mercredi 30 juin 2010

Raoul Briet: Un nouveau président à la tête de l'AP-HP

Le Figaro, 30 juin 2010

Raoul Briet, 57 ans, magistrat à la Cour des comptes, et président du Fonds de réserve des retraites, a été nommé ce mercredi à la présidence du premier hôpital de France.

La loi Bachelot a remplacé le conseil d'administration des hôpitaux publics par un conseil de surveillance, dont le président n'est plus automatiquement le maire de la commune ou son représentant. Il est élu parmi les politiques ou les personnalités qualifiées siégeant au conseil.

Application, ce mercredi, dans le premier hôpital de France : l'AP-HP (Paris) réunissait son premier conseil de surveillance. Il a porté à sa tête Raoul Briet, 57 ans, magistrat à la Cour des comptes, président du Fonds de réserve des retraites appelé à être liquidé -, membre de la Haute autorité de santé et ancien directeur de la Sécurité sociale.

Le plan 2010-2014 doit encore être entériné

Il a été élu par 8 voix contre sept au troisième tour… Sa candidature l'a emporté sur celle du député Jean-Marie Le Guen, président sortant au titre d'adjoint au maire de Paris.

Alors que l'AP-HP doit encore entériner son controversé plan 2010-2014, qui prévoit des suppressions de postes pour éliminer les déficits, le bouillonnant spécialiste des questions de santé et de protection sociale au PS a ainsi été battu par une « personnalité qualifiée » désignée au conseil de surveillance par… Claude Evin, directeur de l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France mais aussi ancien ministre socialiste de la Santé.

L'AP-HP se déleste de ses legs

Le Monde, 30 juin 2010

A vendre : dunes, forêts, château, immeubles... le tout appartenant aux Hôpitaux de Paris. Alors que, jusque-là, l'AP-HP cédait pour environ 10 millions d'euros par an de biens privés, souvent issus de legs, elle veut multiplier ce chiffre par deux ou trois cette année et les suivantes.

L'idée est de financer en partie la modernisation de son parc hospitalier, prévue dans le plan 2010-2014 qui sera bientôt voté. Au total, l'objectif est de récupérer de 200 à 400 millions d'euros sur quatre ans, dont la moitié en patrimoine non hospitalier.

La règle est toujours la même, "ni brader ni spéculer", selon le directeur général, Benoît Leclercq. L'AP-HP a vendu, ces dernières années, des trésors, comme le Théâtre Mogador (5,5 millions d'euros) ou un hôtel Holiday Inn (14 millions). Mais il reste quelques bijoux de famille, que certains s'attristent de voir partir.

Pour que les millions tombent, et vite, ce sont d'abord les "biens de prestige" facilement cédables qui sont proposés à la vente. Sept appartements, seize chambres de bonne, deux locaux d'activité : au 5, rue Andrieux, dans le 8e arrondissement de Paris, c'est tout l'immeuble qui est à vendre. Il devrait rapporter de 5 à 7 millions d'euros.

Six autres immeubles des quartiers chics seront mis peu à peu en vente, après accord du conseil de surveillance. Leurs adresses ne seront dévoilées qu'une fois les occupants prévenus. Il y a aussi des appartements isolés, comme ces petits lots issus d'un même legs, aux 6 et 8, rue Houdard-de-Lamotte, impasse du 15e arrondissement.

Et il n'y a pas que Paris. Du patrimoine foncier de l'AP-HP, on en trouve dans 30 départements. Dans les prévisions de cessions de 2010, il y a ainsi des pavillons à Pau, Fontainebleau ou Neuilly-sur-Marne, dont la vente est actée. D'autres, au Vésinet, aux Sables-d'Olonne ou à Laval, pourraient être votées. Héritage également d'un temps où il était de coutume de céder des biens aux hôpitaux, il reste aussi 681 hectares de terres agricoles, bois et forêts. Plus de 400 vont être cédés.

Malgré la vente, ces dernières années, de deux stades, d'une station-service et du terrain d'une mosquée, il demeure toujours des biens insolites. Au programme des cessions 2010, il y a 6 hectares de dunes à Berck, dans l'enceinte de l'hôpital maritime. En 2002, 192 hectares avaient déjà été vendus au Conservatoire du littoral, 3 500 euros chacun.

A vendre également, tous deux issus de legs du début du XXe siècle, le château de Cercamp, à Frévent, dans le Pas-de-Calais, et un manoir à Roscoff. Outre la bâtisse, cette propriété contient un terrain de 2 hectares, une chapelle, un logement, une ancienne ferme et un bâtiment hospitalier. Il avait été loué en 1920 pour quatre-vingt-dix-neuf ans au Centre héliomarin de Roscoff, qui souhaite se désengager.

Difficile de se douter que tout cela appartient à l'AP-HP. Même chose pour cette jolie école municipale, à laquelle sont adossées une crèche et une PMI, rue de Monceau, à Paris (8e). Une rue plus connue pour abriter des sociétés d'assurances et de la finance.

Deux autres établissements scolaires ne sont pas dans la liste 2010, mais n'ont pas plus d'intérêt à être conservés : le lycée hôtelier Belliard (18e) et, à deux pas de la place de Catalogne, l'établissement régional d'enseignement adapté Crocé-Spinelli. Malgré la plaque "conseil régional d'Ile-de-France" apposée à l'entrée, ils appartiennent à l'AP-HP. Elle ne perçoit aucun loyer, mais ne paie aucuns frais d'entretien.

Bientôt, il sera plus facile de s'y retrouver. L'AP-HP prépare pour l'automne un site Internet où seront indiqués les biens à acquérir. Mais lui restera-t-il longtemps du patrimoine privé à céder ? Les ventes s'accélèrent, et les legs ne sont plus si courants. "Il fut un temps où la France était un pays de rentiers, ça a changé", rappelle Marc Dupont, directeur adjoint du service juridique. Ce qui explique aussi pourquoi les legs immobiliers cèdent peu à peu la place à ceux constitués de contrats d'assurance-vie, liquidités et lingots d'or. Ceux qui lèguent aujourd'hui des biens à l'AP-HP sont surtout d'anciens patients, enfants de l'Assistance publique ou salariés sans héritiers.

En moyenne, il n'y a plus que deux legs immobiliers par an. En 2009, il n'y en a même eu qu'un, constitué d'un studio, d'un deux-pièces et d'une cave, au 1, rue de la Grande-Chaumière, près de Montparnasse. Certes, l'immeuble n'a pas le prestige de ceux que s'apprête à vendre l'AP-HP, mais le lot s'est quand même vendu 464 000 euros. L'ancienne propriétaire, Marthe T., a aussi légué 400 000 euros à l'AP-HP. Soit près de la moitié du 1,9 million perçu en 2009. Une bonne année.

De fait, les plus grosses sommes viennent des parcelles hospitalières libérées à la suite de restructurations. Des ventes qui se chiffrent en millions d'euros, voire en dizaines de millions, mais qui nécessitent des années, car il faut négocier avec la Mairie de Paris, qui dispose d'un droit de préemption. Une grande bataille se prépare ainsi, celle de la vente de l'hôpital Saint-Vincent-de-Paul, qui fermera en 2011. L'AP-HP en attend 130 millions.

Et après, que vendra-t-elle ? Peut-être des bâtiments d'une grande valeur financière, mais aussi sentimentale. L'hôtel Scipion, qui abritait les anciennes boulangeries, transformées en logements et salles de réunion ? Ou bien son siège, qui fait majestueusement face à l'Hôtel de Ville. La question de sa vente est déjà plus ou moins posée, le plan 2010-2014 prévoyant sa réorganisation. Elle pourrait rapporter plus de 150 millions, mais sera contestée. "Il symbolise l'unité de l'AP-HP", rappelle Marie-Christine Farrarik, du syndicat SUD. Un sujet tabou, alors que le démantèlement de l'institution est redouté.

Reste à savoir si le nouveau conseil de surveillance, qui devait élire son président mercredi 30 juin, souhaitera la poursuite de cette politique. Devant le besoin d'investissement et l'impératif de retour à l'équilibre budgétaire fixé par l'Elysée, il pourrait ne pas avoir le choix.

Laetitia Clavreul

mardi 29 juin 2010

Appel pour une refondation des études médicales

L'Express, 30 juin 2010

Douze médecins sont signataires de l'appel pour une réforme des études médicales.

Les arguments pour une refonte des études médicales

Un consensus se dégage pour considérer qu'il faut repenser la médecine de ville notamment pour la rendre de nouveau attractive pour les jeunes médecins et éviter la création de déserts médicaux en France.

De nombreuses évolutions de la formation initiale des médecins ont permis d'enrichir leur connaissance du métier de médecin généraliste. Le récent rapport de la mission Legmann propose dans ce sens de rajouter des stages dans leur cursus.

Cependant la situation est devenue critique car l'écart entre ce que les médecins réalisent sur le terrain et ce qu'ils pourraient faire devient important. Cela peut être une source de frustrations pour les jeunes praticiens. Cela peut être une possible perte de chance pour les patients.

Cela entraîne aussi des coûts importants pour la société, comme par exemple:

- des retards d'orientation vers les urgences se traduisant par davantage de décès ou de formes graves et chroniques, comme des hémiplégies, dont la charge est économiquement très lourde,

- trop d'actes inutiles sont demandés à la recherche de causes à faible probabilité, quand des diagnostics essentiels ne sont pas faits, entraînant des prises en charge coûteuses alors que des traitements spécifiques et précoces auraient pu être efficaces,
- trop de traitements sont inutilement prescrits, quand des explications et l'usage d'approches complémentaires pourraient être avantageusement proposés.

Les progrès médicaux ont été tels depuis 30 ans que l'enseignement séculaire des études médicales n'est plus adapté. Il faut repenser en profondeur les études de médecine pour rendre la formation beaucoup plus pratique, l'objectif de cette refonte étant d'enrichir considérablement l'exercice médical, et cela dans toutes les spécialités (médecine générale et autres spécialités). C'est cet enrichissement de la pratique médicale qui devrait redonner tout son sens au métier, et contribuer à ressusciter des vocations.

Il faudra plus d'une dizaine d'années pour que l'impact d'une telle réforme se fasse pleinement sentir. À plus court terme, c'est l'enseignement de la spécialité de médecine générale qu'il faut enrichir. À défaut d'une profonde révision des études médicales, une simple réorganisation de la médecine de ville n'aura qu'un effet très limité en termes de santé publique.

La proposition de réforme

D'une manière générale, l'enseignement devrait être organisé non plus uniquement sur l'acquisition de savoirs, mais sur l'acquisition de compétences selon des objectifs actualisés chaque année.

- Dans ce but les études devraient, dès la 2ème année, associer savoirs théoriques, connaissances pratiques et savoir agir dans des domaines transversaux afin de constituer un tronc commun homogène initial. L'enseignement des spécialités se ferait ensuite sur la base d'une liste de problèmes médicaux et de situations cliniques dont la connaissance est incontournable, tant du fait de leur fréquence que de leur caractère de gravité*.

- Dans cet esprit, il faudrait plutôt réserver les enseignements de la faculté à la pratique, en s'appuyant notamment sur une banque de photos et de vidéos cliniques. Les sciences dites fondamentales, anatomie, histologie, biochimie, etc. devraient être acquises en fonction des pathologies étudiées, et être disponibles sur un site Internet, les étudiants pouvant en prendre connaissance au préalable.

- Cela impliquerait que les enseignants en médecine puissent consacrer beaucoup plus de temps à leurs étudiants et que l'évaluation continue des pratiques soit organisée tout au long des études médicales. Cela nécessiterait aussi que des moyens techniques soient dévolus à cet enseignement pratique et que ces moyens soient en permanence accessibles aux étudiants désireux de s'entraîner collectivement.

- L'apprentissage de l'examen clinique dans sa globalité serait organisé dès la 2ème année, sous forme de travaux pratiques. Il porterait aussi sur l'acquisition des techniques complémentaires simples, pouvant être réalisées partout, comme l'électrocardiogramme, le doppler (de poche), la spirométrie, l'otoscopie, etc. La pratique de l'échographie deviendrait la base de l'enseignement de l'anatomie qui serait orienté vers l'anatomie en coupes, améliorant ainsi la lecture des imageries standard.

- L'apprentissage des gestes d'urgence, y compris l'intubation, se ferait sur des mannequins. La pratique des gestes simples comme les points de suture, la pose d'une sonde vésicale, le frottis cervico-vaginal, ferait pleinement partie des compétences à valider.

- L'enseignement de la prévention serait renforcé, toujours dans un sens pratique (organisation des dépistages, prévention des infections sexuellement transmissibles, des maladies chroniques (facteurs de risques), éducation thérapeutique, aide au sevrage du tabac et de l'alcool, prévention des risques iatrogéniques notamment chez le sujet âgé).

- Cette forme d'enseignement serait plus à même d'entraîner les futurs médecins à intégrer chaque année les constants progrès médicaux, et à utiliser les bases de connaissances dans leur pratique quotidienne comme celles disponibles pour prescrire des médicaments.

Les 12 signataires

Cancérologie : Dr Thierry Dorval / Institut Curie - Cardiologie: Pr Daniel Thomas / Pitié-Salpêtrière - Chirurgie digestive: Pr Yves Panis / Beaujon - Chirurgie vasculaire et Angiologie: Pr Jean-Pierre Becquemin / Henri Mondor - Gynécologie-Obstétrique: Pr Emile Darai / Tenon - Médecine générale: Pr Max Budowski / Paris VII - Médecine générale et échographie: Dr Olivier Walusinski / Brou (Perche). - Médecine générale, éthique de santé et tabacologie: Dr Philippe Presles / Paris - Neurologie: Pr Olivier Lyon-Caen / Pitié-Salpêtrière - Pneumologie: Pr Charles-Hugo Marquette / Nice - Psychiatrie: Dr Paul Bensussan / Expert DSM-IV, Versailles - Urologie: Pr Olivier Traxer / Tenon

samedi 12 juin 2010

Le classement des professeurs de médecine les mieux payés

Le Parisien, 10 juin 2010

Le tiercé gagnant...

593 000 € *
PR THIERRY FLAM
Urologue

En trois ans, cet urologue de l’hôpital Cochin, dont les honoraires ont progressé de 14%, est passé de la troisième à la première position de notre classement. Ce professeur « surbooké », comme nous annonce sa secrétaire, facture 150 € par consultation et tarife « 3900 € à 4000 € pour une ablation de la prostate », nous précise-t-elle après avoir consulté des devis.

Professeur hospitalo-universitaire de renom, le professeur Flam, qui travaille également dans le service de Bernard Debré, fait partie de la dizaine de praticiens « invités » en 2009 par le conseil de l’ordre à raboter ses tarifs.

Contacté plusieurs fois, il n’a pas souhaité nous répondre.

569 000 € *
PR MARC ZERBIB
Urologue

Ses honoraires étaient de 480000 € en 2005. Son chiffre d’affaires a bondi de 18,5% en trois ans. Cet urologue tarife 150 € sa consultation et déclare sur le site de la Sécu facturer entre 1200 € et 3200 € pour une « chirurgie de la prostate hors cœlioscopie ».

Contacté, il affirme avoir réalisé en 2009 « 7 consultations sur 10 et 4 opérations sur 5 en public ». « Tous mes patients sont libres de choisir et ont une mutuelle », assure-t-il, avant de souligner que « les délais d’attente sont les mêmes pour tous » (ce que dément notre testing). En 2009, ses honoraires « ont baissé de 30% pour atteindre 424415 € ». Pour son temps plein hospitalier, il perçoit environ « 8000 € net par mois après trente ans d’activité » et tient à évoquer son temps de travail, « entre soixante-dix et soixante-quinze heures par semaine ».

545 000 € *
PR MAURICE MIMOUN
Chirurgien esthétique

Si les honoraires du chef de service de la chirurgie plastique et reconstructive de Saint-Louis, qui dirige aussi le service des grands brûlés de Saint-Antoine, sont stables par rapport à 2005, ce chirurgien ne donne en revanche même plus ses honoraires sur le site de la Sécu : « Ce médecin fixe librement ses tarifs, nous vous invitons à les lui demander directement », précise l’assurance maladie.

Opposé à la publication de ses revenus « pour des raisons évidentes d’atteinte à ma vie privée », le Pr Mimoun précise qu’en 2008 « 82% de ses opérations ont été réalisées dans le public » et affirme, en dépit de notre testing, que les délais sont les mêmes pour tous. Suivant les « préconisations du conseil de l’ordre », ses dépassements « n’excèdent plus aujourd’hui cinq fois le tarif Sécu ».

...et quatre autres stars

460 000 € *
PR JEAN-NOEL FABIANI
Chirurgien thoracique

En trois ans, l’activité du chef de service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’hôpital Georges Pompidou a explosé de 22 %, passant de 380 000 € à 460 000 €. Sur le site de la Sécu, ce pro de la chirurgie mini-invasive déclare facturer 28 € sa consultation, ce qui est loin des 140 € annoncés par son assistante. Le même site annonce « 2 000 à 2 500 € » pour la pose de valves aortiques - sa secrétaire, elle, évoque 4 000 €. S’il ne «s’explique pas» cette récente flambée de ses honoraires, ce titulaire du conseil de l’Ordre de Paris, qui préside par ailleurs la CCM (Parlement des médecins) de Pompidou, précise que seuls «10 % » de ses actes sont effectués en privé. Le Pr Fabiani souligne la nécessité «de se constituer une retraite complémentaire» (NDLR : les professeurs, ne cotisent pour leur retraite que sur la moitié de leur traitement). Il a été prié en 2009 de revoir à la baisse ses tarifs.

430 000 € *
PR LAURENT HANNOUN
Chirurgie générale

Très scrupuleux sur les temps d’attente respectifs de ses patients, le chef du service de chirurgie digestive de la Pitié-Salpêtrière, Laurent Hannoun reconnaît « vu l’ambiance » avoir dû raboter ses honoraires : tarifée 4 400 € en 2008, l’opération d’un cancer du rectum est passée à 3 700 €. Du coup, en 2009, son chiffre d’affaires « a diminué de 10 %, à 380 000 €, et cela va encore baisser », annonce-t-il. Le Pr Hannoun souligne, aussi, l’envolée de ses charges : « du fait de l’explosion de la redevance, mes frais sont passés de 40 à 60 % ». Il dit opérer chaque année «100 malades en privé, contre 500 à 600 en public », précise ce médecin, qui arrêterait le privé « si on lui payait toutes ses heures sup ». Il évoque lui aussi un « problème de retraite », et dit gagner «moins de 9 000 € net par mois » pour son temps plein à l’hôpital. En 2010, il a porté sa consultation de 120 € à 130 €.

280 000 € *
PR BERNARD DEBRÉ
Urologue

Depuis 2005, les honoraires du chef du service d’urologie à Cochin ont légèrement baissé (ils frôlaient alors les 300 000 €), mais restent néanmoins à un niveau très élevé, si l’on tient compte de ses multiples activités : député UMP de Paris depuis 2004, Bernard Debré est aussi conseiller UMP de Paris depuis 2008. Il tarife 150 € sa consultation, et 3 200 € (selon le site de la Sécu) une ablation de la prostate. S’il conteste avoir fait l’objet d’un rappel à l’ordre sur ses tarifs, cet urologue médiatique souligne qu’en 2009 ses honoraires ont « été divisés par deux, pour atteindre 153 000 € » et que là-dessus, « plus des deux tiers sont des charges ». Pourquoi une baisse d’activité si soudaine ? « L’Assemblée et la mairie me prennent déjà beaucoup de temps. Je veux rester disponible pour l’hôpital public ».

126 000 € *
Pr Bernard GRANGER
Psychiatre

Certes, avec 126 000 € d’honoraires en 2008, Bernard Granger arrive loin derrière les urologues et autres chirurgiens cardiaques de renom qui ont une activité libérale. Mais ce psychiatre de Cochin, connu pour être l’initiateur du « Mouvement de défense de l’hôpital public », n’atteint cette somme que grâce à ses seules consultations privées, qu’il facture 135 € par patient. Refusant de commenter ces « informations confidentielles », le Pr Granger précise néanmoins qu’il « respecte le cadre légal » (deux demi-journées en privé par semaine, contre deux à trois en public selon les semaines) et que ses tarifs dépendent, évidemment, de la situation financière de ses patients

* Montant total des honoraires issus de l’activité privée à l’hôpital, perçu en 2008.

lundi 7 juin 2010

La recherche biomédicale française en panne

http://www.lesechos.fr/journal20100519/lec1_les_strategies/020544043580-la-recherche-biomedicale-francaise-en-panne.htm

"La santé en France pourrait devenir un produit de luxe"

L'Express, 6 juin 2010

A l'occasion des 30 ans de Médecins du Monde (MDM) cette semaine, son président, le docteur Olivier Bernard, revient sur le long chemin parcouru par cette association de solidarité nationale et internationale, et commente les défis à venir.

Quel effet ça fait d'avoir 30 ans ?

Olivier BERNARD : C'est avant tout une grande fierté. 30 ans c'est la maturité : l'association a beaucoup grandi, elle s'est développée. Et puis Médecins du Monde (MDM) a su garder une dimension militante, elle ne s'est pas trop institutionnalisée : elle mène des combats, exprime des coups de colère, et continue de s'interroger en permanence sur sa mission.

Quelle est la spécificité de MDM, devant la multiplication des associations et des initiatives de solidarité internationale?

MDM vient du mouvement des French doctors en vogue dans les années 1970, mais elle garde des caractéristiques qui lui sont propres. C'est d'abord une association de proximité : nous sommes l'une des rares organisations non gouvernementales (ONG) médicales à s'être développée à la fois à l'étranger, mais aussi en France, six ans après sa création en 1980. C'est aussi une organisation qui garde un équilibre entre l'action urgente, comme le Pakistan ou Haïti, et les actions sur le long terme : nous sommes, par exemple, présents depuis vingt ans maintenant au Vietnam et en Colombie. Notre objectif est de rester durablement sur le terrain.

Y'a t-il une action de MDM dont vous vous sentez particulièrement proche ?

Comme mes prédécesseurs, j'ai vraiment souhaité encourager notre travail auprès des migrants. Je pense que leur sort représente un problème sérieux, en France comme à l'international : c'est le cas à Calais bien sûr, mais aussi à Mayotte et sur les lieux de départ comme l'Afghanistan ou l'Afrique subsaharienne. Nous avons une double légitimité pour intervenir sur cette question migratoire : sur le plan opérationnel, avec la facilitation de l'accès aux soins de ces personnes, mais aussi dans la dénonciation du traitement qui leur est réservé, à un moment où les politiques deviennent de plus en plus répressives.

Vous consacrez 35% environ de vos activités à la France. Considérez-vous que l'hexagone soigne mal ses ressortissants ?

La santé pourrait devenir un produit de luxe, y compris en France. Notre système de santé hérité de l'après-guerre était basé sur un credo : je cotise selon mes moyens, je reçois selon mes besoins. Il y a aujourd'hui une remise en question de ce mécanisme de solidarité, avec l'apparition de franchises hospitalières par exemple. Notre système de protection sociale met dorénavant de côté, pour des raisons économiques, une partie de la population. C'est pour ça que MDM a milité pour la création de la couverture maladie universelle (mise en place en 2000 par le gouvernement Jospin) et qui bénéficie aujourd'hui à 5 millions de personnes.

Malgré cela, on commence à voir apparaître des nouveaux profils dans nos centres. Avant, les personnes venaient nous voir pour des raisons administratives : ce sont les sans domicile fixe, ou les immigrés. Maintenant viennent aussi des personnes qui ne peuvent pas payer une mutuelle, et décident de repousser leurs soins. Il y a donc une marginalisation d'une partie non négligeable de la population du système de santé français.

La confusion qui est souvent faite par le public entre MDM et Médecins Sans Frontières (MDM naît d'une scission de l'équipe dirigeante de MSF) vous gêne-t-elle ?

Non. MSF et MDM sont toutes les deux des organisations non gouvernementales, indépendantes et impartiales. J'assume pleinement la filiation : j'ai d'ailleurs recruté notre nouveau directeur général, Pierre Salignon, dans les rangs de MSF (Salignon est l'ancien DG de MSF).

A côté de cela, nous nous démarquons de MSF par nos activités en France, notre dimension moins urgentiste, la place que nous accordons au bénévolat en France et au volontariat à l'international. C'est une dimension citoyenne que nous revendiquons.

Jacques Lebas, ancien président de l'association, définissait l'humanitaire comme le geste"d'aller vers l'autre". Avec l'attaque, en février, d'une équipe de MDM Belgique au Mali, et la suspension, en mars, des activités de l'ONG au Soudan pour des raisons de sécurité, est-ce que la démarche est encore possible ?

Il faut en tout cas continuer. Nous devons déjà aller vers l'autre ici avant d'aller vers l'autre là-bas. Bien sûr la démarche n'est pas facile : en Afghanistan, au Pakistan, en Somalie, en Irak... Parfois cette rencontre ne peut pas se faire. C'était le cas en Tchétchénie pendant de nombreuses années, où ce sont des équipes locales qui conduisaient le programme, et c'est encore le cas aujourd'hui en Somalie. Les humanitaires étrangers sont fréquemment pris pour cibles, tandis que les équipes locales connaissent mieux le terrain et ont des capacités d'analyse supérieures aux nôtres. Mais le risque zéro dans l'humanitaire n'existe pas.

MDM s'est engagée à ne plus recevoir d'argent des Etats engagés militairement sur ses lieux de mission. Pourtant, vous restez financés à 40% par des fonds publics, quand MSF repose à plus 90% sur des fonds privés. N'est-ce pas un paradoxe ?

Est-ce que cela veut dire que MDM n'est indépendante qu'a 60% ? Je ne le crois pas. MDM France est financé majoritairement par la générosité de la population. Pour les fonds restants, c'est vrai, ils viennent d'acteurs institutionnels. Mais la France ne représente que 15% de ceux-ci alors que l'Union européenne compte pour la moitié de nos fonds publics.

Nous gardons l'initiative des projets : nous les évaluons et décidons de les mettre en œuvre ou non. Notre but est de mettre en place des actions de réduction des risques sur nos fonds privés, puis de faire entrer ces dispositifs dans le droit commun pour ensuite nous désengager financièrement : c'est le cas du programme d'échange de seringues (reconnu comme un type d'établissement médico-social depuis 2006). Surtout, nous sommes libres de leur conduite, et savons dire non s'il le faut.

Est-ce déjà arrivé ?

Oui, il y a un peu moins de deux ans, suite aux déclarations du ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui avait affirmé que le gouvernement français obtenait ses informations sur Gaza des ONG françaises sur place (voir la déclaration du ministre sur le site du ministère). Estimant que notre sécurité n'était plus assurée, nous avons pris la décision de rendre l'argent du gouvernement français qui nous était attribué pour nos opérations à Gaza, soit environ 100000 euros. Nous gardons notre indépendance.

Quel regard portez-vous sur les conséquences de la centralisation des dons à destination de Haïti par la Fondation de France ? Certaines petites associations, qui n'ont pas la visibilité ni la logistique de MDM, n'auraient pas pu récolter autant de fonds autrement...

L'urgence ne s'improvise pas. Il faut une antériorité sur la zone : MDM, au même titre qu'Handicap International ou Action contre la Faim, était déjà présente sur la zone. Je m'interroge sur la notion de réactivité d'associations qui n'y étaient pas.

Nous privilégions une relation directe avec les donateurs. Cette relation de confiance n'est pas possible avec des organismes tiers comme la Fondation de France. Nous ne nous opposons pas à ce que des associations s'associent avec des médias (MDM s'est brièvement associé à RTL à cette occasion), mais il ne doit pas y avoir d'exclusivité.

Propos recueillis par Jérémie Lanche

Déficit/hôpitaux: 512 M€ en 2009

AFP, 6 juin 2010

Le déficit cumulé des hôpitaux publics s'est établi à 512 millions d'euros en 2009 et il continuera de baisser en 2010, a indiqué aujourd'hui la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, en jugeant que "ce qui menace l'hôpital public, c'est le déficit".

"La réforme de l'hôpital public est en route" et "nous avons des résultats tout à fait considérables", a estimé Mme Bachelot lors du "Grand Jury" RTL/Le Figaro/LCI.

"Le déficit cumulé des hôpitaux ne cesse de diminuer", a-t-elle poursuivi: "je l'ai trouvé à 686 millions d'euros quand je suis arrivée au ministère de la Santé" en 2007, "ensuite je l'ai fait passer l'année d'après à 570 millions" et "il est maintenant à 512 millions d'euros en 2009 et il sera encore inférieur en 2010".

"Il n'y avait que deux CHU (centres hospitaliers universitaires, ndlr) à l'équilibre sur les 31, ils sont maintenant 7 à l'équilibre", a ajouté la ministre.

D'après elle, "nous n'avons qu'un sujet d'inquiétude, c'est l'Assistance publique-hôpitaux de Paris", dont le déficit est passé de plus de 20 millions d'euros en 2008 à 96 millions en 2009.

"Le déficit n'est pas une fatalité" et "les deux tiers des hôpitaux publics sont en excédent budgétaire ou à l'équilibre", a-t-elle souligné.

Selon Mme Bachelot, "ce qui menace l'hôpital public, c'est le déficit parce que face aux enjeux qui sont les nôtres, d'une modernisation considérable (...) il faut que notre hôpital public suive ces évolutions".