jeudi 24 décembre 2009

Entretien avec Olivier Lyon-Caen et André Grimaldi: "La loi sur les hôpitaux menace la qualité des soins"

LEMONDE.FR | 15.12.09

hon.ake : Bonjour, la crainte d'un service public hospitalier avec de moins en moins de moyens, de personnels et la crainte d'avoir des services de moindre qualité est-elle une réalité ?

André Grimaldi : La première chose qu'il faut souligner, c'est que dans la loi HPST (hôpital, patients, santé et territoires), le nom même de service public hospitalier a disparu. On ne parle plus que d'établissements de santé ayant des statuts différents.

Cette loi a été faite pour donner tout le pouvoir aux gestionnaires, avec comme mission l'équilibre financier, et pour obtenir cet équilibre, la réduction du personnel soignant. Le personnel, c'est 70 % des coûts de l'hôpital : infirmières, aides-soignants et médecins.

Ce qui est choquant, c'est que la ministre n'a cessé de dire qu'elle ne diminuait pas les emplois dans les hôpitaux, qu'elle les avait même augmentés. La réalité sur le territoire national, c'est une suppression programmée de 20000 emplois.

Plus de 1000 l'an dernier, 1 000 supplémentaires cette année, rien qu'à l'Assistance publique de Paris, sans aucune perspective médicale qui permette de comprendre ces suppressions. On vous dit : faites plus avec moins de personnel soignant.

C'est vrai dans les grandes villes, à Lille, à Lyon à Marseille...

MIUEL X. : Je suis un très ancien patient du groupe Pitié-Salpêtrière, étant passé tout d'abord par les services de neurochirurgie, il y a un peu plus de vingt ans. Aujourd'hui, avec tout ce paquet d'annonces gouvernementales pour l'avenir, l'hôpital ne deviendra-t-il pas une simple "machine à fric" ?

Olivier Lyon-Caen : L'hôpital ne deviendra certainement pas une "machine à fric". C'est même l'inverse. Il y a finalement, derrière tout cela, une gigantesque contradiction. D'un côté, on veut équilibrer les comptes de la Sécurité sociale et, pour cela, on met dans une même enveloppe l'hôpital public et les structures privées ; et de l'autre côté, on demande à l'hôpital de remplir ses missions en réduisant ses budgets.

Comment allons-nous pouvoir continuer à répondre à nos missions alors même que l'on rogne sur tout ce qui permet le fonctionnement, l'investissement, l'innovation ?

Le problème, ce n'est donc pas que l'hôpital devienne une "machine à fric", mais qu'il ne devienne une "machine à perdre". Et on est au seuil de cette rupture.

philippe : Quelles sont les menaces concrètes qui pèsent sur le système hospitalier, selon vous ?

André Grimaldi : La première menace, c'est que si l'on supprime des emplois de soignants (particulièrement des emplois d'infirmières), cela a deux conséquences. La première, c'est une menace sur la qualité des soins : si vous devez vous déplacer d'un service à l'autre, vous êtes obligé de changer de service pour boucher les trous. La deuxième, c'est qu'à un moment donné, le seuil est franchi et on décide de fermer l'activité, ou une partie de l'activité.

Quels critères retient-on pour fermer une activité ? On ferme celle qui est jugée non rentable. Par exemple, le sujet âgé qui a de nombreuses pathologies, qui a fait un accident vasculaire, il n'est pas rentable, donc peut-être vaut-il mieux garder une autre activité rentable. On choisit donc des critères qui ne correspondent pas à des critères de besoins de la population, mais de rentabilité financière. Comme le ferait une clinique privée.

Tarnier : On reproche à votre mouvement d'être corporatiste et immobiliste. Que répondez-vous ?

Olivier Lyon-Caen : Si l'on se réfère au passé, cette observation n'est pas fausse.
Jusqu'à ces dernières années, les mouvements médicaux hospitaliers étaient essentiellement corporatistes.
Aujourd'hui, cette situation est dépassée. La meilleure preuve, c'est l'union qui existe entre, d'un côté, les médecins, de l'autre, les soignants, y compris les syndicats, et enfin, un grand nombre de directeurs hospitaliers.

Il y a donc une convergence de tous les acteurs de l'hôpital pour aujourd'hui s'inquiéter profondément de la nouvelle politique mise en œuvre par les pouvoirs publics.

simplet : Mais ne dit-on pas que vous, les médecins, êtes mal organisés ? Que vous n'êtes pas là quand le personnel est là et vice versa ?

André Grimaldi : On dit beaucoup de choses, et sûrement peut-on faire des progrès en organisation.
Je remarque que la ministre (Roselyne Bachelot), qui a mis l'accent sur ce problème, a elle-même organisé la vaccination contre la grippe A. Comme modèle, heureusement qu'on fait mieux qu'elle. Le problème de l'organisation n'est pas facile.

A la Pitié-Salpêtrière par exemple, on a restructuré et regroupé trois services de cardiologie dans un grand institut du cœur. Pareil en neurologie. Je participe moi-même à la constitution d'un institut d'endocrinologie qui va regrouper cinq services.

Alors que les cliniciens sont prêts, cela fait quatre ans qu'on attend que les gestionnaires suivent. Au fond, cela aurait pu être un des sujets de la loi HPST. Or elle ne s'est pas préoccupée de cette question importante.

Chris : Compte tenu de l'état des comptes de la "Sécu", n'est-il pas nécessaire de rationaliser l'offre de soins ?

André Grimaldi : C'est évident qu'il faut rationaliser l'offre de soins. Mais on est étonné que des décisions simples, ayant un effet immédiat sur les comptes de la Sécurité sociale, ne soient pas prises.

Trois exemples : il y a, pour l'estomac, un médicament qui vaut beaucoup plus cher qu'un médicament absolument similaire : l'Oméprazole, qui vaut beaucoup moins cher. Si la Sécurité sociale décidait que seul l'Oméprazole serait utilisé, ce serait 100 millions d'euros d'économies immédiates.

Dans l'hypertension artérielle, il y a deux familles de médicaments d'efficacité identique. Si la Sécurité sociale faisait savoir à tous les médecins qu'il faut prescrire le médicament le moins cher, ce sont 400 millions d'euros qui seraient économisés. Ces chiffres sont communiqués par le médecin-conseil de la Sécurité sociale.

Dans ma spécialité, le traitement par pompe à insuline était géré par les hôpitaux. La Sécurité sociale a décidé de déléguer la gestion à des prestataires privés, Nestlé et Air liquide. Le coût de l'opération pour la Sécurité sociale a été multiplié par trois.

Des économies, on peut donc en faire. En organisation, mais aussi dans cette logique du business de la santé. Et on est étonné parfois de ce que la Sécurité sociale laisse filer.

JB Ricco : La restructuration des CHU (centres hospitaliers universitaires) a commencé depuis plusieurs années en province sans susciter beaucoup de remarques de la part de la presse généraliste, ni d'ailleurs de nos collègues parisiens, qui se sentaient à l'abri...

Olivier Lyon-Caen : Il est vrai que les restructurations en province ont commencé il y a de nombreuses années et que cela a mis du temps à venir à Paris. Cela tient à deux choses : d'abord, à la taille même de l'AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), qui est incomparablement plus lourde que les CHU de province ; d'autre part, je pense que cela est dû à une non-anticipation de l'impact que pourrait avoir la création d'un grand hôpital comme Georges-Pompidou sur l'organisation générale des soins dans toute une partie de Paris. Il y a eu probablement un défaut de planification.

Maintenant, le problème est un problème à la fois de volonté et de temps. Le problème de volonté, c'est que l'Assistance publique se trouve écartelée, finalement, entre des pouvoirs qui sont rarement compatibles les uns avec les autres : gestion quasi en direct des ministères de la santé et des finances, rôle de la mairie, rôle aussi de la région, puisque l'Assistance publique est un énorme prestataire pour la région Ile-de-France.

Et autant la mise en réflexion commune des intervenants me paraît être simple en province, autant elle a toujours été compliquée à Paris.

Deuxième chose : le temps. En fait, il y a trois étapes quand on veut faire bouger les choses : le temps de la réflexion, le temps de la conviction, et le temps de la réalisation.
La réflexion suppose qu'il y ait véritablement des gens qui soient au-dessus de la mêlée et qui entament un programme qui tienne compte de l'évolution des métiers.
La conviction : là, c'est vrai que le corps médical a une certaine inertie, pour ne pas dire une grande inertie. Mais, comme le disait André Grimaldi, on peut arriver à réfléchir, proposer et convaincre.
Le problème, c'est qu'entre le moment de la décision et celui de la réalisation, il s'écoule des années. Et là, on a pris à l'Assistance publique, sans aucun doute, un retard certain.

Jhon.ake : On voit de plus en plus de complexes hôpitaux-cliniques se former. Est-ce le signe avant-coureur de leur privatisation ?

André Grimaldi : Hélas, oui. Mais il semble que l'on veut aller vers un système mixte, mi-français, mi-américain, où il y aurait du public pour les urgences, les cas très graves, les personnes qui ne peuvent pas payer leurs soins, et le reste serait dans le privé commercial.

Il y a des gens qui pensent qu'on va mettre des cliniques privées au sein de l'hôpital public. Ainsi, le rentable irait au privé, et le non-rentable au public.

C'est une forme de privatisation qui va coûter beaucoup plus cher au pays, et surtout aux familles, aux citoyens. Il faudra avoir des mutuelles.

Olivier Lyon-Caen : Johnny Hallyday s'est fait opérer dans une clinique privée, mais dès que son état lui permettra de rentrer en France, il ira à l'hôpital.

Guest : Pourquoi accuse-t-on toujours les médecins d'être responsables des dépenses ? Les administratifs de l'hôpital travaillent-ils gratuitement ?

Olivier Lyon-Caen : Je ne pense pas qu'on puisse opposer administratifs et médecins. Chacun a son rôle. Et les administratifs sont là pour nous aider dans la réalisation d'un projet médical. Nous sommes complémentaires.

André Grimaldi : Ces réformes ont pour conséquence une inflation bureaucratique. On a augmenté les niveaux de décision – les directeurs, sous-directeurs – de 30 % en cinq ans.
Donc, on est dans une réforme de type libéral, mais on le fait à la française, avec la bureaucratie. On a les inconvénients des deux.

Leo : Doit-on démolir certains hôpitaux pour les reconstruire ? A Paris, Cochin ou la Pitié-Salpêtrière sont divisés en pavillons, on y perd un temps fou dans la circulation des malades vers les services techniques...

Olivier Lyon-Caen : Vous évoquez un problème très important : on a pris un retard considérable dans l'investissement hospitalier et l'architecture hospitalière.

Ce que nous défendons, c'est qu'il y ait une vraie politique d'investissement, de rénovation des hôpitaux, fondée sur les besoins de santé publique. Et c'est en rénovant et repensant l'organisation hospitalière que l'on pourra penser à une réduction des emplois.

Ce n'est que comme ça que l'on peut envisager d'influer sur le nombre des emplois de l'Assistance publique.

François : A propos du déficit de la "Sécu", on peut le réduire par les dépenses, bien sûr, mais aussi en augmentant les recettes ! Par exemple, en supprimant le bouclier fiscal. Non ?

André Grimaldi : Le président de la Cour des comptes avait fait remarquer que si l'on taxait normalement, par exemple, les stock-options, 3 milliards d'euros rentreraient dans les caisses de la Sécurité sociale. En période de récession économique, la Sécurité sociale perd des recettes.

De toute façon, ce serait à la population de décider la part qu'elle veut consacrer à la santé. On pourrait très bien augmenter d'un point la CSG. Cela suppose évidemment de lever le bouclier fiscal.

Il faut savoir que la France, par habitant, dépense exactement la même somme pour la santé que l'Allemagne ou le Canada : environ 3 500 euros par personne.

C'est un choix de société. Les Américains dépensent beaucoup plus que nous, pour un résultat nettement moins bon. Les Anglais dépensent moins, et ont des listes d'attente.

Nous sommes dans la moyenne. Mais vous avez raison, il faut augmenter les ressources de la Sécurité sociale.

Olivier Lyon-Caen: "L'hôpital est au bord de la rupture"

lejdd.fr, 18 décembre 2009

Le professeur Olivier Lyon-Caen est chef du service de neurologie de la Pitié-Salpêtrière et candidat PS aux élections régionales en IDF. Il décrypte les raisons de la crise.

Comment expliquer la mobilisation de nombreux chefs de service et médecins de l’AP-HP?

Ce n’est pas un mouvement qui émerge brutalement mais la suite de protestations qui se font entendre depuis de longs mois. La mobilisation implique aussi les infirmières, les aides-soignantes ainsi que les cadres hospitaliers. Nous nous inquiétons tous pour l’avenir du service public.

Pourquoi êtes-vous inquiets?

A cause de la politique actuelle de réduction massive des emplois mais aussi parce qu’il faudra du temps pour mettre en œuvre des restructurations qui soient fondées sur une cohérence médicale et pas seulement dictées par des impératifs financiers. Nous avons été d’autant plus surpris que tous les chefs de service sont désormais devenus des gestionnaires responsables.

Certains diagnostiquent une vraie crise existentielle dans les hôpitaux parisiens et osent la comparaison avec France Télécom…

Il n’y a pas de malaise existentiel chez nous. La vocation, l’envie de servir et d’aider restent chevillées au cœur et à l’esprit de tous les soignants, mais les pressions auxquelles ils sont soumis sont de plus en plus fortes. La situation des infirmières est particulièrement inquiétante. Il n’est pas rare qu’une seule d’entre elles ait, la nuit, la charge de 20 à 25 malades.

Comment faire pour changer en même temps un patient et la perfusion de son voisin de lit? Bien sûr, il y a des jours de récupération mais, comme on manque d’infirmières, elles n’ont pas le temps de les prendre. Bref, on est au bord de la rupture et toute réduction supplémentaire de personnel conduirait à la fermeture obligée de structures médicales. Or si on ferme des structures, on rentre dans un cercle vicieux. Mais peut-être est-ce ce à quoi aspirent certains de nos responsables politiques…

"On ne peut pas gérer l’hôpital comme une entreprise"

Craignez-vous un démantèlement de l’hôpital public?

On peut se poser la question. Au rythme où vont les choses, on peut très bien imaginer que, dans quelques années, les activités lucratives (les pathologies habituelles) seront confiées aux cliniques privées et que les activités coûteuses (urgences, pathologies lourdes, maladies rares ou liées à la précarité) resteront à la charge des hôpitaux publics. Le privé aurait tous les avantages, et en particulier celui de l’équilibre financier.

Pourquoi un tel démantèlement commencerait-il à Paris?

Contrairement aux autres CHU, l’AP-HP manque de soutiens politiques. C’est une tradition: le ministère de la Santé la gère directement. Pour des raisons historiques, le maire de Paris et le président de la région Ile-de-France ont peu de pouvoir. Si on faisait au CHU de Bordeaux ce qu’on fait actuellement ici, j’imagine quelle serait la réaction d’Alain Juppé.

Les pouvoirs publics soutiennent que le privé soigne aussi bien pour moins cher.
C’est faux. La comparaison qu’on utilise pour dire que le privé soigne à moindre coût est biaisée puisqu’elle ne prend pas en compte les salaires des médecins des cliniques.

Ne faut-il pas maîtriser les dépenses de santé?

On ne peut pas gérer l’hôpital comme une entreprise. Il y aurait bien d’autres manières de réduire les déficits avant de s’attaquer aux postes d’infirmières ou de médecins. Pourquoi ne pas mieux contrôler les dépenses de médicaments, par exemple?

En France, il n’y a aucune politique du médicament digne de ce nom. En Grande-Bretagne, tout est sévèrement contrôlé. Là-bas, certaines nouvelles molécules, utilisées dans le traitement des cancers, n’ont pas été mises sur le marché car elles ont été jugées trop coûteuses et peu efficaces au vu des résultats cliniques attendus.

Je n’invente rien: la Caisse nationale d’assurance-maladie a chiffré à plusieurs centaines de millions d’euros par an le coût des économies potentielles en incitant simplement à prescrire à efficacité égale le médicament le moins coûteux.

L’AP-HP a également engagé des regroupements hospitaliers. Pourquoi y êtes-vous opposés?

On n’est pas opposés au changement mais à son manque de cohérence. Il n’y a pas de réelle vision, pas de stratégie. On peut répartir autrement les personnels dans les hôpitaux à condition que les changements obéissent à des impératifs médicaux et que l’architecture des hôpitaux parisiens soit repensée.

Ces derniers sont morcelés en petits pavillons alors qu’on trouve ailleurs de grands bâtiments où l’on peut soigner avec moins de personnel. Rendez-vous compte: alors que les grands CHU de province ont été modernisés, à Paris, à de rares exceptions près, on n’a pas investi dans la construction depuis trente ans!

mercredi 16 décembre 2009

Pour une tarification hospitalière juste et efficace

Notes Terra Nova- Florent Hubert et Gustave Bomark* - 30 octobre 2009
http://www.tnova.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=1049

Le débat qui entoure la tarification à l'activité (T2A), vire parfois à l'excès, alors que la T2A est un instrument pertinent pour tarifer des actes techniques et standardisés. En revanche, selon Florent Hubert, directeur de cabinet de l’adjoint au maire de Paris chargé de la Santé publique et Gustave Bomark*, elle devra à terme être dépassée pour faire face aux défis de la médecine future.

Hôpital : menace de démission massive des médecins franciliens

Les Echos | 16/12/09

Fortement mobilisés contre les suppressions de postes envisagées, les médecins de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, réunis hier soir en assemblée générale, menacent de démissionner pour défendre une institution qu'ils estiment menacée.

Les praticiens hospitaliers de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), premier hôpital public français, ne relâchent pas la pression. Hier soir, ils ont tenu une assemblée générale à la Pitié-Salpêtrière à l'appel du Mouvement de défense de l'hôpital public (MDHP) et de collectifs de médecins et chirurgiens. Une réunion destinée à soutenir la démarche du très mesuré professeur Pierre Coriat, président de la Commission médicale d'établissement (CME), le « parlement » des médecins. C'est lui qui, au mois de novembre, a jeté un pavé dans la mare en menaçant de démissionner de ses fonctions administratives si, comme le dit la motion présentée à l'assemblée générale, « des emplois de soignants médicaux et non médicaux sont supprimés sans justification médicale ». En clair, si la prévision de suppression de près de 1.000 postes en 2010, dont 138 équivalents temps plein (ETP) médicaux, est confirmée en février.

Benoît Leclercq, directeur général de l'AP-HP, a présenté en CME, le mois dernier, le cadrage financier pluriannuel du futur plan stratégique 2010-2014, qui envisageait alors la suppression de près de 3.500 postes d'ici à 2012 (« Les Echos » du 23 novembre). Ceci, dans un contexte où l'AP-HP, qui compte 90.000 salariés - dont un turnover d'environ 6.000 employés par an -doit, d'ici à 2012, économiser plus de 300 millions d'euros sur les actes financés par la tarification à l'activité (T2A), tout en améliorant l'offre de soins. L'institution est pour cela engagée dans une vaste restructuration de ses établissements, avec leur regroupement en 12 pôles, dont les premiers doivent être opérationnels début 2010. Mais celle-ci suscite l'inquiétude et la défiance des salariés.

« En première ligne »
Derrière Pierre Coriat, 902 médecins, dont 31 présidents de CCM (comité consultatif médical) sur 37, 118 chefs de pôle sur 175 et 425 chefs de service sur environ 800, se sont eux aussi engagés à démissionner, selon le MDHP. « La communauté médicale est persuadée qu'avec la loi hôpital, patients, santé et territoires (HPST), elle est désormais en première ligne pour défendre l'institution », précise Pierre Coriat. « La CME est la seule institution indépendante qui peut défendre l'AP-HP, mais elle ne peut le faire que si elle a mené à bien la modernisation de l'offre de soins et les restructurations qui en découlent », ajoute-t-il.

Preuve que le coup de sang des médecins a commencé d'être entendu, la direction générale a proposé de ramener, pour 2010, la diminution du nombre de postes médicaux à 51 ETP, contre 138 initialement prévus. Après une rencontre avec Pierre Coriat la semaine dernière au ministère de la Santé, il a été acté que la CME proposerait en janvier des « projets restructurants qui permettront de dégager des marges de manoeuvre et donc des emplois, mais certainement inférieures à ce que souhaitait la tutelle », poursuit-il. Des négociations auront lieu avec la direction avant d'en présenter les résultats en février à la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Au ministère, on indiqu'il « n'y aura pas, en 2010, de retrait d'emplois par saupoudrage technocratique » et que « le chiffre de suppression de 1.150 emplois n'en est pas un pour le ministère, c'est un calcul administratif ».

Mais si le dialogue n'a pas été rompu avec la direction, les médecins maintiennent la mobilisation contre la suppression envisagée de près d'un millier de postes de personnel non médical. L'intersyndicale appelle de son côté à un rassemblement vendredi. « La menace de démission est réelle. Je ne veux pas aller vers une casse de l'institution », prévient Pierre Coriat. « Si nous nous battons, c'est parce que les suppressions d'emploi diminuent la capacité d'accès aux soins, et donc la mission de service public. Mais les restructurations ne suffiront pas à supprimer 1.000 emplois », craint le professeur Bernard Granger (hôpital Cochin), secrétaire du MDHP et fervent opposant à la loi HPST.

ISABELLE FICEK, Les Echos

Les chiffres clefs de l'AP-HP

-37 hôpitaux qui doivent être regroupés en 12 groupes hospitaliers (GH).
-personnel non médical : 71.800 agents (dont 16.700 infirmiers).
-personnel médical : 20.660.
-budget 2008 : 6,5 milliards d'euros contre 5,99 en 2007 et 5,84 milliards en 2006.
-dépenses de personnel en 2008 : 3,98 milliards, contre 3,89 en 2007 et 3,77 milliards en 2006.
-22.474 lits et 1.681 places de jour.
-1 million de prises en charge en court séjour.
-4,686 millions de consultations.
-1 million d'urgences.

mardi 15 décembre 2009

L’AP-HP fait face à la colère des médecins hospitaliers

LE MONDE | 15.12.09 | 10h50

Face à la perspective de suppression de plus de 1000 emplois en 2010 au sein de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le personnel hospitalier est inquiet, et les médecins tout autant.

Mardi 15 décembre, plusieurs dizaines de professeurs, menaçant de démissionner de leurs fonctions administratives, devaient se retrouver pour une assemblée générale à la Pitié-Salpêtrière à Paris, à l'appel de syndicats de médecins, de radiologues ou de chirurgiens, et du Mouvement de défense de l'hôpital public (MDHP).

Tous s'opposent à des suppressions de postes qu'ils jugent arbitraires et au plafonnement des emplois. Les syndicats de personnel soignant appellent pour leur part à un rassemblement devant le siège de l'AP-HP (Paris, 4e arrondissement), vendredi 18 décembre.

"L'INSTITUTION EST MENACÉE"

Pour le professeur Pierre Coriat, président de la Commission médicale d'établissement (CME) de l'AP-HP, instance de représentation des médecins, "l'institution est menacée". Pourtant modéré et réputé favorable aux restructurations, le professeur Pierre Coriat a fait grand bruit en annonçant, en novembre, qu'il démissionnerait de la présidence de la CME si les suppressions d'emplois n'étaient pas justifiées d'un point de vue médical. Il estime qu'elles font courir des risques sur l'offre et la qualité des soins.

Sa décision a été suivie d'un mouvement inédit de menaces de démission de leurs fonctions administratives de 31 présidents de comités consultatifs médicaux (CCM), dans les 37 hôpitaux de l'AP-HP. Selon le MDHP, qui a mené la contestation contre la loi Bachelot au printemps, 118 chefs de pôle (67% d'entre eux) et 423 chefs de service (plus de 50%) ont signé une menace de démission. Au total, 895 professionnels se disent prêts à rendre leur tablier.

Difficile de taxer les pétitionnaires d'immobilisme. Comme Pierre Coriat, se retrouvent dans l'initiative des professionnels investis dans la gestion des hôpitaux et de tous bords politiques. Ils ne sont opposés ni au principe des économies et des suppressions d'emplois, ni aux restructurations.

"GESTION COMPTABLE DES EMPLOIS"


Ces médecins sont en revanche très attachés au service public, qu'ils estiment menacé par des réductions d'effectifs inappropriées, ou par la perspective d'une convergence des systèmes de financement entre secteurs hospitaliers public et privé.

"La tension actuelle vient de l'intervention permanente du ministère de la santé, de son obsession idéologique pour la gestion uniquement comptable des emplois", juge le député (PS) Jean-Marie Le Guen, président du conseil d'administration de l'AP-HP. Une critique qu'il n'est pas le seul à formuler.

Le signal d'alarme a déjà été partiellement entendu: sur proposition de la CME, un accord a été trouvé avec la direction de l'AP-HP et le ministère de la santé, début décembre, réduisant de 138 à 51, le nombre de postes de médecins supprimés en 2010.

Mais les menaces de démission persistent. "Certes les emplois de médecins sont importants, mais pour les soignants, dont nous manquons déjà, ce sont des milliers d'emplois dont la suppression est envisagée dans les prochaines années", relève le professeur Olivier Lyon-Caen, chef du service de neurologie à la Pitié-Salpêtrière.

La CME proposera un compromis en janvier 2010, qui fera correspondre offre de soins et réduction d'effectifs. "Je n'envisage pas que nous arrivions à 1000 postes", prévient M. Coriat.

MALAISE DES SALARIÉS

Les syndicats des personnels soignants pointent, eux, le malaise des salariés, confrontés en 2009 à des réductions d'effectifs. "Rendre 1000 postes en 2010, c'est impossible, tout le monde a déjà des retards de congés", affirme Marie-Hélène Durieux, déléguée Sud-Santé à l'hôpital Tenon (20e arrondissement de Paris).

"Les gens craquent. Absentéisme, maladies longue durée… Tous les indicateurs sociaux sont au rouge", explique Olivier Cammas, de l'USAP-CGT. Il observe une montée des actions locales pour manque d'effectifs, comme ces derniers jours à Tenon et Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt).

Si l'année 2010 fait peur, les suivantes également. Il est prévu la réduction annuelle de 1000 postes de personnel soignant jusqu'en 2012 et plus. Pour revenir à l'équilibre, l'AP-HP doit dégager, d'ici à 2012, 300 millions d'euros, soit 100 millions par an. 20% pourront venir de recettes supplémentaires, mais 80% passeront par une baisse des dépenses, dans lesquelles les salaires représentent 70%. La direction s'appuiera sur les départs naturels. Tous les ans, le mastodonte AP-HP enregistre 6000 départs, sur un total de 90000 salariés.

SITUATION EXPLOSIVE

Un plan stratégique 2010-2014 est aussi en cours, qui suscite les craintes. Les 37 hôpitaux vont se transformer en onze groupes hospitaliers. Les rapprochements permettront des économies, notamment en supprimant des doublons entre hôpitaux. Mais ils engendreront forcément beaucoup de mutations… et certainement des conflits. "Il va falloir accompagner ces mouvements de personnel. Il y aura une information forte à construire", reconnaît Benoît Leclercq, le directeur général.

Chacun sait que la situation est vite explosive dans le vaisseau amiral des hôpitaux français, qui réalise 4 millions de consultations par an, 1 million d'hospitalisations, et qui accueille, en plus de 75% de Franciliens, de nombreux malades de province et de l'étranger.

Malgré son statut, l'AP-HP ne sera pas épargnée par les restructurations hospitalières: le gouvernement pointe régulièrement les problèmes d'efficience de l'hôpital public, y voyant un levier pour réduire le trou de la "Sécu".

Le sujet est politiquement sensible. Dans l'entourage de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, on assure qu'il n'y aura pas de "saupoudrage technocratique" des suppressions de postes. Si restructurer à marche forcée paraît compromis, l'objectif final demeure néanmoins.

Laetitia Clavreul

lundi 14 décembre 2009

Nicolas Sarkozy veut utiliser le grand emprunt pour financer le plan cancer

LEMONDE.FR | 14.12.09

Dans une interview au magazine de la Ligue contre le cancer, Vivre, dont le nouveau numéro sort en kiosques lundi 14 décembre 2009, le chef de l'Etat précise ses ambitions pour le plan cancer II, dont les grandes lignes avaient été dévoilées le 2 novembre à Marseille. Il y indique notamment que le grand emprunt doit servir à financer le plan.

"Pour la commission sur l'emprunt national présidée par Alain Juppé et Michel Rocard, l'e-santé [accès à l'information médicale en ligne] est une priorité d'avenir, explique Nicolas Sarkozy. Elle doit trouver à s'appliquer au cancer."

Le président souhaite proposer un programme personnalisé de l'après-cancer à "au moins 50 % des patients". "Il s'agit de transposer la philosophie du programme personnalisé de soins à l'après-traitement. Ce sont des principes simples : anticiper les problèmes pour mieux les régler, adapter la prise en charge aux besoins de chacun." Nicolas Sarkozy donne ainsi quelques exemples de cette prise en charge : "l'accès à des revenus de compensation, un soutien psychologique, ou encore, la reprise du travail".

Le président de la République indique par ailleurs qu'il vise une convergence des prix des cigarettes en Europe, rappelant qu'il a décidé "une augmentation [des prix] de 6 % qui est entrée en vigueur le 9 novembre". "Il faut évidemment viser une convergence des prix des cigarettes en Europe, ce doit être une priorité."

mercredi 9 décembre 2009

Plus de 12 000 médecins généralistes acceptent le paiement à la performance

Le Monde, 9 décembre 2009

Louis-Robert Paleotti a signé "sans hésiter". En 2010, ce médecin généraliste installé à Nice depuis trente ans ne sera plus seulement payé à la consultation, mais aussi à la performance, s'il améliore sa pratique selon des objectifs de santé publique et de prescriptions fixés par la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM).

Le contrat d'amélioration des pratiques individuelles (CAPI) qu'elle a mis en place en juin 2009 et la prime qui l'accompagne ont beau être considérés comme un danger par les syndicats et l'ordre des médecins, lui ne voit pas les choses ainsi.

Il est loin d'être le seul : 42 500 médecins sur 50 000 généralistes se sont vu proposer un CAPI. Le but de la CNAM était d'en convaincre 5 000 d'ici à la fin de l'année. Selon les chiffres qu'elle devait publier, mercredi 9 décembre, 12 600 généralistes avaient signé en six mois, soit 30 %. De quoi ravir l'assurance-maladie.

Mine de rien, le succès du CAPI est un sacré symbole. Certes, de nombreux médecins traitants ont pu adhérer par pragmatisme, voyant là le moyen d'augmenter leurs revenus alors que la hausse du tarif de la consultation de 22 à 23 euros qu'ils réclament depuis plusieurs années n'aboutit pas. Mais leur accord entérine un nouveau type de relations, sous forme de contrat individuel signé avec l'assurance-maladie, qui court-circuite la négociation collective et inquiète les syndicats.

En signant en nombre, les médecins montrent aussi que la profession, jusque-là attachée à son indépendance et à la pratique libérale, est prête à voir sa rémunération évoluer vers le paiement à la performance ou au forfait, comme cela se fait à l'étranger. C'est d'ailleurs l'un des points principaux des négociations qui viennent de commencer pour la signature, en 2010, de la future convention médicale liant la CNAM et les médecins.

Dans les Alpes-Maritimes, deux ou trois CAPI sont signés tous les jours et déjà plus de la moitié des médecins concernés ont adhéré. Les critiques sur le "flicage des médecins" qu'exercerait ainsi la CNAM font sourire le docteur Paleotti. Pour lui, c'est bien simple, "il y a déjà mainmise". "Tous les trimestres, je reçois la visite d'un délégué de l'assurance-maladie qui fait un point sur mes prescriptions." En bref, qui lui dit s'il travaille bien ou mal. "Le CAPI, c'est dans la logique des choses", lâche-t-il, philosophe. Ce qu'il semble être de manière générale.

Il trouve même plutôt des intérêts à la formule : elle est facultative, il s'agit "d'une carotte et non d'un bâton cette fois" et, surtout, c'est "un outil de travail intéressant" puisque le médecin se voit présenter des statistiques sur sa pratique qui peuvent l'aider à l'améliorer. "C'est grâce au CAPI que j'ai vu qu'il fallait que je sois plus attentif à mon suivi des patients atteints de diabète", explique le docteur Paleotti, qui fait plus de 10 000 consultations par an pour une "patientèle" variée.

"L'idée générale est d'enfin valoriser le temps consacré à la prévention", explique Jean-Jacques Greffeuille, le directeur de la Caisse primaire d'assurance-maladie du département. Concrètement, le CAPI fixe des objectifs à atteindre, décidés à partir de référentiels de la Haute Autorité de santé.

En matière de prévention, le médecin doit, par exemple, faire vacciner 75 % de ses patients de plus de 65 ans contre la grippe saisonnière ou obtenir un taux de 80 % de dépistage du cancer du sein chez les femmes de 50 à 74 ans. Il doit aussi améliorer le suivi des maladies chroniques (diabète, hypertension artérielle).

Enfin, il doit optimiser ses prescriptions - atteindre un taux de 90 % d'antibiotiques sous forme de génériques -, ce qui est très critiqué.

La prime, calculée selon la progression de réalisation des objectifs, pourra aller jusqu'à 7 000 euros par an et par médecin. Ce qui fait dire aux détracteurs du CAPI qu'il revient à "acheter les professionnels". L'ordre des médecins craint que la déontologie des praticiens, qui pourraient être soupçonnés de privilégier leur intérêt financier sur celui des malades, puisse être mise en cause.

Le docteur Paleotti ne croit pas à de telles dérives. Pour sa part, il ne devra qu'à peine modifier ses pratiques, puisqu'il atteint déjà presque tous les objectifs fixés. Du coup, sa prime ne devrait avoisiner que 1 000 euros. "Ce n'est clairement pas l'argent qui a dicté mon choix ! J'espère qu'il en va ainsi pour mes confrères", tranche-t-il.

Laetitia Clavreul

Les hôpitaux devront faire connaître leurs performances

Le Figaro | 9 décembre 2009 | Sandrine Cabut

À partir de janvier 2010, les patients pourront se renseigner sur leur lieu de soin, classé selon dix indicateurs de qualité.

Il en sera bientôt des hôpitaux comme des hôtels : tout un chacun pourra se renseigner sur la qualité de leurs prestations avant d'y séjourner. Performances en terme de lutte contre les infections nosocomiales mais aussi concernant la tenue des dossi ers des patients…

À partir de janvier 2010, la loi va obliger les établissements de santé à mettre chaque année à disposition du public dix indicateurs de qualité et de sécurité des soins. C'est ce qu'a indiqué mercredi Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé, lors d'une conférence de presse où elle a aussi salué les nets progrès des hôpitaux dans la prévention des infections nosocomiales (*). Plus ou moins sévères, ces maladies infectieuses contractées à l'hôpital, notamment lors des soins, feraient de l'ordre de 3 500 morts par an en France.

Pour mieux les prévenir, une démarche inédite d'évaluation et de transparence des établissements de soins a débuté il y a cinq ans dans notre pays. Depuis, le ministère de la Santé publie annuellement un tableau de bord où les hôpitaux sont notés (de A à E) sur un nombre croissant d'indicateurs. Pour l'année 2008, les scores progressent sur les principaux critères utilisés : consommation de produits hydro-alcooliques, indice de bon usage des antibiotiques, surveillance des infections du site opératoire, indice Icalin (qui reflète le niveau d'engagement de l'établissement) et un score qui agrège ces quatre indicateurs.

L'incidence des infections au niveau du site opératoire (zone où le patient a été opéré) est en diminution, s'est félicité la ministre de la Santé, tout comme celle des infections à staphylocoques dorés résistants aux antibiotiques de type méticilline et des accidents d'exposition au sang. Et la survenue d'infections urinaires et pulmonaires décroît dans les services de réanimation. Des progrès d'autant plus représentatifs qu'un nombre croissant d'établissements participent à l'évaluation. Seulement 38 ont été exclus du dernier tableau de bord pour ne pas avoir effectué de surveillance du site opératoire, alors qu'ils étaient 162 l'année précédente.

Les hôpitaux sont désormais notés sur d'autres critères. En 2008, la Haute autorité de santé (HAS) a ainsi généralisé cinq indicateurs portant sur la qualité du dossier médical (incluant le dépistage des troubles nutritionnels et le délai d'envoi des courriers à la sortie). D'autres sont en gestation. Reste à savoir comment ces informations seront accessibles aux usagers. Affichage dans les services, voire dans les chambres ? Les modalités pratiques ne sont pas encore déterminées, indique Annie Podeur, directrice de l'hospitalisation. Une chose est sûre, selon elle : la diffusion sur Internet ne suffira pas.

(*) Résultats détaillés sur www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr

http://www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr/les-infections-nosocomiales.html