vendredi 26 novembre 2010

A Paris, les médecins sont surtout des spécialistes

Le Monde, 18/11/2010

Paris n'est pas un désert médical, loin s'en faut. Mais à y regarder de plus près, selon les quartiers, les types d'exercice, ou les tarifs, on peut avoir du mal à y trouver un médecin au tarif de base.

Cette difficulté d'accès aux soins de ville de premier recours (généraliste, dermatologue, gynécologue...) amène désormais la classe moyenne à fréquenter des centres de santé.

"La forte densité médicale globale lisse de très fortes disparités", note une étude sur la répartition des médecins en France, menée notamment par le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), publiée mercredi 17 novembre 2010.

Elle relève par exemple que le 7e arrondissement compte 56 spécialistes pour 10 000 habitants, contre moins de 8 dans le 18e. Et ces chiffres ne disent pas tout puisque "la véritable difficulté des Parisiens, c'est d'avoir accès à un spécialiste au tarif de la Sécurité sociale", ajoute Christian Saout, le président du CISS.

Un organisme qui n'est pas seul à s'intéresser à la question. Une étude commandée par la Ville de Paris et la caisse primaire d'assurance-maladie sur les centres de santé, non publiée, et un rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) d'Ile-de-France dressent le constat d'un déséquilibre.

Parmi les médecins libéraux exerçant à Paris, 33 % sont généralistes et 67 % spécialistes. Il y a en fait dans la capitale une densité de spécialistes trois fois supérieure au niveau national.

Ils sont inscrits en secteur 2 (honoraires libres) à 68 %, contre 39 % pour la France.

C'est aussi à Paris que la fréquence et le niveau des dépassements d'honoraires par rapport au tarif non remboursé par la Sécurité sociale sont les plus importants.

Au sein des généralistes, Paris se caractérise par sa forte proportion de médecins dits à exercice particulier. Ils pratiquent notamment l'homéopathie, l'acupuncture, la médecine d'urgence, comme SOS-Médecins, ce qui leur permet de gagner plus. Ils sont 27 % au total, contre 12 % en France, note le CESE.

Au final, la densité de "vrais" généralistes parisiens est inférieure à la moyenne. Bien inférieure, même, dans les arrondissements du nord-est, où la situation pourrait même devenir critique.

Peu à peu, le recours aux urgences hospitalières pour des raisons non vitales est donc devenu courant. Au point que 15 % seulement des entrées y débouchent sur une hospitalisation.

Entre 2005 et 2008, les passages aux urgences des établissements de l'Assistance publique ont augmenté de 9,4 %.

Certains Parisiens, et pas seulement les plus démunis, ont trouvé une autre solution : les centres de santé, où la tarification en secteur 1 (tarif de la Sécurité sociale) est obligatoire.

"Ils étaient victimes de leur image caricaturale de lieu d'accueil des plus pauvres, mais, et cela a été pour nous une surprise, depuis quelques années, ils sont fréquentés par beaucoup de personnes issues de la classe moyenne", explique Alain Coulomb, consultant et ancien directeur de la Haute Autorité de santé, auteur de l'étude remise à la Ville de Paris.

Les difficultés à trouver un médecin ou à en payer les honoraires expliquent cette évolution. Voire le souhait - de principe - de ne pas dépenser une fortune, même si l'on en a les moyens.

"Les gens sont perdus avec les changements des montants de remboursements de la "Sécu", et la diversité des tarifs (secteur 1, avec ou sans dépassement, secteur 2, etc.).

Ici, ils savent combien ils vont payer", explique Danièle Pozza, directrice de l'Institut Alfred-Fournier, dans le 14e arrondissement, un centre à l'origine spécialisé dans les infections sexuellement transmissibles.

Son établissement compte 40 généralistes et spécialistes, qui réalisent un total de 100 000 consultations par an. S'y côtoient 1 % d'ouvriers, 31 % d'employés, 13 % de cadres et cadres supérieurs...

Au conseil de l'ordre des médecins de Paris, on explique qu'il n'y a plus d'installation en secteur 1 parce que les coûts sont prohibitifs, surtout les loyers.

"Pour l'instant, il n'y a pas de problèmes d'accès aux soins, mais dans les cinq ans à venir, cela pourrait être dramatique car la moyenne d'âge des médecins est de 55 ans", prévient la présidente, Irène Kahn-Bensaude, inquiète de l'évolution du nombre de généralistes classiques.

Pour attirer des candidats en réduisant les charges, le développement des maisons de santé, où des médecins libéraux exercent côte à côte, est souvent préconisé. Comme le sont les centres de santé pour ceux séduits par le salariat. On compte 87 centres conventionnés à Paris, municipaux, associatifs ou mutualistes.

Un héritage historique, et là encore une particularité. Déjà, ils représentent 13 % des consultations de généralistes, et 15 % de celles des spécialistes (même 30 % en dermatologie ou ORL).

Face à leur situation financière souvent délicate, à la petite taille et aux locaux aux allures de dispensaires de certains, l'étude prône une modernisation, voire des regroupements.

"Il faut sortir des statistiques globales et regarder la situation au plus près", juge Jean-Marie Le Guen, adjoint (PS) à la santé, qui constate que, dans le nord de la capitale, les généralistes sont surchargés.

Paris réfléchit à un plan d'action pour dynamiser ces centres.

Le CESE d'Ile-de-France appelle à trouver les moyens d'accompagner les médecins intéressés par une installation intra-muros ou en banlieue. Mais ni la Ville de Paris, ni la région n'ont en charge l'organisation de l'offre de soins.


Laetitia Clavreul

Vers une rémunération graduée des médecins ?

Le Monde, 26 novembre 2010

Chargée d'une mission sur l'attractivité de la médecine de proximité, aujourd'hui en pleine crise, Elisabeth Hubert a remis ses propositions, vendredi 26 novembre 2010, à Nicolas Sarkozy. Elle appelle à une refonte de la rémunération des médecins.

Pour les inciter à choisir l'exercice libéral, qu'ils boudent désormais – seuls 8,9 % des nouveaux diplômés s'installent en cabinet, contre la moitié dans les années 1980 –, celle qui fut ministre de la santé dans le premier gouvernement Juppé propose de mieux prendre en compte la valeur ajoutée du médecin, en modulant les tarifs de consultation selon la difficulté du cas rencontré.

L'idée serait ainsi de mieux rémunérer une analyse d'un cas complexe avec recherche d'antécédents, qu'un simple acte technique, grâce à la création de quatre ou cinq tarifs différents. Le prix de la consultation pourrait ainsi s'échelonner de 11 à 60 ou 70 euros. Actuellement, elle est facturée 22 euros, et devrait passer à 23 euros au 1er janvier 2011, comme l'avait promis Nicolas Sarkozy aux médecins au printemps.

AGIR SUR LE LONG TERME

Si Mme Hubert reconnaît que des risques d'abus existent, elle estime néanmoins que les contrôles de l'assurance-maladie permettraient d'y faire face. L'ex-députée de Loire-Atlantique plaide également pour instaurer un forfait pour rémunérer la coopération entre médecins sur les cas compliqués. Mais elle juge que l'acte doit rester la base de la rémunération des médecins.

Pour faire face aux déserts médicaux qui s'accroissent, l'ancienne députée de Loire-Atlantique estime qu'il faut agir sur le long terme, et que la solution réside dans la fluidité du système : regroupement des médecins, partage des activités avec les infirmières, etc.

Elle propose en outre la création d'un fonds de garantie pour permettre aux médecins qui se sont installés de pouvoir plus facilement changer de lieu ou d'activité, sans y perdre financièrement s'ils n'ont pas de successeur.

MESURES D'URGENCE

Mais les difficultés à avoir accès à un médecin rencontrées dès aujourd'hui dans certaines zones exigent de prendre également des mesures d'urgence, juge Mme Hubert.

Elle propose d'y créer temporairement des missions de service public, afin que des jeunes diplômés, des remplaçants ou des médecins retraités volontaires viennent y exercer, contre une rémunération plus conséquente, dans des locaux mis à disposition par les communes.

"Si rien n'est fait, d'ici cinq à huit ans, il n'y aura plus seulement comme aujourd'hui des villages, voire des communautés de communes sans médecin, mais des cantons entiers", affirme l'ancienne ministre dans un entretien au Monde. "Ce serait condamnable sur le plan de l'éthique, de la santé publique, et sur le plan politique", ajoute-t-elle.

Nicolas Sarkozy devrait faire des annonces sur la question lors d'un déplacement la semaine prochaine. Il a d'ores et déjà évoqué au congrès des maires, mardi 22 novembre 2010, la nécessité d'une révision de la rémunération des médecins.

Laetitia Clavreul

Hôpital-psychiatrie: les Sages censurent

AFP, 26/11/2010

Le Conseil constitutionnel a censuré un article du Code de la Santé publique sur l'hospitalisation d'un patient pour troubles mentaux, décidée sans son consentement à la demande d'un tiers (parents, proche...).

A l'avenir, cette hospitalisation sous contrainte ne pourra être prolongée au-delà de quinze jours sans l'intervention systématique d'un juge.

Le Conseil constitutionnel avait été saisi de ce sujet par une patiente dans le cadre de la procédure de la question prioritaire de constitutionnalité.

Il a jugé que les dispositions concernant la prolongation de l'hospitalisation sous contrainte à la demande d'un proche étaient contraires à l'article 66 de la Constitution qui exige que toute privation de liberté soit placée sous le contrôle de l'autorité judiciaire, "gardienne de la liberté individuelle", comme c'est déjà le cas pour la garde à vue ou la rétention administrative des étrangers.

C'est la première fois le Conseil rend une décision sur une question concernant les droits et libertés des malades mentaux.

jeudi 25 novembre 2010

Accidents : les chiffres noirs de l'hôpital

Le Point, 25 novembre 2010. Par François Malye et Jérôme Vincent

Le nombre est effarant. Neuf cents "événements indésirables graves" (EIG) surviennent chaque jour, en moyenne, dans l'ensemble des hôpitaux et cliniques français. Et près de 380 seraient évitables puisqu'ils seraient liés à des erreurs médicales. Ce sont les résultats de la deuxième étude Eneis (Enquête nationale sur les événements indésirables liés aux soins) réalisée par la même équipe* sur un échantillon d'établissements de soins aigus publics et privés.

Il y a deux ans, plusieurs décès tragiques - la mort de deux jeunes enfants dans deux hôpitaux franciliens, le décès d'un patient à qui on n'avait pas trouvé de place alors qu'il souffrait d'un infarctus - avaient déclenché un vif débat autour des erreurs médicales survenant à l'hôpital.

Au total, selon les auteurs de l'étude, ce seraient entre 275.000 et 395.000 EIG par an qui surviendraient. Ils touchent surtout des patients fragiles, plus âgés que la moyenne et présentant souvent un état de santé aggravé.

Mais une part importante de ces événements est inévitable, car "ils résultent de risques auxquels le patient est exposé dans le cadre de soins optimaux."

Tout l'intérêt de l'enquête porte sur les EIG évitables par an (entre 95.000 et 180.000), c'est-à-dire "qui n'auraient pas eu lieu si les soins avaient été conformes à la prise en charge considérée comme satisfaisante au moment de (la) survenue (de l'EIG)".

Défaillances humaines

Après analyse approfondie par les médecins, ces événements sont apparus "associés en partie à une pratique médicale sous-optimale, une perte de temps, une rupture dans la continuité des soins, des déviances diverses, par rapport à des protocoles, des règles ou des recommandations." Les auteurs, comme lors de leur étude de 2004, relèvent un nombre important de "défaillances humaines des professionnels, de supervision insuffisante des collaborateurs ou encore de déficit de communication entre professionnels".

Ces événements évitables s'observent dans les services aussi bien de médecine que de chirurgie et peuvent avoir de lourdes conséquences. Le plus souvent, il s'agit d'un prolongement d'hospitalisation, mais, à égalité de fréquence, peuvent survenir une mise en jeu du pronostic vital ou une incapacité à la sortie de l'hôpital et, plus rarement, un décès.

Ce sont les actes invasifs (endoscopies, etc.) et chirurgicaux qui sont à l'origine du plus grand nombre d'EIG évitables, suivis par l'administration de produits de santé (médicaments et dispositifs médicaux implantables, comme les pacemakers) et, enfin, par les infections nosocomiales.

Pour les auteurs, il n'existe aucune évolution significative entre 2004 et 2009 de la fréquence des événements indésirables graves survenus pendant l'hospitalisation.

Alors qu'à partir d'extrapolations d'études étrangères on estime entre 10.000 et 15.000, en France, le nombre de décès liés aux soins chez les malades hospitalisés, cette étude, comme celle de 2004, ne permet toujours pas d'avancer un chiffre plus précis pour des raisons de fiabilité statistique.

*Philippe Michel, du CCECQA (Comité de coordination de l'évaluation clinique et de la qualité en Aquitaine) et DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) du ministère de la Santé.

mardi 23 novembre 2010

Les médecins en France : une démographie préoccupante

Le Monde, 23/11/2010

Médecins âgés, mal répartis géographiquement, avec des jeunes praticiens délaissant la pratique libérale et les zones rurales : les chiffres de la démographie médicale dresse à nouveau un bilan préoccupant pour le système de soins à la française.

Le nombre de médecins par rapport aux habitants n'est pourtant pas en cause : le nouvel Atlas de la démographie médicale en France, publié mardi par le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM), en recense un total de 261 378 au 1er janvier 2010, dont 216 450 en activité. En trente ans, leur nombre a augmenté de 93,1 %, bien plus que la population.

UN CORPS MÉDICAL VIEILLISSANT

En tenant compte seulement des médecins en activité régulière (sans les médecins remplaçants ou temporairement sans activité), la densité moyenne nationale est de 308,8 médecins pour 100 000 habitants.

Un chiffre qui masque une réalité préoccupante, car les médecins vieillissent et les départs à la retraite s'annoncent massifs dans les années à venir.

Le nombre de "sortants" de la profession, le plus souvent pour cause de retraite, a progressé en un an de 6,6 %, tandis que les "entrants" n'ont augmenté que de 1,8 %.

L'âge moyen des praticiens en activité régulière est de 50 ans et 41,7 % d'entre eux sont âgés de 50 à 59 ans. Les plus de 60 ans représentent 16,1 % du total.

L'AMBITION DES JEUNES MÉDECINS A CHANGÉ

Selon le président du CNOM, Michel Legmann, il faut inciter les médecins retraités à rester en fonction en réduisant leurs charges sociales. D'autant qu'un simple remplacement de ces médecins par des plus jeunes ne suffira pas.

Ils délaissent en particulier massivement l'exercice en libéral : seulement 8,6 % des nouveaux inscrits à l'Ordre l'ont choisi, alors qu'ils étaient 50 % dans les années quatre-vingt.

Les jeunes praticiens et praticiennes se contentent de rémunérations et d'un confort matériel moins élevés, au profit d'une meilleure qualité de vie.

"On n'est pas ambitieux, pas de maison de campagne, pas de vacances dans les îles. On se contente d'une vie tranquille, le moins d'astreintes possible, et on s'occupe des enfants le mercredi", constate M. Legmann.

Or, le "système de soins français" repose, comme l'a encore rappelé mardi, devant les députés, le ministre du travail et de la santé, Xavier Bertrand, "sur deux piliers, l'hôpital et la médecine de proximité", essentiellement libérale.

C'est notamment le cas dans les zones rurales, où de plus en plus de praticiens ne trouvent plus de successeurs.

LES ZONES RURALES EN PÉNURIE

Les jeunes médecins ne veulent pas y aller. Et phénomène nouveau, les médecins étrangers – au nombre de 10 165 – non plus.

Des collectivités locales ont ces dernières années fait de gros efforts pour les attirer, notamment des Roumains, devenus le groupe le plus nombreux. Mais ces praticiens ont rapidement mis la clé sous la porte, abandonnant la commune rurale et même la pratique libérale au profit d'un emploi salarié en ville.

Aussi l'Ordre a-t-il mis en garde les élus contre les pratiques de certaines agences spécialisées dans le recrutement de médecins étrangers.

Autre évolution jugée "préoccupante" : la progression du nombre de médecins remplaçants: 10 006, soit + 754 % en trente ans. Plutôt jeunes (38,5 ans), de sexe féminin, la moitié travaillent moins de trois jours par semaine.

L'Ordre a enfin une nouvelle fois pointé l'inégale répartition géographique des médecins, généralistes comme spécialistes.

La région Provence-Alpes-Côte d'Azur est la mieux lotie avec 374 médecins pour 100 000 habitants, dépassant l'Ile-de-France (370) et les autres régions du Sud. Dans le bas du tableau figure la Picardie (239).

Les médecins fuient l'exercice libéral

Le Figaro, 23 novembre 2010

Le Conseil national de l'ordre, qui publie son atlas annuel de la démographie, s'inquiète du nombre croissant de remplaçants qui refusent de s'installer.

La France comptait, au 1er janvier, 193.943 médecins en «exercice régulier» , c'est-à-dire travaillant effectivement dans l'Hexagone et non remplaçants.

Ces chiffres extraits de l'atlas annuel de la démographie médicale du Conseil national de l'ordre, dont Le Figaro publie les grandes lignes en avant-première, confirment une stabilisation à un niveau élevé (les effectifs progressent de 0,1% en un an mais reculent de 3% sur trois ans).

La décrue annoncée n'est donc pas encore forte mais devrait succéder rapidement à ce pic: quasiment 70% des médecins en activité régulière ont 50 ans ou plus.

Pour le moment, c'est leur mauvaise répartition qui reste la principale source de difficulté pour trouver un médecin.

L'Ile-de-France compte 222 spécialistes pour 100.000 habitants, soit pile le double de la Picardie! Un constat d'échec des mesures d'incitation à l'installation dans les déserts médicaux, comme le «bonus» de 20% sur le montant des consultations accordé par l'Assurance-maladie aux médecins exerçant en groupe dans ces zones.

Des associations de patients ou familiales (CISS, Fnath, Unaf) ont réclamé, la semaine dernière, des mesures plus dirigistes, comme la limitation des installations dans les zones surdenses, déjà acceptée par les infirmières. L'Ordre n'en veut pas.

Aux côtés de syndicats de médecins libéraux, il a déjà bataillé contre une disposition de la loi «Hôpital, santé, patients, terri­toire», qui prévoyait un coup de main régulier des médecins de centre-ville à leurs confrères de banlieue ou de campagne, sous peine de sanctions financières. L'auteur de la loi, Roselyne Bachelot, a «mis entre parenthèses» cette mesure.

«Toute mesure coercitive est dissuasive »

Pour le président du Conseil national de l'ordre, Michel Legmann, «toute mesure coercitive est dissuasive. On a déjà un amoncellement de contraintes, des gardes à la pape­rasse, aux emprunts ou au harcèlement des contrôles des caisses; si on en rajoute, plus personne ne voudra faire ce métier».

Un discours récurrent des syndicats médicaux, que les données de l'Ordre semblent étayer: 8,6% seulement des nouveaux inscrits de 2009 se sont installés en libéral.

La proportion ne cesse de reculer au fil des ans.

En radiologie, discipline souvent pointée du doigt comme la plus lucra­tive, moins de 5% des nouveaux spécialistes ont fait le choix de l'exercice libéral.

«Aucun opthalmo, ajoute le Dr Legmann, ne s'est installé en libéral en région parisienne depuis trois ans. Et pourtant, là aussi, c'est rémunérateur. C'est donc que le problème est ailleurs.»

Un autre signe va dans le même sens: la progression du nombre de remplaçants, surtout parmi les généralistes. Ils sont désormais 10 006. Parmi eux, des jeunes bien sûr, mais pas seulement: 10% ont même obtenu leur diplôme il y a au moins vingt ans.

Ce qui signifie qu'ils sont de plus en plus nombreux à choisir de devenir «remplaçants professionnels» plutôt que de s'installer, voire à dévisser leur plaque pour échapper à la lourdeur de la gestion d'un cabinet.

Le rapport que l'ancienne ministre de la Santé, Élisabeth Hubert, remettra vendredi à Nicolas Sarkozy vise justement à répondre au malaise des «médecins de proximité».



Un rapport sur la médecine de proximité qui se fait attendre

Le Monde, 23 novembre 2010

Commandé par le président de la République pour la fin du mois de septembre, le rapport d'Elisabeth Hubert sur la médecine de proximité se fait attendre. Souhaitons que le remaniement ministériel qui vient d'intervenir ne renvoie pas aux oubliettes ses conclusions, avant même qu'elles n'aient été publiées.

La mission était ardue : en demandant à Mme Hubert, en mai dernier, de plancher sur la médecine de proximité, Nicolas Sarkozy lui confiait un sujet brûlant et lui laissait habilement le soin de faire des propositions sur des sujets qui fâchent, notamment la "répartition géographique de l'offre de soins de proximité", et le "développement de modes de rémunération plus adaptés à l'évolution du métier de médecin généraliste".

M. Sarkozy voulait-il signifier à Mme Hubert qu'elle avait la charge de remettre en cause les deux principes sacro-saints de la médecine libérale française que sont la liberté d'installation et le paiement à l'acte ? A en croire les déclarations faites par l'intéressée ces dernières semaines, il semble que cette ancienne ministre "Juppette" se soit saisi de sa mission avec détermination.

Mais, dans le contexte de mouvement social d'envergure, et au lendemain d'élections professionnelles qui ont agité le corps médical, peut-être n'est-il pas prudent pour la droite d'inquiéter l'électorat naturel que sont à ses yeux les médecins. Fugacement pressentie pour assumer les fonctions de ministre de la santé, Elisabeth Hubert devrait donc présenter ses conclusions à un président de la République qui a choisi de confier le ministère de la santé à Xavier Bertrand chargé aussi (et avant tout ?) de l'emploi et du travail.

En attendant, il est plus que temps de réfléchir avec audace aux moyens de rationnaliser l'offre de soins ambulatoires sur le territoire national, et de trouver une alternative au paiement à l'acte des professionnels de santé libéraux. Les maisons de santé pluridisciplinaires, que le président de la République a appelées de ses vœux, peuvent être des lieux propices pour des expérimentations ambitieuses dans ces domaines. Mais, jusqu'ici, une volonté politique nationale a manqué pour encourager dans ces maisons autre chose qu'un simple regroupement peu concerté de professionnels libéraux rémunérés à l'acte.

S'ATTAQUER AUX INÉGALITÉS D'ACCÈS AUX SOINS

Outre le regroupement pluridisciplinaire de professionnels de santé, il conviendrait de développer dans de telles structures trois axes prioritaires.

En premier lieu, il est nécessaire d'y intégrer des actions de prévention, d'éducation thérapeutique et, plus largement, des activités d'ordre médico-socio-psychologique, en lien avec les services publics existants.

Par ailleurs, il est impératif de faire de telles "maisons" des terrains de stage accueillant les professionnels en formation : c'est une condition indispensable pour rendre ces structures, implantées en zones déficitaires en offre de soins, attractives pour de jeunes professionnels.

Enfin, il est indispensable d'y expérimenter des pratiques de rémunération vraiment alternatives au paiement à l'acte. Dans ces conditions, les enveloppes forfaitaires attribuées par l'Assurance-Maladie devraient aller au-delà d'un simple appoint de la rémunération à l'acte, et pourraient avoir vocation à se substituer à celle-ci, sans pour autant être moins attractives pour les professionnels que ce mode de paiement, dont Elisabeth Hubert a dit elle-même qu'il est "à bout de souffle".

Il est peu probable cependant que le gouvernement et le président acceptent de suivre Mme Hubert si elle faisait de telles recommandations.

Pourtant, à l'heure où les projections sur le nombre et la répartition des médecins "de proximité" en exercice dans les années qui viennent sont des plus alarmants, et au vu d'une étude récente montrant qu'un Français sur quatre renonce aux soins pour des raisons financières, il convient de s'attaquer de front aux inégalités géographiques et sociales d'accès aux soins, qui sont une blessure pour notre pacte républicain.



Ladislas Polski est aussi conseiller régional PACA, délégué aux Maisons régionales de la santé
Ladislas Polski, médecin, secrétaire national à la santé du Mouvement républicain et citoyen

lundi 22 novembre 2010

Médecine : des praticiens retraités plutôt qu'étrangers

Le Figaro, 23/11/2010

L'Ordre des médecins recense 5.612 médecins «retraités actifs».

Le papy-boom bat son plein chez les médecins et le desserrement progressif du numerus clausus des étudiants en médecine -depuis la fin de la décennie 1990- commence à peine à faire sentir ses effets. Résultat: une décrue annoncée du nombre de médecins dans les prochaines années.

Surtout dans les campagnes et les banlieues, où les partants ne trouvent pas de successeurs, les «carabins» étant plutôt attirés par les grandes villes et les régions ensoleillées.

Pour retarder et adoucir le phénomène, à défaut d'y remédier, l'Ordre des médecins mise sur les jeunes retraités. Il veut les convaincre de cumuler pension et activité.

L'Ordre recensait, au 1er janvier 2010, 5.612 «retraités actifs». Un chiffre en nette hausse (4.098 un an plus tôt).

Mais «je voudrais encore le doubler», déclare le Dr Legmann, président du conseil national.

Depuis quelques années, le cumul d'un revenu d'activité libéral est possible avec celui d'une pension, sans plafond, à condition de bénéficier d'une retraite de base à taux plein (donc d'avoir «tous ses trimestres», ce qui est rare pour les médecins en raison de leurs longues études, ou d'avoir atteint 65 ans).

Mais les médecins doivent encore cotiser à leur caisse retraite -sans générer de droits à pension supplémentaires- avec un mode de calcul qui crée des effets de seuils pouvant dissuader des candidats à la poursuite d'une activité à temps partiel.

L'«escroquerie» aux médecins roumains

Le recours aux praticiens étrangers est aussi souvent présenté comme une solution.

Ils étaient 1.0165 inscrits au tableau de l'Ordre le 1er janvier 2010, soit un bond de 20,6% en trois ans seulement (ces chiffres n'incluent pas les diplômés hors Union européenne qui n'ont pas obtenu d'équivalence et ne peuvent travailler qu'à l'hôpital public).

Les Roumains sont, cette année, un peu plus nombreux que les Belges. Problème: «Les deux tiers de ces confrères ont choisi d'exercer en activité salariée et ils affichent une nette préférence pour les régions à haute densité médicale», observe l'Ordre.

«Dire qu'ils vont résoudre le problème des déserts médicaux, ce sont des balivernes!», s'exclame Michel Legmann.

Le président de l'Ordre s'était inquiété l'an dernier d'un «problème de niveau» des praticiens roumains et bulgares.

Il met cette fois en garde les collectivités locales contre les agences qui, moyennant rémunération, se font fort d'attirer dans les campagnes françaises ces diplômés étrangers: «Elles exploitent un filon, promettent tout et n'importe quoi, mais n'expliquent pas aux médecins Roumains les conditions d'exercice en France. Au bout de quelques mois, ils disparaissent souvent, alors que la mairie a investi pour leur rénover un local ou leur payer une secrétaire.» Et de conclure noir sur blanc: «C'est de l'escroquerie!»

Qu'est-il arrivé au Dr Yves Benhamou?

- Le "french doctor" était trop bavard, France Soir, par Jérôme Sage le 06/11/10

Un médecin français a été arrêté aux Etats-Unis où il fait l’objet de poursuites pour délit d’initié. Il est accusé d’avoir transmis des informations stratégiques sur des essais cliniques qu’il supervisait pour le compte d’un laboratoire.

Le centre de convention Hynes de Boston, dans l’état américain du Massachusetts, lundi dernier. Des chercheurs du monde entier sont rassemblés pour cinq jours, autour du « Liver meeting », un congrès de médecine consacré aux maladies du foie. Parmi ces médecins, Yves Benhamou, 50 ans. Gastro-entérologue, hépatologiste, ses travaux sur l’hépatite C, sur les liens de ce virus avec le sida lui ont donné une réputation internationale. Qu’ils se déroulent à Bangkok, à Hawaii, à New York ou à Vienne, il est de tous les congrès. A Paris, il exerce sa spécialité au prestigieux centre hospitalier de la Pitié-Salpêtrière.

Dans les allées, entre les étudiants, les jeunes docteurs et les barons de la médecine venus partager leurs recherches, il y a aussi des agents du FBI. Ils sont venus arrêter Yves Benhamou. Lui poser des questions, et faire passer la justice, puisque deux plaintes le visent.

L’une pénale, émanant du FBI, l’autre civile, déposée par la Securities and Exchange Commission (SEC), l’instance chargée de surveiller les marchés boursiers à la recherche de fraudes.

En cause, des faits de « criminalité en col blanc » : un supposé délit d’initié. Un délit grave en France, un « crime fédéral » aux Etats-Unis, constitué dès lors qu’un investisseur achète ou vend des actions en étant influencé par des informations dont ne disposent pas les autres acteurs d’un marché.

Nom de code « Albuferon »

Décembre 2007. En plus de ses consultations hospitalières, Yves Benhamou travaille pour l’entreprise Human Genome Sciences Inc. (HGSI), un concepteur et fabricant industriel de produits pharmaceutiques. En projet, l’Albuferon, un nouveau médicament pour le traitement de l’hépatite C.

Avant d’être mis sur le marché, de nombreux tests sont nécessaires, à la fois pour évaluer son efficacité et mettre en lumière des risques pour la santé.

Ces tests en sont à la phase 3, une étape cruciale puisqu’ils sont faits sur 2.250 patients humains, dans le monde entier.

Yves Benhamou est alors l’un des cinq membres du « comité de pilotage » du projet Albuferon, qui quelques jours plus tard doit présenter les résultats de cette étude à une commission indépendante chargée de la sécurité des médicaments. Une commission qui a le pouvoir d’autoriser la poursuite des recherches jusqu’à une éventuelle commercialisation du médicament, ou de les arrêter.

Vu les sommes astronomiques consacrées à la recherche pharmaceutique, une telle interdiction signifie des pertes énormes, démultipliées par l’influence d’une telle « mauvaise nouvelle » sur la valeur boursière de HGSI.

Benhamou, conseiller de l’ombre

Or, sur les quelques milliers de « cobayes » humains de cette phase 3, deux ont connu, en prenant ce médicament expérimental, des problèmes pulmonaires graves. L’un d’entre eux est mort. Une embûche majeure pour l’Albuferon, qui risque du coup de ne jamais voir le jour.

La date fatidique de la publication de ces résultats est fixée au 23 janvier 2008. Jusque-là, tous les chercheurs associés au projet sont tenus au secret le plus strict. Parmi eux, donc, Yves Benhamou. Dans les heures et les jours suivant la publication de ces résultats, l’action HGSI à la bourse perd 44 % de sa valeur. Une catastrophe pour de nombreux investisseurs.

Pourtant, un actionnaire massif de l’entreprise, le fonds d’investissement FrontPoint, spécialisé dans les technologies médicales et pharmaceutiques, basé sur la côte est américaine et dans le célèbre paradis fiscal des îles Caïman, s’en tire à merveille.

Dans les six semaines précédant cette annonce, il s’est débarrassé de plus de 6 millions d’actions HGSI, évitant des pertes estimées à 30 millions de dollars. Bien joué, peut-être même un peu trop…

« Vends tout »

Car en se penchant un peu plus précisément sur ces ventes massives d’actions, le FBI et la SEC ont découvert un troublant manège.

Yves Benhamou se révèle, en plus de ses consultations hospitalières et sa collaboration au « projet Albuferon », avoir une troisième casquette, celle de consultant plus ou moins officiel pour l’un des gestionnaires de portefeuille boursier du fonds FrontPoint…

Ainsi, les deux plaintes contre Yves Benhamou recensent de nombreux échanges – e-mails, coups de téléphone, conversations par messagerie instantanée… – qui ne peuvent que rendre suspect le médecin français d’avoir rompu ses obligations de confidentialité, et de s’être rendu coupable de délit d’initié.

Exemple : le 10 décembre 2007, Yves Benhamou est à Hawaii, pour un congrès sur les hépatites. Il envoie un mail à son contact de Frontpoint, suggérant une conversation. Les deux hommes se téléphonent.

« Immédiatement après cet appel », selon l’agent spécial Michael Howard qui a rédigé la plainte du FBI, le contact du fonds d’investissement joint un cadre de FrontPoint, qui joint à son tour un trader, donnant l’ordre suivant : « prépare-toi à vendre la moitié des actions HGSI ». L’inquiétude grandit, alimentée par les informations du médecin.

Le 18 janvier 2008, à moins d’une semaine de la publication des résultats des tests qui vont sonner la mort de l’Albuferon, Benhamou les reçoit par courrier électronique. Dans les minutes qui suivent, il contacte son « ami » du fonds d’investissement par téléphone. Qui, sept minutes après l’appel, sonne l’alarme à l’oreille d’un trader : « Vend les actions HGSI. Toutes. »

En attendant son transfert à New York dans les prochaines semaines, Yves Benhamou attend dans une cellule de Boston. Il risque 25 ans de prison pour « conspiration » et « fraude boursière ». Ainsi finit peut-être le parcours brillant d’un médecin qui a fait le serment de protéger le secret médical, pris aujourd’hui en faute pour d’autres secrets…

vendredi 19 novembre 2010

Après l’hôpital, le gouvernement promet de s’occuper de la médecine de proximité

jim.fr, 19/11/2010

Dans cette jungle acérée qu’est l’univers politique, les passations de pouvoir sont de furtifs (et hypocrites) moments qui doivent mettre du baume au cœur. Avenue de Ségur, lundi 15 novembre, on avait plus entendu autant d’éloges depuis longtemps.

Ce furent notamment ceux qu’adressèrent Roselyne Bachelot à Roselyne Bachelot affirmant que la loi Hôpital patient santé territoire (HPST) était « la plus grande réforme de notre système de santé depuis les grandes décisions du général de Gaulle en 1958 » semblant donc estimer aussi importants la fondation des Agences régionales de santé (ARS) et le pouvoir accru aux directeurs d’hôpitaux que la naissance des CHU.

Puis, ce fut au tour du nouveau ministre Xavier Bertrand de confirmer le caractère « gigantesque » de la loi HPST. N’en déplaise à ceux qui fondent tous leurs espoirs dans le retour du maire de Saint Quentin aux affaires, telle l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) qui a souhaité qu’en découle un dialogue aussi constructif que par le passé, pour Xavier Bertrand « la réforme de l’hôpital (…) doit être conduite jusqu’à son terme ».

La médecine de proximité a besoin aujourd’hui d’attention.

Cependant, période pré-électorale oblige et nécessité extrême de renouer avec les médecins libéraux dont la défiance à l’égard du gouvernement sous l’ère Bachelot n’a cessé de croître, l’attention de Xavier Bertrand et de Nora Berra se concentrera plus certainement sur la médecine de proximité.

« Il faut moderniser, simplifier, faciliter les conditions d’exercice de la médecine de proximité » a présenté en guise de feuille de route le nouveau ministre avant de marteler en une formule aussi vide que vaste : « La médecine de proximité a besoin aujourd’hui d’attention ».

Le programme ne devrait pas déplaire aux syndicats de médecins libéraux, dont deux se sont très fortement félicités du retour de Xavier Bertrand aux affaires (la Confédération des syndicats médicaux français, CSMF et le Syndicat des médecins libéraux, SML).

Où l’on reparle de la rémunération au forfait

L’avenir sera-t-il lourd de désillusions ? Les propositions que remettra la semaine prochaine Elisabeth Hubert au Président de la République sur ce que l’on nomme donc désormais la « médecine de proximité » ne semble guère de nature à susciter la discorde, si l’on excepte son attachement à l’introduction d’une rémunération forfaitaire, qui représente toujours un sujet délicat pour les syndicats.

A l’occasion de la Conférence "Economie Santé", organisée hier par le Quotidien du médecin et les Echos, Elisabeth Hubert a en effet plaidé, comme trois associations de patients avant elle, pour le développement d’une rémunération forfaitaire, parallèlement au maintien d’un paiement à l’acte. Elle a également souligné l’importance de mieux rétribuer les structures où les soins sont dispensés.

Quelles que soient les solutions adoptées, une simplification s’impose : « La rémunération actuelle est complexe avec de multiples majorations. Je défends une "classification commune des actes médicaux" (CCAM) clinique de grille de tarifs simples ».

On relèvera par ailleurs d’autres similitudes avec les propositions présentées la veille par le Collectif interassociatif des associations de santé (CISS), la Fédération nationale des accidents du travail (FNATH) et l’Union nationale des associations familiales (UNAF) : l’ancien ministre de la santé prône le développement de la télémédecine et des coopérations entre professionnels de santé.

Cependant, bien sûr, elle n’envisage nullement de restreindre la liberté d’installation et suggère de relancer les incitations financières ou encore d’en appeler aux médecins retraités !

Enfin, elle a insisté sur la nécessité de réformer les épreuves classantes nationales (ECN) qu’elle considère en inadéquation avec les besoins.

« La formation que nous délivrions en 1958 dans les facultés de médecine n’est plus celle qu’il convient de dispenser en 2010. Elle est trop spécialisée, centrée sur l’hôpital et cela concourt à la désaffection de la médecine générale ».

Qui lancera la plus grande réforme de l’internat mené depuis Napoléon ?


Aurélie Haroche

jeudi 18 novembre 2010

Un député PS appelle déjà à la démission de Nora Berra

LEXPRESS.fr et AFP, 17/11/2010

Deux jours après son entrée au gouvernement, la secrétaire d'Etat à la Santé fait déjà l'objet d'une polémique suite à ses déclarations sur le médicament Mediator.

Le député socialiste Gérard Bapt a appelé mercredi à la démission de la nouvelle secrétaire d'Etat à la Santé Nora Berra, en raison de propos qu'elle a tenus sur le médicament Mediator et de ses liens supposés avec l'industrie pharmaceutique.

Dans un communiqué, le député socialiste se dit "scandalisé" par des propos tenus par Nora Berra mardi sur i-Télé, cités mercredi par le Figaro.

Elle a alors indiqué à propos du Mediator, un médicament anti-diabète qui, selon les estimations des autorités sanitaires, a fait en 33 ans au moins 500 morts : "Il faudra voir la relation d'imputabilité entre le médicament et ses effets. Donc il y a un gros travail de compilation de données, de connaissance et d'expertise à faire sur ce dossier".

Nora Berra "conforte les communiqués de dénégation du laboratoire Servier", estime le député. Servier produisait le Mediator, aujourd'hui interdit à la vente.

Au lendemain de sa nomination au gouvernement, le député s'était déjà interrogé sur les éventuels conflits d'intérêt de Nora Berra et sur ses liens avec l'industrie pharmaceutique pour laquelle elle a travaillé pendant dix ans, avant d'entrer en 2009 au gouvernement comme secrétaire d'Etat chargée des Aînés.

Pour Gérard Bapt, le Premier ministre "devrait constater qu'il n'a pas nommé Madame Berra au bon poste et lui demander de démissionner, sous peine que le gouvernement ne soit à nouveau empêtré dans un conflit d'intérêt interminable".

mercredi 17 novembre 2010

L'hyperspécialisation des médecins remise en cause

Le Figaro, 17 novembre 2010

Le président de la Fédération hospitalière privée s'oppose au discours habituel sur la qualité des soins.

Spécialisation extrême des médecins ou proximité géographique des établissements de santé?

Pour le président de la Fédération hospitalière privée (FHP), Jean-Loup Durousset, la France ne peut plus refuser de choisir.

«L'hyperspécialisation pèse sur l'économie de notre système de soins. Il y a vingt ans, par exemple, un orthopédiste opérait tous les problèmes d'os. Puis il y a eu les spécialistes des membres inférieurs et des membres supérieurs. On a maintenant un chirurgien de la main, un chirurgien du coude et un chirurgien de l'épaule», explique, dans un entretien au Figaro, le représentant patronal des cliniques, qui ouvre jeudi à la Défense les dixièmes Rencontres de la FHP.

Même chose pour la chirurgie viscérale, où l'on trouve par exemple des praticiens se consacrant uniquement au foie.

Conséquence: «Les coûts explosent. Pour assurer un service d'urgences chirurgicales 24 heures sur 24, il ne faudra bientôt plus trois ou quatre orthopédistes, mais trois ou quatre spécialistes de la main, autant de spécialistes du coude, de l'épaule, de la hanche ou du pied. C'est intenable pour le public comme pour le privé, sauf si on diminue en parallèle le nombre d'établissements en les regroupant.»

Jean-Loup Durousset reconnaît que le coût global de cette tendance «n'a jamais été évalué».

Mais «le nombre d'opérations par chirurgien a été divisée par quatre en vingt ans», affirme-t-il. «Dans le privé, ils maintiennent leurs revenus en augmentant les dépassements d'honoraires. Dans le public, cela se traduit par une hausse de la masse salariale pour des volumes stables.»

Et, au final, des hôpitaux en déficit ou des dépenses supplémentaires pour l'Assurance-maladie, qui les finance.

Un discours à contre-courant

Le président de la FHP, qui publie un livre intitulé "Le privé peut-il guérir l'hôpital?", prône donc d'inverser cette tendance à la spécialisation croissante.

Un discours à contre-courant de celui tenu par les autorités scientifiques ou politiques ces dernières années, pour qui la spécialisation est un gage de qualité: plus un acte est répété fréquemment, mieux il est effectué.

«Je ne remets pas en cause ce principe mais il n'est pas mis en pratique, plaide Jean-Loup Durousset. En matière de cancer du côlon, le seuil de qualité devrait être fixé à 300 opérations par an, en réalité les autorisations d'exercer sont accordées dès 30 opérations par équipe de chirurgiens! Tout cela parce qu'on veut avoir des hyperspécialistes dans tous les établissements

Jean-Loup Durousset assure que de nombreux médecins sont partants pour revenir en arrière, «car à effectuer la même tâche pendant 20 ou 30 ans, ils éprouvent une lassitude que chacun peut comprendre».

Mais inverser la vapeur, prévient-il, risque de se heurter aux praticiens hospitalo-universitaires, car «plus on a multiplié les spécialités, plus on a multiplié les postes de professeurs…»

jeudi 11 novembre 2010

Le grand souk du PAES

Références

- Les étudiants en médecine tassés dans l'amphi, ouest-france.fr, 23 octobre 2010

samedi 30 octobre 2010

Les accablantes irrégularités du service de chirurgie cardiaque du CHR de Metz

Le Point, 30 octobre 2010

L'enquête progresse et les charges s'accumulent sur le service de chirurgie cardiaque de l'hôpital Bon-Secours au CHR de Metz dont l'activité a été suspendue en urgence il y a trois semaine, à la suite de la découverte d'une surmortalité opératoire suspecte.

Le Dr Jean-Yves Grall, à la tête de l'Agence régionale de la santé (ARS) de Lorraine, qui avait pris cette décision exceptionnelle, a alors confié à plusieurs experts une mission d'inspection complémentaire.

Le premier volet portait sur le fonctionnement médical du service, l'autre sur l'activité privée exercée dans cet hôpital public par le patron de l'unité, le Dr Pierre-Michel Roux.

Selon nos informations, les faits constatés par les enquêteurs, et notamment trois médecins spécialistes éminents, sont accablants.

La mortalité globale enregistrée dans le service au cours des dix premiers mois de 2010 est identique à celle de 2009, et représente près du double de la mortalité globale des services analogues français.

La mortalité liée à des opérations de remplacement des valves cardiaques a cru en 2010 par rapport à 2009 (21% contre 19%) et elle est près de 4 fois supérieure à la mortalité nationale dans cette même chirurgie.

Les pratiques médicales sont défectueuses, la pertinence des actes et des indications opératoires laisse parfois à désirer, les "indications sont peu discutées" et "il n'y a pas de réelle évaluation en termes de bénéfice-risque de l'intervention avant celle-ci", ni de "culture du développement des alternatives thérapeutiques", soulignent les enquêteurs.

Les compétences en question

L'accroissement de l'activité du service, au demeurant inférieure au seuil limite réglementaire, est recherché à tout prix. Les gestes opératoires sont "multiples et extensifs" dans un nombre étrangement élevé de cas.

C'est-à-dire que très souvent - trop, s'étonnent les experts -, lors d'un remplacement de la valve aortique, l'autre valve du coeur, la mitrale, est aussi changée.

"Certains de ces actes sont non validés, non indiqués, voire franchement délétères", tranchent les experts, et "beaucoup de ces gestes ne correspondent à aucune des recommandations des sociétés savantes françaises, européennes ou américaines". De telles mauvaises pratiques entraînent forcément de sombres résultats.

"Un nombre important de décès survient chez des patients peu âgés et à faible risque liés à des gestes longs et extrêmement complexes." Les temps anormalement longs de mise au repos du coeur et d'installation d'une circulation extra-corporelle nécessités par des durées d'opération elles-mêmes trop élevées induisent un nombre de chocs septiques post-opératoires important.

La question de la formation et de la compétence des intervenants non chirurgicaux, en particulier en réanimation, est clairement posée par les inspecteurs.

Enfin, et c'est l'autre aspect, financier et déontologique, "l'activité privée du service connaît de graves irrégularités".

L'information reçue par le patient avant l'opération est opaque, il est mal ou il n'est pas du tout averti des dépassements d'honoraires qui lui sont souvent demandés.

Les devis préalables qui doivent réglementairement leur être soumis avant l'intervention sont curieusement souvent absents des dossiers médicaux stockés dans le service, et parfois ils sont signés rétroactivement, c'est -à-dire après l'intervention, ou incomplets, ou inexacts.

L'organisation de l'activité privée du Dr Roux est "non réglementaire, voire illégale". En 2009, les honoraires perçus par ce praticien, en plus de son traitement de médecin hospitalier, se sont élevés à 320.000 euros !

Nouvelle équipe chirurgicale

Sans plus attendre, le directeur de l'ARS, le Dr Jean-Yves Grall, a décidé la suspension d'exercice au CHR de Metz, à titre conservatoire, du Dr Pierre-Michel Roux avec engagement d'une procédure disciplinaire.

Il envisage une réouverture du service de chirurgie cardiaque du CHR messin dans plusieurs semaines, à la condition sine qua non de la reconstitution d'une nouvelle équipe chirurgicale.

Pour sa défense, le Dr Pierre-Michel Roux invoque une fragilité particulière des patients qu'il opère.

"Nous prenons en charge des malades à très haut risque chirurgical. Des malades âgés ou très âgés, porteurs de pathologies cardiaques gravissimes et de multiples autres pathologies associées. Refuser d'opérer ces malades aurait amélioré les statistiques de mortalité. Nous avons fait le choix d'opérer des patients et non celui des statistiques."

L'équipe de chirurgie cardiaque du CHR de Metz serait-elle l'ultime recours pour des malades qui ne seraient pas opérés ailleurs?

Le Dr Roux avance cet argument depuis plusieurs années lors de procès que certaines familles mécontentes ou endeuillées intentent contre lui. Comment encore y croire ?

Les experts balaient cette stratégie : ils ont calculé une nette surmortalité chez les malades à haut risque opérés au CHR de Metz par rapport aux malades à haut risque opérés dans tous les autres services de chirurgie cardiaques français.

À l'heure actuelle, les malades lorrains relevant d'une opération du coeur sont officiellement orientés vers les services spécialisés du CHU de Nancy ou de l'hôpital privé Claude-Bernard à Metz, au fonctionnement sans histoire.

mercredi 13 octobre 2010

Coût de la santé : le mensonge par omission du gouvernement

Le Monde, 13 octobre 2010

Le système de remboursement des dépenses de santé des Français est-il en train, insidieusement, de changer ?

Alors que devait être présenté en conseil des ministres, mercredi 13 octobre 2010, le budget 2011 de la Sécurité sociale qui prévoit de nouvelles mesures d'économie touchant les assurés sociaux, les sondages sur la perception du système de santé se multiplient.

Le dernier en date, réalisé par le Collectif interassociatif sur la santé avec Viavoice et rendu public mardi 12 octobre, souligne les craintes des Français sur l'évolution de leur prise en charge et aborde les renoncements aux soins.

Il s'en dégage que 53 % des sondés estiment que la priorité d'une réforme du système de santé devrait être de maintenir un bon niveau de remboursement par la "Sécu".

Pourtant, en présentant le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, fin septembre 2010, Roselyne Bachelot, la ministre de la santé, a rappelé que le "reste à charge" des Français ne s'élève qu'à 9,4 %, "signe que nous consolidons notre très haut niveau de couverture". Elle juge infondées les "plaintes régulières sur le désengagement de l'assurance-maladie". Circulez, il n'y a rien à voir ?

Il n'est pas sûr qu'un tel discours soit à même de convaincre.

Depuis 2004, ont été mises en place des mesures d'économies, comme le forfait de 1 euro par consultation ou la franchise sur les boîtes de médicaments. En 2011, le taux de remboursement des produits à vignette bleue devrait baisser de 35 % à 30 %.

L'effet de telles mesures fait débat. Certains y voient le signe d'un changement de système, d'autres affirment le contraire, rappelant que la prise en charge, à plus de 75 %, par l'assurance-maladie, reste stable.

Mais la ministre de la santé reconnaît à demi-mot une évolution, quand elle indique que le recentrage sur l'hôpital et la maladie grave est "une nécessité morale".

Il y aura bientôt un an, l'économiste de la santé, Didier Tabuteau, avait interpellé les pouvoirs publics en affirmant que, pour les soins courants, les remboursements ne s'élevaient plus qu'à 55 %. Il réclamait de la transparence et un débat public sur cette évolution rampante du système. Aucun chiffre précis n'avait alors été apporté en réponse.

Mais même si le taux de 75,5 % de prise en charge en 2009 est toujours mis en avant, beaucoup d'observateurs et de dirigeants du monde de la santé jugent peu à peu légitime d'aller interroger la réalité de plus près.

Discrètement, des chiffres à ce sujet ont été publiés dans les Comptes de la santé 2009, en septembre 2010. Issus d'un modèle de micro-simulation de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, ils détaillent les niveaux de remboursement selon que les patients sont, ou non, en affection de longue durée (ALD - cancer, diabète...) : si à l'hôpital la prise en charge reste pour tous supérieure à 90 %, en soins de ville la différence est nette.

Les patients en ALD y bénéficient d'un remboursement à 85 % par la "Sécu", quand les autres ne perçoivent effectivement que 55 %. Rien de plus logique à cela : si la part de l'assurance-maladie reste stable, comme les dépenses d'ALD ne cessent d'augmenter, d'autres postes ont diminué.

Expliquer que, pour les patients non atteints de maladies chroniques, seuls 55 % des soins de ville sont remboursés serait-il trop risqué politiquement ?

En tout cas, ce qui se dit entre personnes bien informées, les Français n'en entendent pour l'instant pas parler. Le débat est inexistant, comme s'il apparaissait évident qu'un consensus ne saurait se dégager sur la répartition des remboursements, voire que le sujet est trop complexe pour que la population s'y intéresse.

On peut pourtant se demander si ce défaut de pédagogie et ce rappel constant à un taux de prise en charge global, certes élevé mais qui ne correspond pas au ressenti d'une grande partie de la population, ne comportent pas tout autant un risque de remise en cause du système.

De même, les pouvoirs publics persistent à expliquer que le taux restant à la charge des assurés sociaux en France est de 9,4 %, soit l'un des plus bas des pays occidentaux.

Là encore, s'agit-il de l'indicateur le plus parlant pour les Français ? Ne faut-il pas ajouter, à ce qui leur reste concrètement à payer, les frais de complémentaires santé qui représentent une forte proportion du budget de certains ménages, et qui n'ont cessé d'augmenter, comme le dénoncent les associations de consommateurs ?

Face aux inquiétudes des Français, et à la poursuite des mesures de transfert de la "Sécu", il semble urgent d'y voir plus clair.

Le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie, qui a jugé nécessaire de consacrer son prochain rapport annuel au "reste à charge" des Français, pourrait apporter là une contribution précieuse. Ses membres s'apprêtent à en commencer l'examen.

Outre une mise à plat des niveaux de remboursement en fonction de l'effort fourni par les diverses catégories de population, il devrait s'attaquer à des questions délicates à trancher : quel doit être le rôle de l'assurance-maladie et le remplit-elle ? Quels indicateurs retenir pour évoquer au mieux le reste à charge des assurés et capter les évolutions du système, etc. ?

Ensuite, il faut l'espérer, le débat pourra sortir de la caricature et s'ouvrir à tous.

Courriel : clavreul@lemonde.fr. - Laetitia Clavreul (Service France)

mardi 12 octobre 2010

L'Europe se ligue contre les cancers rares

Le Figaro, 12 octobre 2010

Le Figaro se penche sur les « oubliés de la cancérologie » : « Les patients atteints d'un cancer rare souffrent souvent d'un diagnostic tardif. Ils peinent à accéder à des centres de prise en charge spécialisés. Sans compter les difficultés pour participer à des essais cliniques, bénéficier d'innovations thérapeutiques… ».

Le journal indique que « face à ces injustices, des représentants de malades, médecins, chercheurs, sociétés savantes, institutions et laboratoires pharmaceutiques se sont unis pour mener une bataille à l'échelle européenne. Les actions de ce consortium, nommé European Action Against Rare Cancers, ont été présentées la semaine dernière au congrès annuel de la Société européenne d'oncologie médicale (ESMO) qui se tenait à Milan (Italie) ».

Le Figaro note que « pour le consortium européen, l'objectif consiste désormais à trouver des partenaires et à mettre en musique 39 recommandations adoptées l'an dernier ».

Le Pr Paolo Casali, cancérologue à Milan, a ainsi déclaré qu’« il y a trois grandes priorités : adapter les essais cliniques, organiser la prise en charge des malades et permettre à ces derniers d'accéder aux nouveaux traitements ».
De son côté, Kathy Olivier, de l'Alliance internationale contre les tumeurs cérébrales, remarque : « Il est difficile de réaliser ce que vit une personne atteinte d'un cancer rare. Même dans les pays riches, ces malades ont parfois l'impression qu'on les laisse tomber. […] Nous avons désespérément besoin d'essais cliniques pour les cancers rares en Europe, c'est crucial ».

Le Figaro relève que « le problème, pour les chercheurs, est que les méthodologies habituelles sont inapplicables ». Le Pr Jean-Yves Blay, oncologue au centre Léon Bérard de Lyon et président de l'European Organisation for Research and Treatment of Cancer, indique qu’« il est difficile de réunir un grand nombre de patients et de monter des études randomisées. Et même quand on y parvient, les autorités sanitaires ne sont pas nécessairement convaincues ».

Le quotidien conclut cependant que « s'il reste beaucoup à faire pour améliorer la prise en charge de ces malades, la France n'est pas à la traîne. Dans le cadre du plan cancer, la prise en charge de huit cancers rares (dont les sarcomes et des tumeurs endocriniennes) est en train de s'organiser autour de centres de référence nationaux et régionaux ».

samedi 9 octobre 2010

Aide médicale d'Etat : ces vérités qui dérangent

Le Figaro, 8 octobre 2010

Depuis dix ans, les étrangers en situation irrégulière peuvent se faire soigner gratuitement en France grâce à l'Aide médicale d'Etat (AME). Mais le coût du dispositif explose. Afin de comprendre pourquoi, Le Figaro Magazine a enquêté auprès des médecins, des hôpitaux et des pharmaciens. Et fait réagir les associations.

Une enquête sur l'Aide médicale d'Etat? Sauve qui peut! Dans les ministères, les administrations, les associations humanitaires, la simple évocation de ce dispositif qui permet aux étrangers en situation irrégulière de se faire soigner gratuitement déclenche une poussée d'adrénaline.

«Le sujet est explosif! s'étrangle un haut fonctionnaire qui connaît bien le dossier. Vous voulez vraiment envoyer tout le monde chez Marine Le Pen?»

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a pris la mesure de l'hypersensibilité du dossier lorsqu'elle a timidement évoqué devant les parlementaires, en juillet, l'idée de faire acquitter aux bénéficiaires de l'AME une contribution forfaitaire de 15 à 30 euros par an.

Les associations ont aussitôt accusé Mme Bachelot de vouloir grappiller quelques euros sur le dos des damnés de la terre.

Silence gêné à Bercy, où l'on prépare un tour de vis sans précédent sur le train de vie de la nation: «coup de rabot» sur les niches fiscales, suppressions de postes de fonctionnaires, déremboursements de médicaments...

Mais toucher à l'AME n'est tout simplement pas prévu au programme de la rigueur. Le projet de budget pour 2011 prévoit même une augmentation de 10 % !

Depuis deux ans, la facture de la couverture médicale des sans-papiers s'envole. Son rythme de progression est trois à quatre fois supérieur à celui des dépenses de santé de tout le pays: + 13 % en 2009 (530 millions d'euros pour 210.000 bénéficiaires) et encore + 17 % au début de cette année.

De toute évidence, l'enveloppe de 535 millions d'euros prévue en 2010 sera largement dépassée. Pour l'an prochain, ce sont 588 millions d'euros que Bercy a mis de côté pour l'AME.

Soit, à peu de chose près, le montant des recettes fiscales que le gouvernement veut récupérer sur les mariés/pacsés/divorcés, ou encore le coût global du bouclier fiscal, qui fait tant couler d'encre.

Afin d'y voir plus clair, les ministères de la Santé et du Budget ont commandé un nouveau rapport à leurs services d'inspection.

L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'Inspection générale des finances (IGF) ont déjà planché à deux reprises, en 2003 et en 2007, sur les nombreuses dérives de l'AME et ont émis des recommandations qui ont été partiellement suivies par les pouvoirs publics... des années plus tard.

Ainsi, il a fallu attendre cette année pour que les attestations d'AME soient plastifiées et comportent la photo du titulaire.

Pourquoi tant de gêne? Echaudé par la séquence «identité nationale» et l'affaire des Roms, le gouvernement n'a visiblement aucune envie d'exacerber le ras-le-bol d'une opinion publique déjà exaspérée par la montée de la délinquance. Inutile non plus d'agiter un nouveau chiffon rouge sous le nez des associations, déjà très énervées par le projet de loi Besson sur l'immigration.

Ces dernières sont sur le pied de guerre, déterminées à défendre jusqu'au bout l'accès aux soins gratuit et sans restriction des sans-papiers. «Au nom d'une certaine idée de la France», martèle Pierre Henry, le président de France Terre d'asile, mais aussi parce qu'«il s'agit d'une question de santé publique» face à la recrudescence d'épidémies. Excédé qu'«on se serve de quelques cas particuliers pour faire des généralités» et jeter l'opprobre sur l'AME, Pierre Henry réfute toute idée de ticket modérateur: «Quand vous n'avez pas de ressources, chaque centime d'euro compte. Quand vous vivez dans une précarité extrême, il n'y a pas de médecine de confort.» La Cimade, association protestante très active auprès des sans-papiers, somme les pouvoirs publics de ne pas «stigmatiser encore un peu plus les étrangers».

Il n'empêche, les députés de droite, plusieurs fois lâchés en rase campagne sur l'AME par les gouvernements en place, ont l'intention de revenir à la charge. Au front, comme souvent sur les questions d'immigration, les députés UMP Claude Goasguen et Thierry Mariani n'entendent pas céder au «terrorisme intellectuel autour de ce dossier». A l'occasion de la discussion budgétaire, ces jours-ci, ils veulent ferrailler pour obtenir une «redéfinition des soins» éligibles à l'AME. En clair, réserver le dispositif aux soins d'urgence. «Il y a une vraie exaspération sur le terrain. Chacun doit maintenant prendre ses responsabilités», préviennent ces deux élus.

Pour la première fois, les parlementaires pourraient rencontrer le soutien de la communauté médicale. Car médecins, pharmaciens, infirmières et même certains militants associatifs commencent à dénoncer un système sans limite ni contrôle, parfois détourné de son objectif initial, voire carrément fraudé.

C'est Laurent Lantieri qui, le premier, a mis les pieds dans le plat. Dans un entretien à L'Express publié début septembre, le grand spécialiste français de la greffe du visage a confié son agacement de voir les principes du service public «dévoyés» avec l'AME. «Soigner les étrangers en cas d'urgence ou pour des maladies contagieuses qui pourraient se propager me paraît légitime et nécessaire, prend-il soin de préciser. En revanche, je vois arriver à ma consultation des patients qui abusent du système.» Et de raconter l'histoire de cet Egyptien qui avait eu le doigt coupé bien avant de s'installer en France et demandait «une opération de reconstruction», prétextant qu'il n'avait pas confiance dans la médecine de son pays. «En réalité, poursuit le chirurgien, ce monsieur s'était d'abord rendu en Allemagne, mais il jugeait bien trop élevée la facture qu'on lui avait présentée là-bas. Une fois en France, il avait obtenu l'AME et il estimait avoir droit à l'opération!» Ce que Laurent Lantieri lui refusa.

Du tourisme médical aux frais du contribuable? Claudine Blanchet-Bardon n'est pas loin de le penser. Cette éminente spécialiste des maladies génétiques de la peau voit parfois débarquer à sa consultation de l'hôpital Saint-Louis des patients AME venus du bout du monde exprès pour la voir. «Je vais vous dire comment ça se passe, confie-t-elle. Ils tapent le nom de leur maladie sur internet au fin fond de la Chine, tombent sur mon nom parmi d'autres et découvrent qu'en France, ils peuvent se faire soigner gratuitement. Ils arrivent clandestinement ici, restent tranquilles pendant trois mois et débarquent à ma consultation avec leur attestation AME, accompagnés d'un interprète. L'interprète, lui, ils le payent.» Le coût des traitements au long cours de ce type d'affection se chiffre en dizaines de milliers d'euros par an.

Avec certains pays proches comme l'Algérie, l'affaire est encore plus simple. Un cancérologue raconte, sous le couvert d'anonymat : «Nous avons des patients qui vivent en Algérie et qui ont l'AME. Ils viennent en France régulièrement pour leur traitement, puis repartent chez eux. Ils ne payent que l'avion...»

De plus en plus de médecins réclament un «véritable contrôle médical lors de l'attribution de l'AME». Ou, au moins, un accord de la Sécu avant d'engager certains soins. Car, à la différence de l'assuré social lambda, le bénéficiaire de l'AME n'a nul besoin d'obtenir une «entente préalable» avant d'engager des soins importants. C'est ainsi que des femmes sans-papiers peuvent faire valoir leurs droits à des traitements d'aide médicale à la procréation. «Pur fantasme!» s'insurgent les associations. «Elles ne sont pas très nombreuses, mais on en voit...» répond une infirmière d'une grande maternité de l'est de Paris, choquée que «la collectivité encourage des femmes vivant dans la clandestinité et la précarité à faire des enfants». Chaque tentative de fécondation in vitro (FIV) coûtant entre 8000 et 10.000 euros, la question mérite effectivement d'être posée.

Le député Thierry Mariani n'en finit pas de citer cet article paru il y a deux ans et demi dans Libération* qui raconte l'histoire incroyable d'un couple de Camerounais sans-papiers qui voulait un enfant. Monsieur est «séropositif, il a deux autres femmes et sept enfants au Cameroun». Suivi en France pour son sida, il vient de se marier pour la troisième fois, mais sa jeune femme «n'arrive pas à être enceinte» et «s'est installée dans la banlieue parisienne depuis qu'elle a décidé de tenter une FIV. (...) Sans papiers, elle est en attente de l'Aide médicale d'Etat». Les médecins étaient, paraît-il, «perplexes» face à cette demande, mais ils finiront par y accéder.

A l'heure où les hôpitaux croulent sous les déficits, «cette distribution aveugle de l'AME», selon le mot de Mme Blanchet-Bardon, finit par excéder les praticiens hospitaliers, «coincés entre leur devoir de soignant et les limites de la solidarité nationale».

Pierre Henry, de France Terre d'asile, balaie les allégations de tricheries : «S'il y a des abus, les premiers coupables sont les médecins.» Mais le corps médical renvoie, lui, vers la Caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) qui délivre le précieux sésame. «Nous, on est là pour soigner, pas pour vérifier les attestations AME», souligne un médecin urgentiste.

Le problème est que la CPAM ne fait elle-même qu'appliquer des textes d'une extrême légèreté, les seules conditions requises pour obtenir l'AME étant trois mois de résidence en France et des ressources inférieures à 634 euros par mois. Les demandeurs étant clandestins, le calcul des ressources relève de la fiction. «Nous prenons en compte les ressources au sens large: il s'agit plutôt des moyens de subsistance», explique un travailleur social, qui concède n'avoir aucun moyen de vérifier les dires du demandeur.

En l'absence de données fiables, la situation des bénéficiaires de l'aide médicale est l'objet de vastes débats. Pour les associations, «l'extrême précarité» des immigrés clandestins justifie pleinement leur prise en charge totale par la solidarité nationale. Une affirmation qui doit être quelque peu nuancée. Selon une enquête réalisée en 2008 par la Direction des études du ministère des Affaires sociales (Drees) auprès des bénéficiaires de l'AME résidant en Ile-de-France, «près de 8hommes et 6femmes sur 10 travaillent ou ont travaillé en France». Il s'agit essentiellement d'emplois dans le bâtiment, la restauration et la manutention pour les hommes, de ménage et de garde d'enfants pour les femmes.

L'hôpital représente un peu plus des deux tiers des dépenses AME, le solde relevant de la médecine de ville. Très souvent refusés par les praticiens libéraux en secteur II (honoraires libres), ces patients fréquentent assidûment les centres médicaux des grandes villes où toutes les spécialités sont regroupées. «Comme c'est gratuit, ils reviennent souvent», soupire une généraliste qui se souvient encore de la réaction indignée d'une de ses patientes, tout juste régularisée, à qui elle expliquait qu'«elle allait dorénavant payer un peu pour ses médicaments, et que pour (eux) aussi, c'était comme ça...».

Aucun soignant - ni aucun élu d'ailleurs - ne remet en cause l'existence de l'AME ni sa vocation dans la lutte contre la propagation des épidémies, notamment de la tuberculose, en pleine recrudescence. Dans l'est de Paris, une épidémie de gale qui avait frappé un camp d'exilés afghans l'an dernier a pu être éradiquée efficacement grâce à l'aide médicale. Mais c'est la gratuité généralisée des soins qui choque un nombre croissant de médecins et de pharmaciens.

Dans cette officine proche d'une gare parisienne, on voit défiler chaque jour une dizaine de clients avec une attestation AME. «Pour la plupart, c'est de la bobologie: aspirine, sirop...» raconte la pharmacienne, qui vérifie avec soin les documents présentés. «La paperasserie, c'est l'horreur. Les attestations papier sont tellement faciles à falsifier.»Parfois, la clientèle AME est plus nombreuse, comme dans ce quartier du Xe arrondissement de Paris où les bobos cohabitent avec une forte population immigrée. «Sur 60ordonnances par jour, je fais une vingtaine d'AME», raconte la gérante d'une pharmacie. Dans le lot figurent presque à chaque fois deux ou trois trithérapies (traitements anti-sida) et autant de Subutex (traitement de substitution à l'héroïne). «Le reste, poursuit-elle, ce sont généralement des traitements pour les petites maladies des enfants, des gouttes, des vitamines, car nous avons une forte communauté asiatique dans le quartier.»

Les pharmaciens sont particulièrement vigilants sur le Subutex, objet de tous les trafics. Même si la Sécu veille au grain, il est bien difficile d'empêcher un patient muni de son ordonnance de faire la tournée des pharmacies pour se fournir en Subutex avant de le revendre. Le tout sans débourser un euro. Il y a deux ans, un vaste trafic de Subutex, via l'AME, a été démantelé entre la France et la Géorgie. «L'AME, c'est une pompe aspirante», insiste un autre pharmacien, las de distribuer toute la journée gratuitement des médicaments de confort et des traitements coûteux à «des gens qui n'ont en principe pas de papiers en France, alors que les petites dames âgées du quartier n'arrivent pas à se soigner».

Sur le terrain, l'explosion des dépenses a été ressentie par tous. Et chacun a son explication. Pour les associations, c'est le résultat de la politique anti-immigration du gouvernement. Le durcissement du droit d'asile aurait rejeté dans la clandestinité un nombre plus élevé d'exilés. En outre, les sans-papiers, craignant plus que jamais d'être interpellés, attendraient la dernière minute pour aller se faire soigner. «De plus en plus de patients arrivent chez nous dans un état de santé extrêmement délabré», souligne-t-on à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dont les 45 établissements ont vu leur facture AME grimper de 16 % l'an dernier (à plus de 113 millions d'euros). Des soins plus complexes et des durées de séjour plus longues font flamber les coûts.

Les travailleurs sociaux ont aussi noté depuis le printemps 2009 un afflux d'immigrants d'Europe de l'Est et de l'ex-Union soviétique: des Roumains et des Bulgares (souvent des Roms), mais aussi des Tchétchènes, des Kirghiz, des Géorgiens, et même des Russes. Les associations sont débordées par ces arrivées de familles entières. «On ne va pas pouvoir accueillir tout le monde», soupire Geneviève, permanente dans un centre d'accueil pour étrangers, qui se souvient d'un Roumain arrivé en France il y a peu, avec pour seul bagage un petit bout de papier sur lequel son passeur avait écrit: «Ici boire manger dormir argent.»

* Libération du 24 janvier 2008.

jeudi 7 octobre 2010

Espérance de vie : les Etats-Unis reculent au classement des pays industrialisés

Le Monde, 7 octobre 2010

L'espérance de vie ne fait plus guère de progrès aux Etats-Unis et le pays recule au classement des grands pays industrialisés en la matière, selon une étude américaine publiée jeudi 7 octobre.

Les chances de vivre encore quinze ans pour les hommes de 45 ans sont ainsi en recul par rapport à douze autres pays, affirme l'étude menée par l'université Columbia pour le Commonwealth Fund, un centre de réflexion sur la santé.

Les Etats-Unis se plaçaient en 2005 au dernier rang de ce classement, alors qu'en 1975 ils occupaient la troisième place. Les Américains vivent par exemple 5,7 années de moins "en bonne santé" que les Japonais, assure l'étude.

Selon le classement de l'étude, c'est en Australie que les hommes ont le plus de chances de survivre quinze ans après 45 ans, suivie en 2e position par la Suède, puis au 3e rang par l'Italie et la Suisse. Le Royaume-Uni est 5e devant les Pays-Bas, le Canada, le Japon. La France, la Belgique et l'Allemagne sont ex-aequo à la huitième position. Les Etats-Unis arrivent lanterne rouge dans ce classement.

Quant aux Américaines de 45 ans, elles ont un taux de survie à quinze ans qui égale celui des Suissesses, des Suédoises et des Japonaises à leurs niveaux de 1975.

SYSTÈME DE SANTÉ INEFFICACE ET ONÉREUX

"Les Etats-Unis sont à la traîne des autres pays en terme d'espérance de vie et les causes communément citées pour expliquer cela – l'obésité, le tabagisme, les homicides – ne sont pas les facteurs à blâmer", estiment les chercheurs.

"Si les Américains ont plus tendance à être obèses aujourd'hui, c'était déjà le cas par rapport aux autres pays en 1975", affirme l'étude. Quant au tabagisme, relativement comparable dans les pays industrialisés, il a connu un plus fort déclin aux Etats-Unis.

"Le fait que les Américains dépensent davantage en matière de santé mais vivent moins longtemps et en moins bonne santé a conduit à faire dire à certains que le système de santé aux Etats-Unis est inefficace en soi", explique l'étude.

"Les dépenses de santé par tête d'habitant ont progressé aux Etats-Unis à un rythme deux fois supérieur à celui d'autres pays entre 1970 et 2002", notent les chercheurs.

Le président américain Barack Obama a promulgué au début de l'année une loi historique visant à étendre à terme la couverture-santé à 32 millions d'Américains supplémentaires.

mercredi 6 octobre 2010

Les Urgences de Paris au bord de l'explosion dans l'indifférence générale

Urgences, ça explose à Paris, 6 octobre 2010

Depuis quelques jours, la situation dans les services d'urgences des hopitaux de Paris se tend sérieusement. A l'image du service de l'hôpital Tenon, en grève et à deux doigts d'exploser. Voiçi la lettre qu'a adressé, hier, mardi, le chef des urgences de l'hopital la Pitié, Bruno Riou, au professeur André Grimaldi, un des portes paroles des médecins hospitaliers, pour expliquer la situation. Inquiétant, pour le moins.

Cher André

Un point sur la situation du SAU de Tenon et la réunion de crise qui s'est tenu au siège de l'APHP ce soir. Un bref rappel: le SAU de Tenon est en grande difficulté depuis de nombreuses semaines en terme d'IDE avec un épisode de quasi fermeture avec demande de délestage total début septembre (qui n'a débouché sur aucune mesure de fond!), une fermeture de l'Unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) depuis 12 jours, et ce week-end une impossibilité de faire fonctionner l'ensemble du SAU avec l'arrêt de travail inopiné des 3 dernières IDE prévues pour l'accueil. Conséquence, une surcharge immédiate considérable de Saint-Antoine avec une conférence téléphonique de crise qui s'est tenue dimanche, arrachée par les urgentistes à l'administrateur de garde de l'APHP (48 heures pour l'obtenir !). Lors de la réunion de ce soir, la Collégiale des chefs de service d’urgence de l'APHP, menée par son Président Enrique Casalino, a exprimée sa colère devant une situation qui était prévisible de longue date et une gestion qui n'a pas été à la hauteur de la gravité du dysfonctionnement. La Collégiale a notamment:

- marqué sa désapprobation de n'avoir pas été mise dans la boucle très tôt pour anticiper et gérer ces problèmes graves;

- a constaté qu'il y avait eu fermeture de l'UHCD depuis de très nombreux jours ce qui constitue d'une part une fermeture de fait d'une structure d'urgence et une mise en danger des patients; la Collégiale a affirmé le principe suivant lequel la dernière structure qui doit fermer dans un hôpital c'est bien le SAU et que l'UHCD est indissociable du SAU; personne n'a semblé contredire ce principe;

- a constaté l'incapacité de Tenon à maintenir coûte que coûte son SAU ouvert et l'incapacité de l'APHP à mobiliser ne serait-ce qu'une IDE sur Tenon pour maintenir une UHCD ouverte.

La réunion a ensuite cherché à dégager des solutions pour refaire fonctionner le SAU de Tenon dés demain. Il a été rappelé que la situation ordinaire de Tenon (10 à 15 patients couchés sur des brancards faute de lits) est en soit une situation totalement inacceptable. Il est clair que le rabotage des emplois IDE et AS a abouti à exposer le SAU (mais aussi l'ensemble de l'hôpital Tenon) à une situation de précarité extrême sans aucune marge de manoeuvre pendant la période déjà habituellement difficile de septembre à décembre du fait que les recrutements de nouvelles IDE n'interviendront pas avant décembre (jusqu'à 25% d'intérimaires les week-ends semble-t-il). Ont été également soulignées la crainte d'une contagion vers le SAU Saint-Antoine et une mobilisation syndicale importante, médicale et paramédicale. Enrique Casalino a souligné qu'il y avait toujours des marges de manoeuvres et que toutes les solutions n'avaient pas été mises en oeuvre pour améliorer le fonctionnement du SAU de Tenon notamment sur l'aval. Dominique Pateron et Etienne Hinglais ont souligné respectivement l'incapacité de Rotschild à assurer ne serait-ce qu'un peu d'aval pour le SAU de Tenon et la crainte, dans cette situation de crise, qu’on réoriente l’aval de Saint-antoine (déjà insuffisant) vers Tenon sans rogner les autres activités ce qui ne ferait que déplacer le problème. La DRH et la DSI du siège doivent se mobiliser pour aider au recrutement immédiat d'IDE sur le SAU de Tenon.

J'ai insisté sur le fait que des bruits alarmants touchant soit le personnel médical soit le personnel paramédical nous parviennent de très nombreux SAU (Beaujon, Jean Verdier, Mondor, Lariboisière) et que la situation de Tenon risque de faire des émules dans les semaines qui viennent. J'ai rappelé que l'engagement de l'APHP sur le plan urgence avait failli cette année du fait de l'incapacité de l'APHP a gérer les transformations de postes de praticiens attachés en praticiens contractuels ce qui allaient se traduire par l'incapacité de plusieurs SAU à recruter (voire fonctionner) et faciliter de nouveaux départs de l'APHP. J'ai souligné que nos équipes étaient consternées (certaines désespérées) de l'absence de réponse claire sur la poursuite du plan urgence APHP, et que l'absence de pilotage de la DPM depuis juillet n'était qu'un des éléments de cette absence de réponse.

Nous avons collectivement dit que, en l'absence de réponse adaptée de l'APHP, à la crise de Tenon comme aux crises inéluctables que nous sentons venir, nous nous réservons une totale liberté de parole vis à vis de la Direction comme de la CME et que nous envisageons dés maintenant la possibilité de communiquer vers la presse et de nous tourner vers l'ARS, malgré l'effet catastrophique sur les esprits de la sortie dans la presse du "plan ARS sur les urgences". Nous avons rappelé la lettre envoyée par la Collégiale à Jean-Yves Fagon et Benoît Leclerc en 2008 soulignant que nous étions d'accord pour envisager toutes les restructurations de structures d'urgences imaginables sous réserve que l'accueil des flux de patients soient maintenus, que le dimensionnement des locaux et des UHCD soient corrects, et que la mobilité interhospitalière des patients et l'aval des SAU soient garanties. En revanche nous ne sommes pas d'accord pour une politique de fermeture par pourrissement de la situation ou déstabilisation des équipes. Voilà, mon cher André, un résumé très personnel des évènements récents. Je suis persuadé que nous ne sommes qu'au tout début d'une crise majeure.

Bien amicalement.

Bruno Riou

Service d'Accueil des Urgences

CHU Pitié-Salpêtrière

mardi 28 septembre 2010

Le gouvernement prévoit 2,5 milliards d'économies pour l'assurance maladie en 2011

Libération, 28 septembre 2010

Plusieurs mesures marquent un recul de la prise en charge par l’assurance maladie: modification du dispositif du ticket modérateur, remboursement à 30% de médicaments actuellement remboursés à 35, etc.

Le budget 2011 de la Sécurité sociale prévoit 2,5 milliards d'euros d’économies pour la branche maladie, la plus lourdement dans le rouge. Ce qui devrait permettre de limiter son déficit à 11,6 milliards.

Sans les mesures inscrites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le déficit de la branche maladie du régime général (salariés du privé) aurait atteint 14,5 milliards d’euros, selon les chiffres présentés, plus tôt dans la journée, par la Commission des comptes.

Plus globalement, le gouvernement prévoit, dans le budget 2011 de la Sécurité sociale, de limiter à 21,4 milliards d’euros le déficit du régime général , toutes branches confondues du régime général (maladie, vieillesse, accidents du travail, famille). Soit un effort de plus de 7 milliards.

Or, d’après les chiffres de la Commission de comptes de la Sécurité sociale (CCSS), le déficit 2011 du régime général (salariés du privé) pourrait atteindre 28,6 milliards. Mais le gouvernement a corrigé cette prévision, pour tenir compte des mesures de son Projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS).

Pour l'assurance maladie, plusieurs mesures marquent un recul de la prise en charge. Si elles ne représentent que 10% de l’effort financier, ce sont sans doute les plus délicates à faire passer auprès de l’opinion.

Les médicaments actuellement remboursés à 35%, à vignette bleue, ne le seront plus qu’à 30%.

A l’hôpital, le dispositif du ticket modérateur sera modifié défavorablement pour les patients.

Actuellement, les patients paient 20% de leur poche sur les actes jusqu’à 91 euros. Une participation forfaitaire de 18 euros est ensuite appliquée au-delà. Le budget 2011 prévoit de relever le seuil de 91 à 120 euros.

La plus grosse part de l’effort (1,2 milliards) portera sur le «renforcement de l’efficience du système de soins», les hôpitaux et le secteur du médico-social (personnes âgées et handicapées) étant particulièrement visés, mais aussi sur l’encadrement des prescriptions des médecines de ville.

Le gouvernement compte par ailleurs réaliser près de 900 millions d’euros d’économies grâce à des baisses de prix des médicaments et des dispositifs médicaux, ainsi qu’à des baisses de tarifs de certains professionnels de santé (radiologie, biologie).

Pour la branche retraites, les mesures sont connues depuis plusieurs mois, dans le cadre de la réforme des retraites.

Trois sont notamment inscrites dans le PLFSS:
- hausse des cotisations sociales sur les stock-options et sur les retraites chapeaux,
- modification du mode de calcul des allégements généraux de charges patronales (qui doit rapporter 2 milliards d’euros).

Le budget 2011 prévoit aussi la hausse de 0,1 point des cotisations patronales pour la branche «accidents du travail et maladies professionnelles», ce qui doit rapporter 450 millions.

Le PLFSS ne pose pas que des mesures d'économie. Il prévoit notamment, pour les victimes de l’amiante, un délai rallongé de 4 à 10 ans pour tenter d’obtenir réparation auprès du fonds d’indemnisation de l’amiante.

Afin de permettre à plus d’assurés de compléter les remboursements de l’assurance maladie, le gouvernement va aussi relever le plafond de ressources pour bénéficier de l’Aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS).

Le gouvernement veut "garrotter l'hémorragie" de la Sécurité sociale

Le Monde, 28 septembre 2010

Faut-il s'en féliciter ? La meilleure tenue de l'emploi, notamment, va permettre au déficit du régime général de la Sécurité sociale de s'élever à 23,1 milliards d'euros en 2010, contre 26,8 milliards prévus en juin dernier, puis à 21,4 milliards d'euros en 2011, et non plus 28,6 milliards.

C'est ce que devait annoncer le gouvernement, qui doit présenter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2011, en fin d'après-midi ce mardi 28 septembre. Certes c'est moins que redouté, mais cela reste gigantesque. Rappelons qu'avant la crise, en 2008, il s'élevait à 10,2 milliards d'euros.

Pour le ministre du budget François Baroin, le principal objectif pour l'an prochain était de "garrotter l'hémorragie". La réduction du déficit attendra.

Sur les 21,4 milliards de 2011, seule la branche accidents du travail-maladies professionnelles ne devrait pas s'inscrire dans le rouge, mais dégager 0,1 milliard d'euros. Le déficit de la branche famille devrait s'élever à 3 milliards d'euros, et celui de la branche vieillesse, à 6,9 milliards.

C'est en fait l'assurance-maladie qui sera responsable de plus de la moitié du "trou" de la Sécu, à -11,6 milliards. Soit à peu près autant qu'en 2010.

Si le gouvernement se montre offensif en matière de réduction de déficit public, du côté de la santé, sujet très sensible et particulièrement complexe, s'est sur la stabilité qu'il mise. Pour cela, il faudra cependant maîtriser l'envol naturel des dépenses de santé, qui s'affiche entre 3% à et 4% par an.

Le président de la République avait d'ores et déjà annoncé au printemps que l'objectif national de dépenses d'assurance-maladie (Ondam) devrait s'afficher à 2,9% en 2011, soit pour la première fois sous la barre des 3%.

Environ 2,5 milliards d'économies devront donc être dégagés. Soit bien peu sur un total des dépenses qui devrait dépasser les 165 milliards d'euros.

Alors que pour beaucoup, augmenter les prélèvements obligatoires semble inéluctable pour rétablir l'équilibre de l'Assurance-maladie, ce plan, qui ressemble à ceux mis en place avant la crise, ne manquera pas de susciter de nombreuses réactions.

"Tout le monde parle de plan d'économies, mais il s'agit d'un plan de dépenses car ce sont au final 5 milliards d'euros supplémentaires par rapport à 2010 qui seront consacrés à la santé", explique Claude Le Pen, économiste de la santé (Paris Dauphine).

"On a le sentiment d'une politique qui consiste à mettre pour l'essentiel la poussière sous le tapis", estime pour sa part Marisol Touraine, député PS d'Indre-et-Loir, et chargée de la protection sociale au sein du parti.

Pour atteindre 2,5 milliards de réduction de dépenses, le gouvernement va demander des efforts aux laboratoires pharmaceutiques, aux professionnels de santé, mais aussi aux assurés eux-mêmes. Une hausse des cotisations des complémentaires de santé est donc à prévoir.

La mesure phare devrait concerner la baisse du taux de remboursement des médicaments à vignette bleue au service médical rendu jugé modéré (Smecta, Spasfon…). Jusqu'alors pris en charge à hauteur de 35%, ils ne le seraient plus qu'à 30%.

Déjà cette année dernière, plus de 150 médicaments de cette catégorie avaient été "rétrogradés" dans une autre, spécialement créée, qui regroupe désormais les produits remboursés à hauteur de 15% (vignette orange).

En revanche, le gouvernement a renoncé à augmenter le ticket modérateur payé par les Français lors de leurs consultations chez les médecins, infirmiers ou encore kinésithérapeutes.

Alors que jusque-là l'assurance-maladie prenait en charge 70% de la facture, le taux devait descendre à 69,5%. Mais la mesure, fortement décriée, était techniquement compliquée à mettre en place pour le système informatique de l'Assurance-maladie.

En outre, selon certains observateurs, avec 200 millions d'euros, l'économie était faible, comparé au risque politique.

Laetitia Clavreul

lundi 27 septembre 2010

Le déficit de la Sécu résiste aux plans d'économie

Le Monde, 28 septembnre 2010

Le gouvernement doit lever le voile mardi sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2011, confrontée à des déficits historiques.

Evalué à près de 27 milliards d'euros avant l'été, le déficit 2010 du régime général devrait finalement être un peu moins lourd, grâce à une embellie de l'emploi, mais il n'en atteindra pas moins un niveau record.

Selon Les Echos mardi, le déficit du régime général sera de 23 milliards d'euros, la réforme des retraites permettant tout juste de stabiliser le déficit de la branche vieillesse.

La commission des comptes de la Sécurité sociale doit surtout livrer mardi une première prévision pour 2011, qui sera rapidement corrigée dans la journée par le gouvernement, pour tenir compte des mesures du PLFSS.

"Notre objectif pour l'année prochaine, c'est de garrotter l'hémorragie et d'être en dessous si possible du niveau" de 2010, a confié dimanche le ministre du budget, François Baroin. Le volet vieillesse du budget a déjà été largement présenté dans le cadre de la réforme des retraites.

Pour l'assurance-maladie, la prévision de déficit présentée à la commission des comptes de la Sécurité sociale sera légèrement inférieure à 12 milliards d'euros, précise le quotidien économique.

Le gouvernement a fixé un taux ambitieux d'évolution des dépenses d'assurance-maladie, à + 2,9 %, alors que le rythme annuel ces dernières années s'était établi entre + 3 % et + 4 %. Mais il n'a pas encore dévoilé les mesures qui permettront d'y parvenir.

Les Echos ont fait état d'un plan d'économies de 2,5 milliards d'euros dans les tuyaux pour l'assurance-maladie, une information ni confirmée ni démentie.

Selon Les Echos et Le Figaro, une seule mesure importante a été abandonnée dans la dernière ligne droite : l'idée d'augmenter légèrement (de 0,5 point) le ticket modérateur qui reste à la charge des assurés pour les consultations de médecins, les analyses médicales ou les séances de kinésithérapie.

Les assurés seront tout de même mis à contribution : les médicaments, dont le service médical est considéré comme modéré (vignettes bleues), devraient voir leur taux de remboursement passer de 35 % à 30 %.

Associations de patients et syndicats de salariés ont déjà vivement protesté. De leur côté, les mutuelles santé, qui complètent les remboursements de l'assurance-maladie, ont déjà prévenu que de telles mesures conduiraient à une hausse de leurs tarifs.

dimanche 26 septembre 2010

La contestation de l'assurance-maladie et du gouvernement au coeur des élections professionnelles chez les médecins

Le Monde, 27 septembre 2010

Les quelque 120 000 médecins libéraux ont jusqu'à mercredi 29 septembre pour envoyer par la poste leur bulletin de vote pour leurs élections professionnelles. Cette fois, difficile de s'y retrouver.

Quel que soit le syndicat, le thème du combat est le même : sauvegarder la médecine libérale, et en son sein la médecine générale. Jugés responsables de la crise actuelle, le gouvernement et l'assurance-maladie sont vivement critiqués.

Patrick Hassenteufel, professeur de sciences politiques à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, constate pour ce scrutin "un contexte bien plus tendu" qu'habituellement. Il faut dire que "lors des dernières élections, ceux qui se sont inscrits dans la contestation l'ont toujours emporté", ajoute-t-il.

La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), votée en 2009, est vivement remise en cause, surtout par la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), première force en présence et opposante de la première heure à ce "texte liberticide", selon son président, Michel Chassang.

Réuni en université d'été ce week-end à Cannes, le syndicat, qui avait soigneusement évité d'inviter la ministre de la santé Roselyne Bachelot, a menacé de ne pas voter la prochaine convention avec l'assurance-maladie, si la loi n'était pas "nettoyée".

Tant que les élections ne sont pas passées, la contestation continue. Et ce, malgré la suspension par le gouvernement de l'application de mesures très décriées comme l'obligation pour les professionnels installés en zone surdotée en médecins d'exercer quelques demi-journées en zone déficitaire, et malgré la promesse de Nicolas Sarkozy d'une revalorisation des tarifs de consultation.

"Ce sont des actes que nous voulons", insiste Vincent Rébeillé-Borgella, secrétaire général de MG France.

Ce syndicat a soutenu la loi HPST, ce que ne manque jamais de rappeler la CSMF, son principal adversaire dans le collège des généralistes. Mais depuis, il a changé de président et adopte une attitude plus dure vis-à-vis du gouvernement.

Du côté des réformistes, auquel MG France appartient, c'est davantage la superpuissance des caisses primaires d'assurance-maladie (CPAM) qu'on dénonce.

Plusieurs généralistes sont ainsi engagés dans des procès en vue de se voir reconnaître le droit d'utiliser le même tarif que les spécialistes. L'Union généraliste, branche de la Fédération des médecins français qui fait campagne sur le thème du "harcèlement" des caisses, vient en outre de déposer huit plaintes pour "abus de droit".

"Double crise"

Tous les syndicats mesurent le ras-le-bol des "contrôles et autres tracasseries administratives" exercés selon eux par les caisses primaires. Ceux qui facturent 23 euros leur consultation ont ainsi été rappelés à l'ordre de leur caisse primaire. Ils répondaient à un appel de la CSMF réputée proche de l'assurance-maladie, qui avait lancé cette surfacturation anticipant la hausse du tarif prévue au 1er janvier 2011.

Pourquoi une telle tension, un tel malaise ? "Les médecins sont au coeur d'une double crise : de vocation, avec l'apparition de déserts médicaux, et de statut, avec le débat sur la liberté d'installation", explique Claude Le Pen, économiste de la santé (Paris-Dauphine).

Face à la montée du salariat, aux craintes d'étatisation exprimées par les syndicats, "c'est à celui qui défendra le mieux l'honneur perdu", ajoute-t-il. Ce qui explique que les lignes de fracture soient moins nettes.

Pour les syndicats, ces élections sont un enjeu de taille : des scores dépendra la possibilité, ou non, de négocier dans les prochains mois la nouvelle convention avec l'assurance-maladie.

L'issue du scrutin sera aussi observée de près par la majorité, qui saura alors dans quel sens orienter sa politique pour reconquérir avant 2012 cet électorat jusque-là plutôt acquis, mais qui reste marqué par sa non-participation à la campagne de vaccination contre la grippe H1N1. Les résultats seront connus lundi 4 octobre.

Laetitia Clavreul

mercredi 22 septembre 2010

Mireille Faugère va diriger l'AP-HP

AFP, 22 septembre 2010

Mireille Faugère a été nommée aujourd'hui en Conseil des ministres directrice de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) sur proposition de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, selon un compte rendu du Conseil.

Actuelle conseillère de Guillaume Pépy à la SNCF en charge des "grandes lignes", Mireille Faugère remplacera Benoît Leclerc, sur fond de tensions autour de l'adoption prochaine d'un plan stratégique à cinq ans visant à améliorer l'offre de soins tout en revenant à l'équilibre financier d'ici à 2012.

Selon ce plan, les 37 hôpitaux devraient être regroupés en 12 groupes hospitaliers. Par le jeu des regroupements et des mutualisations de moyens, la direction a évoqué la possibilité de supprimer entre 3.000 et 4.000 postes d'ici à 2012.

Avec près de 90.000 professionnels, l’AP-HP est le premier employeur d'Ile-de-France.

60% de la chirurgie est faite dans le privé

AFP, 22 septembre 2010

Les 1.100 cliniques et hôpitaux privés réalisent 60% des actes chirurgicaux en France et prennent en charge environ un tiers des hospitalisations, selon la première grande étude du secteur rendue publique aujourd'hui par la fédération de l'hospitalisation privée (FHP) révélée aujourd'hui.

Réalisé avec le groupe Montaigne, spécialiste du secteur hospitalier et le cabinet Mazars pour la partie financière, le premier rapport d'activité sur l'hospitalisation privée, destiné à être reproduit chaque année, se veut "une base d'information exhaustive et la plus objective possible" sur ce secteur qui a accueilli près de 7 M de séjours en 2008, soit environ 30% des hospitalisations en France.

Les cliniques et hôpitaux privés réalisent notamment 60% des actes chirurgicaux, 25% des séjours en médecine, 28% des accouchements, 30% des séjours soins de suite et réadaptation et 20% des hospitalisations psychiatriques.

Le secteur est en pointe dans le développement de l'activité ambulatoire avec 67% de part de marché en chirurgie, souligne aussi le rapport.

Avec 2 M de passages aux urgences (soit 14% des passages en France) dans les 126 cliniques autorisées en 2008, le secteur privé "représente un maillon indispensable du système de santé", selon cette étude.

Gros employeurs, avec 140.000 salariés, dont 49,5% d'infirmières diplômées d'Etat, les cliniques et hôpitaux privés couvrent la quasi-totalité des pathologies, y compris les pathologies lourdes, en dehors des greffes d'organes juridiquement réservées aux établissements publics et privés non lucratifs.

En 2007, 40.000 médecins exerçaient leur activité au sein de cliniques et hôpitaux privés (dont 36.000 libéraux).

Le secteur est toutefois confronté à un problème majeur de démographie médicale, de nombreux patriciens arrivant à l'âge de la retraite.

"La baisse des effectifs est particulièrement notable dans l'obstétrique (-6,7 %) et la pédiatrie (-9,6%), où le manque de médecins est souvent responsable de la fermeture des services et de la disparition de l'activité", note le rapport.