'activité, une baisse des rentrées d'argent, et donc une nouvelle réduction d'effectifs.

Selon une source médicale, l'opposition du professeur Coriat à ce plan de suppressions de postes est connue dans le milieu médical, mais sa menace de démission est un fait nouveau.

«D'autres suppressions d'emplois» auront lieu à l'AP-HP, après celle de 700 postes prévue en 2009, avait déclaré en avril le directeur général de l'AP-HP, Benoît Leclercq, devant l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), sans être en mesure de chiffrer ces nouvelles suppressions.

Le ministère de la Santé fixe tous les ans, à cette époque, les orientations budgétaires de l'AP-HP, qui regroupe une quarantaine d'établissements hospitaliers publics, principalement situés à Paris et dans sa proche banlieue.

Les médecins accoucheurs du privé toujours en grève

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 15/11/2009

A Bordeaux, Toulouse, Nantes, Reims ou encore Clermont-Ferrand, des cliniques privées n'accouchent plus. Les gynécologues protestent: ils veulent que la loi les couvre plus longtemps en cas d'accident médical. Le gouvernement répond par des réquisitions.

Les gynécologues libéraux exigeant que la loi les couvre au-delà de dix ans en cas d'accident médical devaient poursuivre aujourd'hui leur grève des accouchements dans les maternités privées où le gouvernement a procédé à des réquisitions samedi.

"Les compagnies d'assurance ne sont pas en mesure d'assurer tous nos actes et veulent limiter la couverture (en cas d'accident) à 10 ans après l'arrêt de notre activité", alors que des plaintes peuvent être "déposées jusqu'à 28 ans après un accouchement", a expliqué la gynécologue Marie Mas Calvet.

"Le mouvement continue dimanche car il n'y a toujours pas de solution trouvée", a dle docteur Jean Marty, secrétaire général du syndicat national des gynécologues-obstétriciens libéraux (Syngof) qui a lancé le mouvement. "Le phénomène s'étend et des villes comme Marseille et Strasbourg seront touchées dimanche", a-t-il ajouté.

La grève lancée samedi à 8H00 a touché Bordeaux, Toulouse, Nantes, Reims, Clermont-Ferrand, Avignon, Albi et Montauban, selon le Syngof.

"Le gouvernement en est encore à réfléchir à une nouvelle formulation des amendements, car il n'est pas question que notre protection ne soit pas assurée par la loi", a précisé M. Marty.

Les préfets réquisitionnent des médecins

Les sénateurs en débattront à nouveau dimanche à 17 heures 30, dans le cadre de l'examen du projet de budget de la Sécu (PLFSS) pour 2010, a-t-il ajouté.

Le ministère de la Santé a demandé samedi aux préfets de réquisitionner les médecins et assurait en fin d'après-midi que seulement sept cliniques étaient touchées, dont celle du Vert-Galant, à Tremblay en France (Seine-Saint-Denis).

"La priorité est la sécurité des mamans. Les préfets ont reçu des instructions", pour les orienter vers les hôpitaux publics et "réquisitionner les médecins", a indiqué une porte-parole.

Le mouvement "n'est pas très suivi, il n'y a pas de problème sanitaire à gérer", avait tempéré, dans l'après-midi, Lamine Gharbi, président de la fédération de l'hospitalisation privée FHP-MCO, rassemblant les 720 cliniques privées de l'hexagone qui réalisent 30% des accouchements en France.

lundi 2 novembre 2009

La France manque toujours de cancérologues

Le Figaro | 02/11/2009 Jean-Michel Bader

L'hexagone compte 0,7 oncologue pour 100 000 habitants, soit le même ratio qu'en Albanie.

«Ce matin j'ai vu 23 malades en consultation», explique le Dr Daniel Serin, président de la Fédération française d'oncologie médicale. Il n'est pas le seul : les deux oncologues (cancérologues) de l'hôpital Tenon assurant les consultations devaient voir ce jour-là «entre 45 et 50 malades». Au quotidien, la charge de travail et les responsabilités de ces spécialistes sont devenues si lourdes qu'ils ne peuvent plus y faire face en totalité, et les listes d'attente s'allongent.

La France a seulement 0,7 oncologue pour 100 000 habitants, le même nombre qu'en Albanie. Et avec 2 oncologues pour 100 000 habitants (plus du double), les États-Unis se soucient déjà du «drame de la pénurie» attendue ces prochaines années dans ce pays… La situation n'est pas nouvelle : le premier plan cancer et le rapport récent du Pr Grünfeld ne cessent de répéter qu'il faut «revoir la tarification, créer des postes d'internes, de chefs de clinique et d'assistants». Sans résultats tangibles.

La situation est devenue si aiguë que les cancérologues français ont lancé le mois dernier un appel à Nicolas Sarkozy pour qu'il vienne en aide à leur profession sinistrée. «La démographie médicale est un souci réel, plusieurs métiers de la cancérologie sont directement concernés. Il est temps de rattraper le temps perdu», martèlent les professionnels. «Il y a une vraie contradiction à vouloir une priorité d'accès aux médicaments innovants et souvent très coûteux en cancérologie et en même temps à délaisser le métier qui est censé les prescrire et en assurer le bon emploi. L'oncologie médicale est sinistrée et délaissée.»


Milieu hospitalier public

«La discipline manque de bras», estime Daniel Serin, qui a lancé cet appel. «Peu de postes sont créés, les internes fuient la profession par manque de débouchés. Alors que c'est un métier merveilleux, un métier d'avenir, un vrai travail de coordinateur médical. L'oncologue est souvent au centre du dispositif multidisciplinaire.»

Les collègues libéraux des médecins hospitaliers ne sont pas mieux lotis : leur rémunération est basée sur un acte infirmier et pas un forfait global. L'oncologie hématologique, la discipline qui traite ­leucémies, lymphomes et atteintes de la moelle osseuse, qui fait des greffes de moelle et ne s'exerce qu'en milieu hospitalier public, est un bon exemple. «Nous ne pourrons pas être vendus au privé, notre activité s'adresse à des malades lourds, et pourtant nous serions attractifs pour des jeunes spécialistes si nous pouvions les accueillir. Mais avec la suppression prévue par Roselyne Bachelot de 4 000 postes sur trois ans, dont 500 postes de praticiens hospitaliers (soit 140 cette année), nous sommes étranglés», s'indigne le Pr Jean-Paul Vernant (Pitié-Salpêtrière).

mercredi 16 septembre 2009

Hôpitaux : d'«incroyables» écarts de productivité

Hôpitaux : d'«incroyables» écarts de productivité, Le Figaro, 16 septembre 2009

Olivier Auguste

La Cour des comptes pointe les différences d'effectifs et de taux d'occupation entre services.

L'organisation des hôpitaux publics est «d'une diversité qu'on ne soupçonne pas». La Cour des comptes, qui en a vu d'autres, reste étonnée des écarts de productivité et d'effectifs qu'elle a découverts. Elle y consacre une large part de son rapport annuel sur la Sécu.

La Cour a passé au crible les services de pneumologie, de chirurgie orthopédique et de maternité d'une quarantaine d'hôpitaux. Conclusion : si les trois quarts de l'échantillon sont en déficit - «quand une comptabilité analytique existe» pour déterminer le résultat financier du service -, «il s'agit moins d'un problème de quantité de moyens que de leur utilisation au bon endroit et au bon moment», tranche la présidente de la sixième chambre de la cour, Rolande Ruellan. En pneumologie, par exemple, le nombre de médecins par lit varie de 1 à 10 d'un hôpital à l'autre ! Quant au taux d'occupation de ces lits, il passe de 1 à 3…

«Cas critiques»

«Pour une même intervention chirurgicale, il y a des écarts incroyables sur le nombre de médecins, poursuit Rolande Ruellan. Il ne nous revient pas de dire quel est le bon niveau, on manque sans doute de personnel dans certains endroits, mais de telles différences montrent qu'il existe un problème.» Le rapport cite les «cas critiques» de sureffectifs au Havre ou à Wattrelos (Nord). Mais il note aussi que, au sein d'un hôpital, la productivité varie énormément d'un service à l'autre. D'où le sentiment de la présidente de la sixième chambre qu'«il existe dans tous les établissements des marges d'amélioration», et que la baisse des déficits «est davantage un problème de réduction des coûts que de hausse de l'activité et des recettes». Les «surcapacités» sont patentes : sur l'ensemble de l'échantillon, en comptabilisant les effectifs en équivalent-temps plein, un chirurgien effectue à peine plus d'une intervention par jour ouvrable (243 par an) !

La Cour égratigne d'autres acteurs du système de santé. Cabinets de radiologie et laboratoires de biologie restant éparpillés, les économies d'échelle restent inexistantes et les tarifs élevés, au détriment de la Sécu. Quant aux 112 centres d'examens de santé, qui les connaît ? Chaque assuré social peut y passer tous les 5 ans un examen gratuit… sans pouvoir se faire soigner sur place. Leur rôle a été recentré en 2002 sur les «publics précaires» , mais ceux-ci ne représentent que 30 % à 40 % des visites. Une conception «dépassée» de la prévention, pour Rolande Ruellan, pour un coût de 220 euros l'examen ! La Cour préconise leur transformation en véritables centres de soins ou leur suppression.

Assurance-maladie : les pistes de réduction du déficit pour 2010

Assurance-maladie : les pistes de réduction du déficit pour 2010, Le Monde, 16 septembre 2009

Le gouvernement fait le dos rond face au déficit de l'assurance-maladie. Confronté, avec la crise, à une très forte chute des recettes, due à la baisse de la masse salariale et des cotisations sociales, il cherche à contenir un déficit endémique, qui pourrait approcher les 10 milliards d'euros fin 2009.

Pas question, cependant, de renflouer le trou de la Sécurité sociale par une augmentation de la Contribution sociale généralisée (CSG), comme l'a rappelé le ministre du budget, Eric Woerth, le 13 septembre. Comme les années précédentes, l'effort portera sur la maîtrise médicalisée des dépenses.

Après l'instauration des franchises médicales en 2007, et la taxe d'un milliard d'euros sur le chiffre d'affaires des mutuelles en 2008, le gouvernement cherche de nouvelles possibilités d'économies. Plusieurs pistes sont à l'étude en attendant les derniers arbitrages, qui seront dévoilés le 1er octobre, devant la commission des comptes de la Sécurité sociale.

Augmentation du forfait hospitalier. Créé en 1983, le forfait hospitalier représente la participation des patients aux frais hôteliers de l'hôpital. Il est actuellement de 16 euros par jour d'hospitalisation, une somme inégalement prise en charge par les mutuelles.

Le gouvernement a décidé d'augmenter ce forfait mais il est resté prudent sur la fourchette de hausse qui sera retenue. Le 10 septembre, le premier ministre, François Fillon affirmait que "le forfait hospitalier devra évoluer", sans confirmer l'hypothèse d'un passage du forfait de 16 à 20 euros – qui représenterait 400 millions d'euros d'économies.

Le principe de la hausse a suscité de vives critiques des associations de patients et de l'opposition, qui dénoncent une nouvelle entaille dans l'égalité d'accès aux soins.

Baisse du taux de remboursement de certains médicaments. La France se caractérise par un coût très élevé de dépenses de médicaments, supérieur de 0,3 point de PIB à celui des pays comparables. Depuis plusieurs années, le gouvernement cherche à rationaliser ces dépenses, notamment par une politique de déremboursement des médicaments à "service médical rendu insuffisant".

Cette année encore, il prévoit de dérembourser certaines spécialités à vignette bleue de 35 % à 15 %. Le prix de certains génériques devrait, lui aussi, être revu à la baisse.

Baisse de tarifs des professionnels de santé. Reprenant une des propositions de la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM) émises en juin, le gouvernement pourrait baisser le tarif d'actes de certaines professions de santé, comme la radiologie ou la biologie.

Ces spécialités médicales connaissent une rentabilité très supérieure aux autres eu égard au tarif de la consultation fixé par l'assurance maladie. Les radiologues gagnent ainsi près de 200 000 euros net en moyenne par an, soit deux fois plus que la moyenne des médecins spécialistes. Même chose pour les biologistes, dont le revenu moyen a progressé d'environ 60 % entre 1977 et 2004.

Remise à plat des affections longue durée (ALD). C'est sans doute le sujet le plus sensible pour le gouvernement. Les 9,8 millions de personnes bénéficiant du régime des ALD (prise en charge à 100 % de leur frais médicaux en cas de maladie grave) représentent 65 % des dépenses d'assurance-maladie.

En 2008, une proposition de la CNAM de dérembourser certains médicaments pour les patients en ALD avait provoqué un tollé. Cette année, la CNAM plaide toujours pour "une gestion rénovée de la liste des ALD afin d'en réserver le bénéfice aux pathologies qui sont véritablement longues et coûteuses".

La Haute autorité de santé propose pour sa part de réviser à échéance fixe la situation des malades, afin de vérifier s'ils correspondent toujours aux critères d'une prise en charge ALD. Le gouvernement pourrait vouloir jouer sur ces deux tableaux : juguler les entrées comme favoriser les sorties du dispositif ALD.

Cécile Prieur

En 2008, le déficit de la Sécurité sociale s'est creusé jusqu'à 11,6 milliards d'euros

En 2008, le déficit de la Sécurité sociale s'est creusé jusqu'à 11,6 milliards d'euros, Le Monde, 16 septembre 2009

L'amortisseur social que constitue la Sécurité sociale a un coût : avec 11,6 milliards d'euros de déficit en 2008 pour l'ensemble des régimes (maladie, vieillesse, famille, accidents du travail), l'addition est salée.

Mais, prévient la Cour des comptes, dont le premier président Philippe Séguin présentait, mercredi 16 septembre, le rapport 2009 sur l'application des lois de financement de la sécurité sociale à la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, "2008 est une année encore peu touchée par les effets de la crise".

Selon Rolande Ruellan, présidente de la 6e chambre de la Cour des comptes, "le déficit de l'année 2009 se promènerait entre 20 et 25milliards et 2010 ne sera pas non plus une année facile".

En 2008, les déficits ont continué de se creuser par rapport à 2007. La branche vieillesse, notamment, a vu son déficit plonger à 5,6 illiards d'euros contre 4,6 milliards en 2007, ce qui résulte de l'effet combiné des départs à la retraite de la génération du baby-boom et de la croissance des demandes de départ anticipés.

Sur ce chapitre, la Cour s'invite dans le débat sur les retraites en pointant le coût de certaines mesures de la loi de 2003, comme les départs anticipés ou la possibilité de rachat d'annuités, "des avantages peu justifiés au profit des cadres".

En 2008, la branche famille est devenue déficitaire (– 0,3 milliard d'euros), en raison d'une progression plus forte qu'attendu des prestations.

"DISPARITÉS FINANCIÈRES CONSIDÉRABLES"

Seul le déficit de la branche maladie, qui s'établit en 2008 à 4,4 milliards d'euros, se réduit de 0,2 milliard par rapport à 2007.

Voté par le Parlement, l'objectif de dépenses d'assurance-maladie, l'ONDAM, a connu un léger dépassement de 0,9 milliard d'euros, dû à la progression des dépenses de la médecine de ville et de l'hôpital.

Sur ce sujet, la Cour s'interroge sur les "disparités financières considérables" entre hôpitaux, pointant les différences de productivité d'un établissement à l'autre, voire d'un service à l'autre. La Cour voit là des marges de progression pour réaliser des économies.

S'agissant d'un sujet d'actualité, la majoration de la durée d'assurance (MDA) pour les retraites des mères de famille, les magistrats taclent le gouvernement. Ils regrettent de n'être pas suivis dans leurs préconisations – asseoir la MDA sur la grossesse et l'adoption en réduisant, à terme, la majoration à 6 mois par enfant.

Les magistrats proposent, dans le même temps, de simplifier le dispositif de l'assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF), qui deviendrait "l'unique dispositif de compensation des réductions d'activité ou interruptions de carrière en raison de la présence d'enfants".

Rémi Barroux

jeudi 10 septembre 2009

En dix ans, la CMU a réduit les inégalités dans l'accès à la santé

En dix ans, la CMU a réduit les inégalités dans l'accès à la santé , Le Monde, 10 septembre 2009

Dix ans après sa création, la couverture-maladie universelle (CMU) est devenue l'un des piliers de la protection sociale en France. En permettant l'accès aux soins des plus démunis, elle a réduit les inégalités dans l'accès à la santé. Mais l'exclusion persiste.

Instaurée par la loi du 27 juillet 1999, la CMU avait deux grands objectifs initiaux, rappelle Jean-François Chadelat, président du Fonds CMU. Il s'agissait d'abord de garantir à tout le monde un accès à l'assurance-maladie.

A l'époque, on estimait que 150 000 personnes ne disposaient d'aucune couverture-santé.

Avec la CMU de base, une adresse en France depuis plus de trois mois suffit en effet pour bénéficier du remboursement de soins et des médicaments aux taux habituels.

Près de 1,7 million de personnes sont aujourd'hui concernées.

EFFET DE SEUIL

Mais le principal apport de la loi de 1999 reste la création de la CMU complémentaire.

En remplaçant l'ancienne aide médicale départementale, elle a permis à 10 % des Français, soit 5 millions de personnes, qui ne disposaient d'aucune complémentaire santé de bénéficier de soins entièrement gratuits.

Contrairement à la CMU de base, la complémentaire est soumise à conditions de ressources, et les barèmes dépendent de la composition du foyer. Elle couvre actuellement 4,3 millions de personnes.

"Le problème, c'est que ce seuil de revenu (685 euros par mois pour une personne seule – NDLR) ne permet pas aux gens disposant de ressources légèrement supérieures de bénéficier de la complémentaire", observe Jean-François Chadelat.

C'est pour pallier ce manque que la loi du 13 août 2004 a créé l'ACS. Cette aide à l'acquisition d'une complémentaire-santé, de 100 à 500 euros par an, profite aujourd'hui à 500 000 personnes, mais reste encore largement inconnue.

D'après le président du Fonds CMU, "le public visé est estimé à plus de 2 millions de personnes".

REFUS DE SOINS

Autre ombre au bilan de la CMU, "l'accès aux soins ne veut pas dire l'accès à la santé", note Pierre Micheletti.

Pour l'ancien président de Médecins du monde, il ne faut pas faire l'impasse sur la prévention, puisque "certaines pathologies comme le diabète, l'alcoolisme ou les maladies cardio-vasculaires continuent de toucher en priorité les plus pauvres". Par ailleurs, les problèmes d'éloignement géographique et les handicaps culturels (langue, analphabétisme) demeurent.

Pourtant, "l'instauration de la CMU a été un progrès indéniable", explique Pierre Micheletti. "Quand la loi est passée, nous avons observé une baisse immédiate de la fréquentation dans nos centre d'aide et de soins. L'antenne de Montauban a même été fermée faute de solicitations", se rappelle-t-il.

Mais depuis quelques mois, les précaires sont de plus en plus nombreux à reprendre la route des centres de soins de l'ONG.

Et pour cause : le nombre de bénéficiaires de la CMU augmente sous l'effet de la crise économique, tandis que certains professionnels de santé s'obstinent à refuser de les soigner.

Selon une étude rendue publique le 1er juillet 2009, un quart des médecins et dentistes installés à Paris refusent de recevoir des bénéficiaires de la CMU complémentaire, déplorant notamment d'être obligés de leur appliquer les tarifs de base de la Sécurité sociale.

Réalisée par testing auprès d'un échantillon de 900 dentistes, médecins généralistes et spécialistes, cette enquête confirme la persistance de pratiques de discrimination envers les plus démunis.

Elise Barthet

mardi 8 septembre 2009

La hausse du forfait hospitalier très critiquée

La hausse du forfait hospitalier très critiquée, Le Figaro, 8 septembre 2009

Par Olivier Auguste

Le gouvernement relativise l'ampleur pour les assurés de ce probable nouvel effort.

Une mesure d'économie classique, des réactions attendues. Le gouvernement a essuyé lundi les critiques des associations de malades, des syndicats et de la gauche, sur son projet de relever le forfait hospitalier. Cette «participation au coût d'hébergement» pourrait passer de 16 à 20 euros par jour.

Par ailleurs, une partie des médicaments remboursés à 35 % pourrait ne plus être prise en charge par la «Sécu» qu'à hauteur de 15 % - les antidouleur comme l'aspirine et le paracétamol seraient dans tous les cas exclus de cette baisse, précise le ministère de la Santé.

Le collectif de patients Ciss qualifie ces pistes de «rustines» et dénonce un «travail de sape de la couverture maladie». Pour la Fnath (accidentés de la vie), elles «sont extrêmement choquantes». Cela confirme «qu'une fois les franchises mises en place, leur augmentation devient pour les gouvernements successifs la solution de facilité», analyse la CGT.

«Les comptes de l'Assurance-maladie sont mis à mal par la crise et non par les malades», ajoute FO - il est vrai que les dépenses de santé sont plutôt sous contrôle ces derniers mois, alors que les recettes se sont effondrées. Le PS préférerait davantage de «CSG sur les revenus financiers». La CFDT plaide aussi pour une hausse des prélèvements pour financer la protection sociale. «Ce sont les classes moyennes modestes qui sont frappées par le forfait journalier, celles qui n'ont ni CMU ni complémentaire santé, observe son représentant Gaby Bonnand. Sans compter que les complémentaires ne prennent souvent en charge le forfait que pendant 30 jours.»

Le gouvernement, lui, s'est attaché à banaliser l'éventuelle hausse du forfait hospitalier, rappelant qu'il avait été créé en 1983 par la gauche, et relevé 15 fois depuis. Il avance aussi que le coût réel d'hébergement se situe entre 36 et 40 euros. Enfin, il répète en boucle que cette idée n'est qu'«une piste parmi d'autres».

Un acteur du dossier juge néanmoins que cette piste est particulièrement sérieuse, et que le débat est plutôt de savoir qui l'emportera du ministère des Comptes publics, qui vise 4 euros de hausse, ou de celui de la Santé, qui plaide pour un relèvement plus modéré. L'hypothèse haute rapporterait 300 à 500 millions d'euros, alors que le déficit prévu pour la branche maladie l'année prochaine tourne autour de 15 milliards d'euros.

Une économie de 2,5 milliards

C'est pourquoi le ministre des Comptes publics, Éric Woerth, vise 2,5 milliards d'économies. Il devrait piocher largement dans la liste de suggestions de la Caisse nationale d'assurance-maladie.

Des baisses de prix de médicaments devraient ainsi avoir lieu, notamment là où les princeps (les médicaments de «marque») sont nettement plus chers que les génériques.

En revanche, l'idée de ne plus «offrir» aux médecins de secteur 1 (qui respectent les tarifs Sécu) une partie de leurs cotisations sociales au-delà de 100 000 euros de revenus semble abandonné. Elle aurait pu inciter certains à se tourner vers le secteur 2 (tarifs libres) alors que le gouvernement cherche justement à limiter les dépassements d'honoraires. Elle serait remplacée par de nouvelles baisses de tarifs pour la seule spécialité qui était en réalité visée : la radiologie.

Le gouffre de la Sécu

Le gouffre de la Sécu, Le Figaro, 07/09/2009

L'édito de Gaëtan de Capèle.

La Sécurité sociale coule. Cette année, son «trou», dont l'assurance-maladie représente une bonne moitié, atteindra 20 milliards d'euros et, à en croire les experts, il se creusera encore de 10 milliards supplémentaires l'an prochain. Ces statistiques font froid dans le dos : à un tel niveau, ce n'est plus un déficit, c'est un gouffre, que la collectivité ne sera bientôt plus en mesure d'assumer.

Face à ces chiffres vertigineux, il faut naturellement faire la part des choses. Et en particulier admettre le caractère conjoncturel de cette glissade incontrôlée, qui doit beaucoup à la crise économique que nous traversons.

La dégradation des comptes reflète davantage une chute des recettes (le montant des cotisations, lié à la situation de l'emploi, diminue fortement) qu'une envolée des coûts des soins, lesquels n'ont augmenté que de 3 % cette année. Faut-il pour autant se rassurer à bon compte en considérant que, lorsque la reprise poindra, le même mécanisme jouera à l'envers et que les comptes de la «Sécu» s'amélioreront mécaniquement ? Ce serait irresponsable.

Crise ou pas crise, le système français de couverture médicale ne paraît plus viable en l'état. Malgré les multiples plans de redressement élaborés par des gouvernements de droite comme de gauche, l'Assurance-maladie se trouve structurellement dans le rouge depuis près de trente ans.

Il n'y a d'ailleurs guère lieu de s'en étonner : les Français vivent de plus en plus longtemps et, parallèlement, suivent des traitements de plus en plus lourds et coûteux en fin de vie.

Cette réalité, décrite depuis longtemps par tous les spécialistes et connue de tous les responsables politiques, rend surréaliste la polémique sur un éventuel relèvement du forfait hospitalier de 16 à 20 euros ou d'un moindre remboursement de quelques comprimés homéopathiques.

D'abord, parce que ces mesures ne méritent pas un tel concours d'indignation : les sommes en jeu restent extrêmement limitées, sans commune mesure avec ce que coûte une hospitalisation, tandis que la couverture maladie universelle (CMU) protège les plus vulnérables.

Ensuite, parce que l'enjeu, aujourd'hui, n'est plus de chercher à grappiller quelques dizaines de millions d'euros, mais de s'interroger sur la pérennité d'un édifice construit il y a plus de soixante ans, autant dire une éternité. Il est de réfléchir au moyen de préserver au mieux notre modèle social, sans courir à la ruine, et non de bricoler quelques mesures en urgence chaque mois de septembre.

Sur le papier, il est toujours possible d'accroître les cotisations sociales. Mais outre le fait que la France détient déjà un record en la matière, la dérive chronique des coûts médicaux fixe en elle-même les limites d'un tel exercice.

La vraie question, politiquement incorrecte, est ailleurs. Elle consiste à se demander si nous pouvons continuer à tout couvrir, tout garantir et tout rembourser.

Pour grossir le trait, s'il faut réserver le même traitement à un rhume qu'à une longue maladie. Ce débat, sans cesse repoussé, a encore été éludé lors de la dernière élection présidentielle. Il mériterait de s'inviter à celle de 2012.

lundi 7 septembre 2009

Le forfait hospitalier

Le forfait hospitalier, Le Monde, 6 septembre 2009

Montant. De 20 francs à l'origine, le forfait hospitalier est de 16 euros depuis le 1er janvier 2007 (12 euros pour les établissements psychiatriques).

Qui est exonéré ?

- Les femmes enceintes venant accoucher ou dans les 4 derniers mois de leur grossesse
- les titulaires de la Couverture maladie universelle complémentaire
- les bébés de moins d'un mois
- les victimes d'un accident du travail ou d'une maladie professionnelle
- les handicapés de moins de 20 ans en établissement d'éducation spéciale ou professionnelle
- les malades dépendant du régime d'Alsace-Moselle
- les titulaires d'une pension militaire.

La hausse du forfait hospitalier, une "piste parmi d'autres" étudiées par l'Etat

La hausse du forfait hospitalier, une "piste parmi d'autres" étudiées par l'Etat, Le Monde, 6 septembre 2009

Le gouvernement envisage d'augmenter le forfait hospitalier de 25 % et de baisser le remboursement de certains médicaments, affirme le Journal du Dimanche daté du dimanche 6 septembre 2009. Ces mesures devraient être inscrites dans le projet de budget 2010 de la sécurité sociale, "pour freiner le dérapage de l'assurance-maladie", écrit le quotidien.

Ainsi, le forfait hospitalier, que les patients acquittent pour chaque journée passée à l'hôpital, pourrait passer de 16 à 20 euros. Une telle augmentation serait du "jamais vu", souligne le journal. Autre mesure envisagée, la baisse du niveau de remboursement de certains médicaments, dits à "prescription médicale facultative". Il s'agit des médicaments disponibles sans ordonnance mais qui peuvent être partiellement remboursés s'ils sont prescrits par un médecin (paracétamol, aspirine notamment). Leur barème de remboursement pourrait passer de 35 % à 15 %.

UNE HAUSSE CONFIRMÉE, PUIS DÉMENTIE

Au cours de la journée de dimanche, de nombreux ministres se sont exprimés sur le sujet pour préciser que la décision n'avait pas encore été prise et que les arbitrages sur les moyens de lutter contre le déficit de la sécurité sociale sont encore en cours. Le ministre du budget, Eric Woerth, a parlé d'une "piste parmi d'autres" pour faire face au déficit de la sécurité sociale.

"On s'est parlé avec le premier ministre évidemment. C'est lui qui prend les arbitrages. Je propose et il décide", a-t-il ajouté. A ses yeux, une hausse du forfait hospitalier ne serait pas "un drame absolu". "La seule question qui compte, c'est que l'assurance maladie a quasiment 10 milliards d'euros de déficit", a fait valoir M. Woerth, un chiffre qui "remet en cause la solidité même de notre système".

Le ministre du travail, Xavier Darcos, qui avait pourtant confié à l'AFP qu'une hausse du forfait de 16 euros à 20 euros était nécessaire et actée, est revenu sur ses propos, préférant évoquer "une piste de travail" parmi celles remises en juillet par les conseils d'administration des Caisses d'assurance maladie. "Ce sont des travaux en cours. La commission qui va statuer sur ces questions-là se réunira à la fin du mois de septembre", a insisté la ministre de l'économie, Christine Lagarde, lors du Grand rendez-vous d'Europe 1/Le Parisien.

"LE FORFAIT HOSPITALIER N'EST PAS UN PRÉLÈVEMENT"

Le gouvernement de François Fillon s'est engagé à ne pas augmenter les prélèvements, en pleine polémique sur l'instauration de la taxe carbone. Eric Woerth a précisé qu'une hausse du forfait hospitalier n'entre pas dans ce cadre.

"Le forfait hospitalier n'est pas un prélèvement, c'est le remboursement des frais d'hébergement à l'hôpital", a-t-il expliqué. Quant aux déremboursements de médicaments, il l'a justifié par le manque d'efficacité de certains médicaments : "Je ne vois pas de raison pour que les Français paient sur leurs charges sociales un médicament qui n'est pas efficace".

Roselyne Bachelot, qui estime qu'il "ne serait pas illégitime qu'il y ait un rattrapage sur le forfait hospitalier", s'est en revanche prononcé contre cette hypothèse.

Le déficit de l'ensemble des branches de la sécurité sociale (retraite, famille, maladie et accidents du travail) pourrait atteindre 30 milliards d'euros en 2010 (après 20 milliards en 2009), selon la dernière estimation gouvernementale, pour des recettes dépassant les 300 milliards.

Le déficit public, qui comprend les comptes de l'Etat mais aussi ceux de la sécurité sociale et des collectivités locales, devrait, lui, dépasser les 7 % du produit intérieur brut (PIB) cette année après 3,4 % en 2008.

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2010 sera discuté à l'automne au Parlement. Les arbitrages sur ces dossiers seront rendus à ce moment-là.

samedi 5 septembre 2009

Le gouvernement envisage d'augmenter le forfait hospitalier

Le gouvernement envisage d'augmenter le forfait hospitalier LEMONDE.FR avec AFP | 06.09.09 | 08h39

Le gouvernement envisage d'augmenter le forfait hospitalier de 25 % et de baisser le remboursement de certains médicaments, affirme le Journal du Dimanche, dimanche 6 septembre 2009. Ces mesures devraient être inscrites dans le projet de budget 2010 de la sécurité sociale, "pour freiner le dérapage de l'assurance-maladie", écrit le JDD.

Ainsi, le forfait hospitalier, que les patients acquittent pour chaque journée passée à l'hôpital, pourrait passer de 16 à 20 euros. Une telle augmentation serait du "jamais vu", souligne le journal.

Autre mesure envisagée, la baisse du niveau de remboursement de certains médicaments, dits à "prescription médicale facultative". Il s'agit des médicaments disponibles sans ordonnance mais qui peuvent être partiellement remboursés s'ils sont prescrits par un médecin (paracétamol, aspirine notamment). Leur barème de remboursement pourrait passer de 35 % à 15 %.

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2010 sera discuté à l'automne au Parlement. Le déficit de l'ensemble des branches (retraite, famille, maladie et accidents du travail) pourrait atteindre 30 milliards d'euros en 2010 (après 20 milliards en 2009), selon la dernière estimation gouvernementale, pour des recettes dépassant les 300 milliards.

mardi 14 juillet 2009

Cancer: Incidence et mortalité

Cancer: Incidence et mortalité, Le Monde, 13 juillet 2009

L'Institut national de veille sanitaire (InVS) vient de publier les estimations d'incidence et de mortalité par cancer en France entre 1980 et 2005.

En vingt-cinq ans, l'incidence du cancer a quasiment doublé chez l'homme (+ 93 %) et fortement augmenté chez la femme (+ 84 %). "Ces hausses sont notamment liées à l'essor démographique et au vieillissement de la population", indique l'InVS.

En 2005, le nombre de nouveaux cas de cancer est estimé à 320 000. Les cancers les plus fréquents sont celui du sein chez la femme et celui de la prostate chez l'homme. "La progression a été plus importante pour les cancers de la prostate qui, avec plus de 62 000 nouveaux cas en 2005, devancent les cancers du sein, responsables de près de 50 000 cas", souligne l'Institut.

Concernant la mortalité, le nombre de personnes décédées d'un cancer en 2005 est estimé à 146 000. Données disponibles sur www.invs.sante.fr