mardi 24 novembre 2009

Bruno Palier: "Nous sommes déjà dans une médecine à deux vitesses"

Un entretien avec les lecteurs, Le Monde, 24 novembre 2009

Suzanne : Nous sommes le seul pays au monde qui rembourse donc finance la médecine privée par l'argent public sans aucun contrôle. Plus les médecins font d'actes, plus ils gagnent de l'argent. Pourquoi n'arrête-on pas ce système pour sauver la sécu ?

Bruno Palier : La logique générale de ce que vous dites n'est pas fausse, mais elle ne concerne que la médecine de ville, où la plupart des médecins se disent libéraux, considèrent qu'ils sont payés par leurs patients, et négligent le fait que derrière se trouve un système collectif de remboursement financé par de l'argent public.

Nous avons fait le choix depuis bien longtemps de préférer avoir des médecins accessibles en ville dans des cabinets privés parce que nous ne trouvons pas de mairie, de région, d'organisme qui proposent de mettre en place des centres publics de santé (les dispensaires) parce que je ne suis pas sûr que les Français soient prêts à préférer aller dans les dispensaires plutôt que voir des médecins libéraux privés.

Tijo : Tout le monde semble trouver normal la revalorisation des tarifs de la consultation par un médecin généraliste. Pourtant ces un ou deux euros d'augmentation chaque année ont creusé le déficit. N'est-ce pas le résultat de la cupidité d'une grande partie des médecins?

Sur la première partie de votre question, je suis heureux de vois que Le Monde.fr publie cette question, puisqu'en effet l'éditorial du Monde oublie cette dimension de l'augmentation des dépenses de santé, qui, c'est la Cour des comptes qui le montre, est moins due au vieillissement de la population qu'à l'augmentation des honoraires des médecins depuis 2002. Et à l'augmentation du coût des technologies médicales.

Il ne s'agit sans doute pas de cupidité, mais le débat français a du mal à reconnaître que les médecins, comme toute autre profession, souhaitent gagner plus et si notre système de santé permet de le faire sans contrepartie, et sans danger pour les patients, les médecins libéraux ne voient pas en quoi ils s'en priveraient.

Dr Jean Parent : La médecine générale est en train de disparaitre , en commencant par la campagne , faute de combattants (stupide numerus clausus !) et devant les exigences de confort des nouveaux diplomés ( pas de garde , pas de longues journées etc...) Que peut-on proposer ?

Il est faux de croire que nous n'avons pas assez de médecins en France. Le problème, c'est la disparité de la densité médicale. Il y a beaucoup, beaucoup plus de médecins dans certaines régions urbaines, ensoleillées et riches, et pas assez de médecins dans les régions plus pauvres, pluvieuses ou à la campagne. Le vrai problème, c'est que les médecins libéraux refusent que la Sécurité sociale donne son avis sur l'endroit où les médecins peuvent s'installer. Nous avons en France une totale liberté d'installation des médecins libéraux qui explique ces disparités et entraîne de fortes inégalités d'accès aux soins.

PierreC : Vu de l'intérieur, la réponse est assurément oui, la sécu est en train de disparaitre. La question aurait pu être posée en ces termes il y a 10 ans. Aujourd'hui, celle qui mériterait d'être débattue serait plutôt "que peut on encore sauver de notre système de santé ?"

Je crois qu'il est faux d'annoncer la disparition de la Sécurité sociale, ou alors il faudrait aussi annoncer la prochaine disparition de l'Etat, puisque la dette de l'Etat comparée aux sommes globales qu'il dépense est bien plus importante que la dette de la Sécurité sociale par rapport aux sommes dépensées par celle-ci. En outre, les Français étant très attachés à l'accès aux soins, ils ont montré au cours des années précédentes qu'ils étaient prêts à payer plus pour leur santé. La vraie question est de savoir comment on va payer plus pour la santé dans l'avenir.

Va-t-on le faire collectivement, par une augmentation notamment de la contribution sociale généralisée, ce qui permettrait de continuer de garantir à tous l'accès à la santé ? Ou bien va-t-on le faire, comme l'a annoncé le président de la République, par une délégation croissante des dépenses supplémentaires aux ménages et à leurs mutuelles ? Dans ce cas, les plus démunis auront encore plus de difficultés d'accès au système de soins.

Philippe quemeurec : de quel pourcentage devrait-on augmenter les prélèvements pour équilibrer le budget de la Sécu ?

Il me semble qu'il serait moins coûteux, globalement, d'augmenter les prélèvements obligatoires de 2 ou 3 points sur les 15 prochaines années pour continuer de confier l'assurance-maladie à notre système collectif, dont les performances sont moins coûteuses que celles des assurances privées et des mutuelles.

Il convient de rappeler qu'en moyenne, les frais de gestion des assurances privées de santé s'élèvent à 25 % de leur chiffre d'affaires, pour les mutuelles c'est entre 12 et 20 %, pour le régime général de l'assurance-maladie, c'est 4 ou 5 %. Eh oui ! La Sécu est plus efficace que les assurances privées en matière de gestion de l'argent qui lui est confié. C'est simple à comprendre, la Sécu n'a pas de publicité à faire ni d'actionnaires à rémunérer.

YMB : Les comptes de l'Assurance Maladie étaient à l'équilibre il y a 10 ans. Que s'est-il passé entre temps pour que le déficit soit si important aujourd'hui ?

Les comptes ont été à l'équilibre de façon exceptionnelle au début des années 2000 car nous avions une forte croissance. Ils ont été en déficit quasiment de façon ininterrompue des années 1970 à aujourd'hui, parce que les dépenses de santé, depuis la crise du milieu des années 1970, augmentent plus vite que la croissance économique. Le déficit s'est fortement dégradé depuis l'an dernier du fait de la très forte crise économique que nous connaissons. Il ne va pas disparaître du jour au lendemain. Il sera probablement moins important si nous avons une reprise, mais il est évident que la première réponse au déficit de la Sécu, c'est de retrouver une croissance forte.

Azzeddine : Comment évaluez-vous le système sanitaire Français par rapport au système américain ?

Le système français, comme le système américain, est un système qui cherche à garantir beaucoup de liberté aux prestataires de soins, la liberté de choix du médecin au patient, et qui est financé par des assureurs. Une assurance collective et des mutuelles complémentaires en France, des assurances privées et une assurance collective pour les personnes âgées aux Etats-Unis.

On y retrouve des phénomènes similaires d'inflation des coûts, entraînée par la difficulté à intégrer les professions libérales dans l'organisation et la gestion du système. Il reste que notre système coûte moins cher, couvre tout le monde pour les besoins de base et les maladies très graves, ce qui n'est pas le cas pour de nombreux Américains.

Mais s'il faut faire des comparaisons, je préférerais tourner mon regard vers la Suède, qui dépense 2 points de moins de PIB en santé que nous (nous dépensons 11,1 % de notre richesse nationale en santé, les Suédois 9,1 %), et pourtant les résultats de santé sont meilleurs sur tous les points en Suède par rapport à la France. C'est que dans ce système, les professions médicales sont intégrées, coordonnées, participent à l'orientation, l'organisation et la gestion du système, et contribuent à offrir le meilleur soin au moindre coût. En outre, dans ce système, les médecins, les professionnels de santé sont aussi payés pour faire de la prévention.

Hermes : Quand sera appliquée la directive européenne permettant de mettre en concurrence le Sécurité Sociale ? Les Français ne seraient-ils pas gagnants ?

Il n'y a pas de directive européenne mettant en concurrence la Sécurité sociale. Au début des années 1990, la Cour de justice des communautés européennes, dans son arrêt Poucet/Pistre, a clairement énoncé que les organismes de protection sociale avaient le droit de bénéficier d'un monopole tant que celui-ci était mis au service de la solidarité. La directive à laquelle il est fait référence concerne les assurances complémentaires, et nous avons déjà appliqué en partie cette législation en amenant les mutuelles à changer de statut.

Macha : Pourquoi ne pas faire comme les anglais et faire payer un prix fixe les médicaments, à ceux qui ont un revenus ( cf documentaire de Michael Moore) ?

Oui, pourquoi pas ? On pourrait même rappeler qu'en Angleterre, les patients ne paient rien à leur médecin et à l'hôpital. La seule chose qu'ils paient, c'est un forfait sur les médicaments. Le problème, c'est que ce système est extrêmement contrôlé par son administration, qui impose un parcours de soins au patient, qui impose la liste des prescriptions recommandées et des traitements à suivre.
Ce "manque de liberté" ne semblerait pas convenir aux Français. Pour moi, la difficulté, c'est que les Français n'assument pas leur choix de la liberté : liberté de choisir leur médecin traitant et de pouvoir en changer, de pouvoir choisir l'hôpital dans lequel ils souhaitent être soignés, et surtout, les libertés accordées au médecin : liberté d'installation, liberté de prescription, et bientôt, avec le secteur optionnel, liberté de tarification.

Azzeddine : Je vis aux Etats-Unis. J'ai perdu mon job le mois dernier. En conséquence, j'ai perdu ma couverture médicale et celle de la famille. J'espère que la France n'adoptera jamais le système américain. Cela pourrait-il arriver ?

Cela est en train d'arriver pour ce qui est de la couverture complémentaire. Seuls ceux qui ont un revenu suffisant ou une bonne entreprise peuvent bénéficier d'une bonne mutuelle. Fort heureusement, la Sécurité sociale continue de couvrir les soins élémentaires, et surtout, les soins les plus
longs et les plus coûteux.

Mayer : Les classes moyennessont toujours mises à contribution. Ne pourrait-on pas mettre à contribution les classes supérieures voire taxer plus les recettes mobilières comme les loyers ?

Les choses sont peut-être plus compliquées.Mais on peut en effet rappeler que les médecins de secteur I voient certaines de leurs cotisations sociales payées par la Sécurité sociale, on peut aussi rappeler que les retraités, qui certes paient plus pour leur mutuelle que les actifs, paient cependant moins de CSG que les actifs, et qu'une grande partie de certains revenus ne contribue pas autant que les revenus du travail à la Sécurité sociale.

CL : Pourquoi ne pas créer une limite de dépenses de santé annuelles par citoyen en fonction de leur âge, état de santé etc...? je suis trentenaire, en bonne santé, et je viens d'avoir un bébé. je consulte la PMI gratuite plutot que d'aller chez le pédiatre. je suis donc en dessous de la moyenne dépensé par les trentenaires autour de moi. qu'en pensez-vous ?

J'en pense qu'effectivement, aller dans les centres de santé coûte moins cher et, l'exemple suédois le montre, fournit des soins d'une tout aussi bonne qualité. Encore une fois, la majorité des Français ne semble pas prête à s'orienter vers une médecine moins libérale, plus collective, mieux organisée.

df : Sauf qu'il y a des files d'attente importantes en Suède, à tel point qu'ils autorisent et incitent le développement de cabinets privés pour les plus riches afin de désengorger leur système...

Il y a effectivement certains problèmes d'attente en Suède, qui ne sont pas pires que l'attente imposée à un patient français qui vit au milieu d'un désert médical ou qui n'est pas prêt à payer un dépassement d'honoraire ou une clinique privée pour obtenir le soin plus rapidement.Les listes d'attente en France ne se voient pas, car ce sont les plus modestes qui en souffrent. Les autres doivent payer pour que cela aille plus vite. Nous sommes déjà, en France, dans le système que vous annoncez pour la Suède et qui, fort heureusement, n'y est que très embryonnaire.

kemi : quels seraient, selon vous, les changements politiques à adopter pour cette sauvegarde de ce système "bismarckien" ? Changer le principe n°4 de la charte de la médecine libérale ? interdire le privé à but lucratif ?

Je crois qu'il faudrait surtout changer le mode de rémunération des médecins, les payer mieux en moyenne (les médecins en moyenne gagnent deux fois que les médecins britanniques), mais que ce soit le système qui les paie directement pour aussi faire de la prévention, participer à des campagnes de vaccination (!), et contribuer à un usage raisonnable de nos ressources.

La question n'est pas que nos médecins gagnent trop, mais qu'il y a trop de disparité de revenus parmi les médecins. Les écarts de revenus au sein d'une même spécialité peuvent aller de 1 à 12 ! Espérons que certains médecins ne soient pas douze fois moins bons que d'autres... Et surtout, payons les médecins pour intervenir en amont, pour travailler en bonne entente avec leurs collègues du secteur hospitalier, pour recevoir des incitations à ne pas multiplier les consultations, les prescriptions, les examens inutiles, qui ne sont trop souvent là que pour faire tourner la machine.

Thib : Se prépare-t-on à une médecine à deux vitesses ?

Nous avons déjà une médecine à deux vitesses : celle pour les Français qui ne peuvent faire autrement que d'attendre pour accéder à un médecin en secteur I, à un lit d'hôpital public, à des soins de moindre qualité parce que le reste à charge est trop élevé ; et d'autre part, ceux qui, grâce à leur mutuelle, peuvent payer les dépassements, les "raccourcis" offerts par le secteur privé.

Patrice : quel est le meilleur modèle de santé dans le monde ?

Tout dépend de ce que l'on attend d'un système de santé. Si c'est un égal accès aux soins et la meilleure santé de l'ensemble de la population, alors, de manière évidente, le système suédois est le meilleur. Si ce que l'on souhaite c'est pouvoir voir rapidement un médecin, avoir accès rapidement aux meilleures technologies, quitte à payer un surcoût pour cela, alors, notre système est très bon.

Laetitia Clavreul et Laure Belot

Cancer : Sarkozy débloque 730 millions d'euros

Marielle Court et Yves Miserey | Le Figaro | 24/11/2009

Le président de la République a présenté, lundi à Marseille, les grands axes du plan national de lutte contre la maladie.

Le deuxième Plan national de lutte contre le cancer qui court sur la période 2009-2013, va être doté de 730 millions d'euros de dépenses nouvelles. «C'est, dans le contexte actuel, un effort important consenti par l'État et par l'assurance maladie» , a souligné Nicolas Sarkozy qui présentait lundi à Marseille, les grands axes de ce plan. Largement inspiré par le rapport du P r Jean Pierre Grünfeld remis en février dernier, il poursuit trois objectifs : bénéficier des meilleurs soins possibles, réduire les inégalités et mieux préparer la vie après la maladie. Voici quelques mesures phare.

• Développer la recherche - Cinq sites de recherche pluridisciplinaire devant présenter une masse critique de médecins seront labellisés par l'Institut national du cancer (Inca). Parmi leur priorité, ils devront concourir à la réalisation d'essais cliniques précoces de nouveaux médicaments en recrutant deux fois plus de malades.

• Augmenter le nombre de spécialistes - Le plan vise une augmentation de 20 % des oncologues, radiothérapeutes et hématologues. Un effort particulier visera également les radiophysiciens. Il y aura cent étudiants supplémentaires chaque année dans cette spécialité.

• Améliorer l'information - Cela fait partie de la lutte contre les inégalités. Il s'agit notamment d'être capable de tenir des statistiques à jour. En 2010, l'INVS (Institut de veille sanitaire) devra produire des données relatives à 2007 et continuer à s'améliorer d'année en année. Pour l'heure la France est tout juste capable de fournir des données de 2005 alors que les États-Unis publient déjà celles de 2009.

• Développer l'analyse des risques environnementaux - 15 % du budget de la recherche y sera consacré. Seront étudiés les effets à long terme des expositions à faibles doses de certains agents chimiques biologiques ou physique. Il faudra être capable de faire la part entre ce qui relève de la constitution des personnes et ce qui relève de l'environnement.

• Mise en place d'un programme personnalisé de l'après-cancer - La moitié des patients devront bénéficier de ce nouveau type de programme. Il impliquera l'infirmière coordinatrice des soins et le médecin traitant afin notamment d'offrir le suivi nécessaire et l'évaluation du risque de rechutes et de séquelles. Par ailleurs, 80 % des patients devront bénéficier fin 2013 du programme personnalisé de soins mis en place par le premier plan.

• Accroître le dépistage - D'ici à 2013, la participation de l'ensemble de la population au dépistage du cancer du sein et du colons devra augmenter de 15 % et de 50 % dans les départements où il y a le plus de problèmes. Par ailleurs, la quantité d'alcool devra être indiquée sur chaque bouteille en 2011 et l'an prochain, le remboursement des substituts nicotiniques sera porté de 50 à 150 € pour lés bénéficiaires de la CMU et pour les femmes enceintes. Sur la durée du plan 74 IRM supplémentaires seront installés, dont 39 dans les dix régions ayant la mortalité par cancer la plus élevée.

• Favoriser l'accès à l'emprunt - La convention «s'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé» doit être renouvelée pour améliorer la couverture a ssurantielle et l'accès à l'emprunt des personnes sorties de maladie.

• Une journée nationale de l'activité physique - L'activité physique ne devant «pas être l'apanage des beaux quartiers», une journée visant à inciter chacun à pratiquer de l'exercice doit être créée. Roselyne Bachelot doit faire des propositions.

mercredi 18 novembre 2009

La France envisage un virage à 180° sur la vaccination anti-H1N1

La France envisage un virage à 180° sur la vaccination anti-H1N1, Reuters, 18.11.09 | 13h30

Par Pierre Sérisier

Le gouvernement français envisage d'effectuer un virage à 180 degrés en autorisant les médecins généralistes à vacciner contre la grippe A(H1N1) dans leur cabinet alors qu'apparaissent des dysfonctionnements.

Roselyne Bachelot, qui doit composer avec une réticence forte des Français à se faire vacciner et à un mécontentement des praticiens face aux réquisitions, fera un "point d'étape" jeudi, une semaine après le début de la campagne.


La ministre de la Santé a évoqué mardi soir devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale la possibilité d'impliquer "certains cabinets libéraux" dans le dispositif de protection.

Les généralistes sont particulièrement favorables à cette évolution, estimant que l'on "va gagner en simplicité et en efficacité", a déclaré un porte-parole du syndicat des médecins généralistes, MG France, mercredi.

"Il faut faire preuve de souplesse et adapter le système aux réalités qui ont un peu changé. Il faut arriver à mettre de l'huile dans les rouages. Les déclarations de Roselyne Bachelot vont dans le sens d'une possible évolution", ajoute-t-on à MG France.

Les généralistes font valoir qu'ils peuvent jouer un rôle complémentaire de celui des centres de vaccination dans le traitement des patients à risques, ainsi que des personnes isolées qui sont souvent les plus vulnérables à la maladie.

"La vaccination est une décision difficile à prendre et il y a une attente forte de la part des patients d'être traités par leur médecin personnel", précise-t-on chez MG France.

GASPILLAGE

Ce revirement contraste avec la position du gouvernement rappelée lundi par le ministre de l'Education, Luc Chatel.

"Si nous n'avons pas choisi les médecins généralistes et les cabinets médicaux privés pour procéder à la vaccination, c'est parce que nous avons un procédé particulier", avait dit Luc Chatel. "Le gouvernement a fait un choix pragmatique de vacciner le plus grand nombre de Français en un temps limité".

Les flacons de vaccin servent à dix vaccinations et ils ne peuvent pas être utilisés au-delà de vingt-quatre heures dès lors qu'ils sont ouverts.

Au-delà de ce délai, ils sont bons à jeter, avait ajouté Luc Chatel, faisant valoir que cela justifiait le choix des centres de vaccination où ils pouvaient être pleinement utilisés.

Or, pour l'instant, seules 160.000 personnes ont été vaccinées dans les 1.060 centres de vaccination ouverts en France métropolitaine et dans les 74 qui l'ont été outre-mer, a indiqué Roselyne Bachelot devant la commission parlementaire.

L'Institut national de veille sanitaire (InVS) a recensé 43 décès de la grippe A au 16 novembre. Officiellement, 122 classes et 59 écoles ont été fermées dans 17 académies en France.

Mais ces chiffres n'ont pas convaincu les Français de se rendre en masse dans les centres de vaccination et cette faible participation engendre du gaspillage dans l'utilisation du vaccin.

"En attendant les vaccins monodose, les généralistes géreront au mieux en utilisant le vaccin multidose en regroupant les patients", explique Martial Olivier-Koehret, président de MG-France sur le site du syndicat.

D'autre part, les praticiens verraient d'un très bon oeil la fin des réquisitions de généralistes dans les centres de vaccination qu'ils accusent de provoquer une désorganisation dans la chaîne de soins.

Pour les patients, en revanche, autoriser la vaccination en cabinets privés pourra se traduire par un coût financier. Les actes sont gratuits dans les centres de vaccination alors que la consultation sera payante chez le généraliste.

Édité par Yves Clarisse

lundi 16 novembre 2009

AP-HP : le projet de suppression de 1 000 postes par an inquiète

AP-HP : le projet de suppression de 1 000 postes par an inquiète, Le Monde, 16 novembre 2009

Le malaise monte à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui regroupe 40 établissements hospitaliers à Paris et dans la petite couronne. Le professeur Pierre Coriat, président de la Commission médicale d'établissement (CME), qui représente les médecins, a menacé, dimanche 15 novembre dans le Parisien, de démissionner si n'était pas revu à la baisse un projet de suppression de 1 150 postes, en 2010, qui pourrait nuire, selon lui, à la qualité des soins.

Egalement chef du service anesthésie-réanimation de la Pitié-Salpêtrière, cet opposant à la loi "Hôpital, patients, santé et territoires", adoptée en juillet, dit craindre une "spirale déflationniste" à l'AP-HP. Cette suppression de postes pourrait entraîner, selon lui, une diminution d'activité donc une baisse des recettes de l'AP-HP et une nouvelle réduction d'effectifs.

Interpellée dimanche au Sénat, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, n'a pas nié l'existence d'un tel plan de réductions de postes, mais précisé que le chiffre était issu d'un document de travail de cadrage pluriannuel "non définitif". "Il ne s'agit que de réorganisations structurelles destinées à rétablir durablement la situation budgétaire de l'établissement", a-t-elle dit. La ministre a expliqué que le budget 2010 de l'AP-HP ne sera pas discuté avant 2010, et que le nombre de suppressions de postes ne sera confirmé qu'alors.

Tension permanente

L'AP-HP, qui compte plus de 70 000 emplois avec un budget annuel de 6 milliards d'euros, est sous tension permanente. D'ici à 2012, 350 millions d'euros devront être économisés sous forme de réduction des coûts structurels. Ce qui équivaut à réduire les effectifs de 1 000 postes par an.

"L'idée est de réussir à faire aussi bien avec moins de moyens", nous indique l'AP-HP, rappelant qu'il n'est pas question de licencier, car chaque année, il y a 6 000 à 7 000 départs naturels. "Il faut mettre en phase les diminutions d'effectifs avec les restructurations en cours, ce qui n'est pas le cas", réplique le professeur Coriat.

"C'est très bien que le professeur Coriat se décide enfin à prendre position", estime Nadine Prigent, pour la CGT-Santé, pointant des "restructurations à la hussarde". En plus des suppressions de postes elle affirme que les "activités médicales étiquetées non rentables", comme les centres IVG et de consultations sida, sont menacées.

Le personnel est sous le coup, déjà, d'une mesure de 700 suppressions de postes en 2009, qui provoque des tensions dans l'organisation du travail. Le projet de rapprochement des hôpitaux parisiens Tenon, Rothschild, Armand Trousseau et Saint-Antoine, qui pourrait faire disparaître la maternité de ce dernier, inquiète également. Enfin, plusieurs suicides ont été recensés à l'AP-HP ces derniers mois. Ils interpellent sur la souffrance des personnels face aux réformes hospitalières qui ont instauré une culture de la performance.

Laetitia Clavreul

dimanche 15 novembre 2009

L'AP-HP supprimerait 1 150 emplois selon un responsable de l'institution

L'AP-HP supprimerait 1 150 emplois selon un responsable de l'institution, Le Monde, 15 novembre 2009

Un haut responsable de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le professeur Pierre Coriat, a menacé dimanche 15 novembre de démissionner si un plan de suppression de 1 150 postes en 2010 n'était pas revu. Il estime, dans un entretien au Parisien, que ces coupes nuiraient à "la qualité des soins".

"Le projet actuel risque de casser l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Pour calculer le budget de l'hôpital, le ministère de la Santé a sous-estimé notre activité", a regretté M. Coriat qui est aussi chef du service d'anesthésie-réanimation de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière de Paris.

Chaque année à la même époque, le ministère de la santé fixe les orientations financières de l'AP-HP, institution qui gère une quarantaine d'établissements dont la majorité se trouvent à Paris et en proche banlieue. Interrogée par l'Agence France presse, la ministre de la santé Roselyne Bachelot n'a pas nié l'existence d'un tel plan. Elle a seulement reconnu que les suppressions de poste évoquées par M. Coriat était un "scénario parmi d'autres"et que le nombre de suppression de postes serait fixé "au début de l'année prochaine".

Hôpitaux de Paris: un responsable menace de démissionner

Hôpitaux de Paris: un responsable menace de démissionner, Libération, 15 novembre 2009

Le professeur Pierre Coriat, président de la commission médicale de l'AP-HP, dénonce un plan de suppressions de 1.150 postes en 2010.

Le professeur Pierre Coriat, président de la commission médicale d'établissement de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a menacé dimanche de démissionner si un plan de suppressions de 1.150 postes en 2010 état maintenu.

«Si on supprime mille emplois soignants non-médicaux et 150 postes de médecins, cela va nuire à la qualité des soins», prévient-il dans un entretien au Parisien Dimanche, appelant à «revoir ce plan de suppressions de postes».

Selon Coriat, également chef du service anesthésie-réanimation de l'hôpital parisien de la Pitié Salpêtrière, «le projet actuel risque de casser l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Pour calculer le budget de l'hôpital, le ministère de la Santé a sous-estimé notre activité», ajoute-t-il, dénonçant un «cercle vicieux». La réduction de personnels risquant d'entraîner une diminution de l'activité, une baisse des rentrées d'argent, et donc une nouvelle réduction d'effectifs.

Selon une source médicale, l'opposition du professeur Coriat à ce plan de suppressions de postes est connue dans le milieu médical, mais sa menace de démission est un fait nouveau.

«D'autres suppressions d'emplois» auront lieu à l'AP-HP, après celle de 700 postes prévue en 2009, avait déclaré en avril le directeur général de l'AP-HP, Benoît Leclercq, devant l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), sans être en mesure de chiffrer ces nouvelles suppressions.

Le ministère de la Santé fixe tous les ans, à cette époque, les orientations budgétaires de l'AP-HP, qui regroupe une quarantaine d'établissements hospitaliers publics, principalement situés à Paris et dans sa proche banlieue.

Les médecins accoucheurs du privé toujours en grève

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 15/11/2009

A Bordeaux, Toulouse, Nantes, Reims ou encore Clermont-Ferrand, des cliniques privées n'accouchent plus. Les gynécologues protestent: ils veulent que la loi les couvre plus longtemps en cas d'accident médical. Le gouvernement répond par des réquisitions.

Les gynécologues libéraux exigeant que la loi les couvre au-delà de dix ans en cas d'accident médical devaient poursuivre aujourd'hui leur grève des accouchements dans les maternités privées où le gouvernement a procédé à des réquisitions samedi.

"Les compagnies d'assurance ne sont pas en mesure d'assurer tous nos actes et veulent limiter la couverture (en cas d'accident) à 10 ans après l'arrêt de notre activité", alors que des plaintes peuvent être "déposées jusqu'à 28 ans après un accouchement", a expliqué la gynécologue Marie Mas Calvet.

"Le mouvement continue dimanche car il n'y a toujours pas de solution trouvée", a dle docteur Jean Marty, secrétaire général du syndicat national des gynécologues-obstétriciens libéraux (Syngof) qui a lancé le mouvement. "Le phénomène s'étend et des villes comme Marseille et Strasbourg seront touchées dimanche", a-t-il ajouté.

La grève lancée samedi à 8H00 a touché Bordeaux, Toulouse, Nantes, Reims, Clermont-Ferrand, Avignon, Albi et Montauban, selon le Syngof.

"Le gouvernement en est encore à réfléchir à une nouvelle formulation des amendements, car il n'est pas question que notre protection ne soit pas assurée par la loi", a précisé M. Marty.

Les préfets réquisitionnent des médecins

Les sénateurs en débattront à nouveau dimanche à 17 heures 30, dans le cadre de l'examen du projet de budget de la Sécu (PLFSS) pour 2010, a-t-il ajouté.

Le ministère de la Santé a demandé samedi aux préfets de réquisitionner les médecins et assurait en fin d'après-midi que seulement sept cliniques étaient touchées, dont celle du Vert-Galant, à Tremblay en France (Seine-Saint-Denis).

"La priorité est la sécurité des mamans. Les préfets ont reçu des instructions", pour les orienter vers les hôpitaux publics et "réquisitionner les médecins", a indiqué une porte-parole.

Le mouvement "n'est pas très suivi, il n'y a pas de problème sanitaire à gérer", avait tempéré, dans l'après-midi, Lamine Gharbi, président de la fédération de l'hospitalisation privée FHP-MCO, rassemblant les 720 cliniques privées de l'hexagone qui réalisent 30% des accouchements en France.

lundi 2 novembre 2009

La France manque toujours de cancérologues

Le Figaro | 02/11/2009 Jean-Michel Bader

L'hexagone compte 0,7 oncologue pour 100 000 habitants, soit le même ratio qu'en Albanie.

«Ce matin j'ai vu 23 malades en consultation», explique le Dr Daniel Serin, président de la Fédération française d'oncologie médicale. Il n'est pas le seul : les deux oncologues (cancérologues) de l'hôpital Tenon assurant les consultations devaient voir ce jour-là «entre 45 et 50 malades». Au quotidien, la charge de travail et les responsabilités de ces spécialistes sont devenues si lourdes qu'ils ne peuvent plus y faire face en totalité, et les listes d'attente s'allongent.

La France a seulement 0,7 oncologue pour 100 000 habitants, le même nombre qu'en Albanie. Et avec 2 oncologues pour 100 000 habitants (plus du double), les États-Unis se soucient déjà du «drame de la pénurie» attendue ces prochaines années dans ce pays… La situation n'est pas nouvelle : le premier plan cancer et le rapport récent du Pr Grünfeld ne cessent de répéter qu'il faut «revoir la tarification, créer des postes d'internes, de chefs de clinique et d'assistants». Sans résultats tangibles.

La situation est devenue si aiguë que les cancérologues français ont lancé le mois dernier un appel à Nicolas Sarkozy pour qu'il vienne en aide à leur profession sinistrée. «La démographie médicale est un souci réel, plusieurs métiers de la cancérologie sont directement concernés. Il est temps de rattraper le temps perdu», martèlent les professionnels. «Il y a une vraie contradiction à vouloir une priorité d'accès aux médicaments innovants et souvent très coûteux en cancérologie et en même temps à délaisser le métier qui est censé les prescrire et en assurer le bon emploi. L'oncologie médicale est sinistrée et délaissée.»


Milieu hospitalier public

«La discipline manque de bras», estime Daniel Serin, qui a lancé cet appel. «Peu de postes sont créés, les internes fuient la profession par manque de débouchés. Alors que c'est un métier merveilleux, un métier d'avenir, un vrai travail de coordinateur médical. L'oncologue est souvent au centre du dispositif multidisciplinaire.»

Les collègues libéraux des médecins hospitaliers ne sont pas mieux lotis : leur rémunération est basée sur un acte infirmier et pas un forfait global. L'oncologie hématologique, la discipline qui traite ­leucémies, lymphomes et atteintes de la moelle osseuse, qui fait des greffes de moelle et ne s'exerce qu'en milieu hospitalier public, est un bon exemple. «Nous ne pourrons pas être vendus au privé, notre activité s'adresse à des malades lourds, et pourtant nous serions attractifs pour des jeunes spécialistes si nous pouvions les accueillir. Mais avec la suppression prévue par Roselyne Bachelot de 4 000 postes sur trois ans, dont 500 postes de praticiens hospitaliers (soit 140 cette année), nous sommes étranglés», s'indigne le Pr Jean-Paul Vernant (Pitié-Salpêtrière).