mercredi 28 avril 2010

Les laboratoires révolutionnent leur R & D

Le Figaro, 27 avril 2010

Les géants de la pharmacie doivent réorganiser leurs services de recherche et développement pour créer davantage de médicaments en investissant moins.

Réinventer la recherche et le développement. C'est le nouveau leitmotiv des laboratoires. Il y a urgence. Une part considérable de leur chiffre d'affaires -jusqu'à 40 % de leurs revenus de 2008 - disparaîtra d'ici à fin 2013.

La plupart des brevets qui protègent leurs médicaments vedettes arriveront à échéance avant cette date, laissant la voie libre aux génériques, leurs copies légales et moins chères.

La situation est critique. À l'inverse des décennies précédentes, les groupes pharmaceutiques ne pourront en effet plus compter sur des «blockbusters», ces médicaments qui rapportent plus d'un milliard de dollars de chiffre d'affaires par an.

L'époque faste de vedettes comme l'anticholestérol Lipitor, qui a rapporté 13,5 milliards de dollars à Pfizer en 2007, est révolue.

Les autorités de santé sont devenues plus exigeantes. En Europe, elles ont ainsi diminué de moitié les autorisations de mise sur le marché entre 1992 et 2008. Elles attendent des médicaments qu'ils délivrent un service réellement nouveau. Ce qui n'était pas toujours le cas depuis dix ans.

Pour ne rien arranger, les pipelines des géants de la pharmacie se sont asséchés, et l'innovation se fait rare.

Afin d'anticiper la chute des revenus, toutes les stratégies sont étudiées. Pfizer, déjà leader mondial, a fusionné l'an dernier avec Wyeth. Une façon de cumuler les économies d'échelle, en fermant des centres, et d'atteindre la taille critique dans des aires thérapeutiques où le groupe se sentait faible.

AstraZeneca a lui délocalisé une partie de sa recherche en Inde et en Chine. Sanofi-Aventis se diversifie dans des métiers moins dépendants de l'innovation tels que les génériques.

Parallèlement, les labos nettoient leurs pipelines. En prenant l'an dernier la tête de Sanofi-Aventis, Chris Viehbacher a stoppé 30 programmes de recherche, soit un tiers du portefeuille. Pfizer s'associe à GSK dans le sida et arrête ses recherches dans les maladies cardiaques et osseuses et l'obésité.

Pour augmenter leurs chances de sortir des médicaments à succès, les labos révolutionnent aussi leur façon de travailler. Pour commencer, ils «libèrent» leurs chercheurs pour stimuler leur créativité.

Les unités de recherche fondent, passant de 700 à 100 personnes en moyenne. Elles deviennent des centres de profits flexibles, autonomes et spécialisés. Le chercheur, replacé au cœur du processus, a lui un objectif clair : «Délivrer une innovation correspondant aux besoins des patients et aux attentes des autorités de santé et des payeurs», constate Vincent Genet, directeur de l'activité santé d'Alcimed.

Multiplication des partenariats

Cela correspond à l'autre nouveau credo des patrons : l'ouverture sur l'extérieur. «Nous recherchons l'innovation partout où elle se trouve : dans les universités, les centres de recherche, les entreprises de biotechnologie, les portefeuilles de capital-risque et, bien sûr, aux quatre coins du monde», expliquait Chris ­Viehbacher il y a un an.

«Les laboratoires nouent des liens de plus en plus étroits avec les centres de recherche publics et des jeunes entreprises en recréant une atmosphère de campus. C'est beaucoup plus dynamique et productif qu'une recherche cloisonnée», ajoute Vincent Genet.

Les partenariats se multiplient, en particulier avec les jeunes entreprises de biotechnologie.

La biotech, science des organismes vivants, est considérée comme l'avenir de la pharmacie : 50% des médicaments sont aujourd'hui développés dans cet univers.

«Les accords se concluent à des phases de plus en plus précoces de la recherche et ils concernent aussi bien des molécules que des programmes globaux», souligne Patrick Biecheler, de RolandBerger.

GSK, l'un des pionniers de l'ouverture de la R & D, va ainsi verser 25 millions de dollars à un institut de Boston dédié aux maladies immunitaires.

Au final, les laboratoires remplaceront la recherche (research) par une activité d'identification (search) de projets, résument les économistes de Morgan Stanley.

Cette démarche devrait porter ses fruits. L'acquisition de futurs médicaments par le biais de licences sera trois fois plus économique que la recherche interne. Autres avantages de ce mode de management : il améliore la visibilité. Enfin, il accélère l'arrivée de traitements sur le marché, estiment les experts de Morgan Stanley.

mardi 27 avril 2010

T1 2010: Les dépenses de santé ont encore dérapé

, Le Figaro, 27 avril 2010

Elles ont progressé à fin mars 2010 de 4,1 %, soit plus que l'objectif (+3%) . Cette hausse s'explique essentiellement par la progression des remboursements de soins de ville, mais aussi des indemnités journalières suite à l'épidémie de grippe A.

Mauvaise nouvelle pour le gouvernement. Les dépenses d'assurance maladie ont progressé au premier trimestre 2010 de 4,1 % par rapport à la même période en 2009.

Ce niveau est très supérieur à l'objectif national (ONDAM) fixé en octobre 2009 par le Parlement pour l'ensemble de l'année à 3 %. Pis, le taux de croissance des dépenses de santé atteint 4,7 % sur un an (mars 2009-mars 2010).

Cette hausse trimestrielle s'explique essentiellement par la progression des remboursements de soins de ville (+4 %) sur les trois premiers mois de l'année. Les soins d'auxiliaires médicaux ont notamment bondi de 8,2 % (contre + 7 % sur les douze derniers mois) avec une pointe même à + 13,3 % pour les seules dépenses de soins infirmiers.

La délivrance de médicaments a également fortement augmenté (de 3,7 %) au premier trimestre, tout comme les indemnités journalières qui sont reparties à la hausse (+6,1 % au premier trimestre, contre + 4,8 % sur les douze derniers mois) en raison notamment «des versements liés à l'épidémie de grippe A H1N1 de la fin 2009».

A l'inverse, les dépenses d'honoraires médicaux et dentaires ont progressé plus modérément au premier trimestre 2010 que sur l'année écoulée: + 0,9 %, contre + 1,8 % en un an.

Un ralentissement expliqué selon l'assurance maladie par «le recul des remboursements de soins de médecine générale (-1,9 %) du fait d'une conjoncture épidémique plus faible qu'en 2009».

mercredi 21 avril 2010

Cancers : de plus en plus de guéris

AFP, 22 avril 2010

Sur les quelque 320.000 patients qui ont chaque année un diagnostic de cancer, plus de la moitié vivront encore cinq ans après et "au moins 120.000 guériront", selon un rapport de l'Institut national du cancer (INCa) rendu public jeudi.

"Plus de cent mille personnes guérissent chaque année. Des centaines de milliers de personnes continuent ainsi à vivre après leur cancer, il faut s'en occuper (retour au travail, droit d'emprunter et donc de s'assurer sans surprime pénalisante...)", a souligné auprès de l'AFP le Pr Dominique Marananchi, président de l'INCa.
Ce rapport sur la survie des patients atteints de cancers en France rappelle qu'"il n'y a pas un, mais des cancers avec des évolutions différentes".

"Certains cancers de plus en plus nombreux guérissent; certains conservent un pronostic sombre; d'autres évoluent à long terme telles des maladies chroniques", y lit-on.

Les cancers les plus fréquents sont rangés en trois grandes catégories et les taux de survie estimés "minimaux".
Parmi ceux de bon pronostic (42 % des cas de cancer), dont la survie à 5 ans est supérieure ou égale à 80 %, figurent les cancers de la prostate, du sein, du testicule, de la thyroïde, et le mélanome.

Les cancers du côlon-rectum, de la bouche, de la vessie, du rein, de l'ovaire et de l'utérus (corps et col) font partie des cancers de pronostic intermédiaire (33 % des cas de cancer) avec une survie à 5 ans allant de 20 à 80 % selon le type de maladie et surtout son stade d'extension.

Il y a aussi les tumeurs de mauvais pronostic (17 % des cas de cancer) pour lesquels la survie à 5 ans est inférieure ou égale à 20 % : poumon et plèvre, foie, pancréas, oesophage, système nerveux central.

Ce schéma tient compte du stade de la maladie : "par exemple, pour le mélanome (cancer de la peau) seule la détection précoce des lésions qui est faite la plupart du temps (84% des diagnostics) offre une aussi bonne survie, en fait assimilable à une guérison", relève le Pr Maraninchi.

Découvert précocement, 85% des tumeurs mammaires sont curables, ajoute-il. "Le cancer du poumon est, malheureusement, le plus souvent découvert à un stade tardif, d'ou le faible pourcentage de guérison (15%)", explique le cancérologue.
"Grâce aux diagnostics plus précoces et aux traitements plus efficaces, la survie à 5 ans des patients diagnostiqués en 2005, voire en 2010, est et sera meilleure".
Ce travail a également une importance pour l'organisation des soins et la recherche.
Cet état des lieux de la survie des adultes atteints de cancers est établi à partir de données françaises (patients traités avant l'an 2000) et internationales notamment américaines (1988-2001).

Il ne s'agit pas de données nouvelles, mais d'une nouvelle façon de les analyser, selon l'INCa.

vendredi 16 avril 2010

150 médicaments ne seront plus remboursés qu'à 15%

La liste des remèdes dont le taux de remboursement par la Sécurité sociale passe de 35% à 15% vient d'être publiée au journal officiel.

Hexomédine (antiseptique), Zovirax (crème antivirale), le sirop Polery enfant (contre la toux), la viscéralgine (antispasmodique)…la liste des 150 médicaments dont le taux de remboursement par la Sécurité sociale passe de 35% à 15% vient d'être publiée au journal officielle.

L'ensemble de ces produits avaient été signalés par la Haute Autorité de Santé qui considère que leur intérêt thérapeutique est faible.

145 millions d'économies

Cette baisse des remboursements était prévue dans le budget 2010. Elle entre officiellement en vigueur aujourd'hui avec la publication de la liste. Dans les faits, les pharmaciens disposent d'un délai de trois mois pour écouler leurs stocks déjà étiquetés avant d'apposer les nouvelles vignettes (oranges) faisant état du nouveau taux de remboursement. Le gouvernement en attend une économie de quelque 145 millions d'euros de cette mesure.

La Mutualité française, qui fédère la quasi-totalité des mutuelles santé, s'est insurgée contre la mise en place de ce nouveau taux de remboursement et surtout contre sa justification. Selon l'organisme, le remboursement même faible d'un médicament dont le «service médical rendu» est insuffisant est incohérent.

La Mutualité a d'ores et déjà appelé ses membre à ne pas assurer le remboursement du reliquat (soit 85%). Ce refus permettra en outre aux mutuelles d'économiser 80 millions d'euros.

mercredi 14 avril 2010

Un accès à la médecine très inégal en France

L'Express, 13 avril 2010

Les citadins en région Paca ou en Ile-de-France ont plus de chances d'avoir un docteur près de chez eux, selon les atlas régionaux publiés ce mardi par l'Ordre des médecins.

Des médecins de plus en plus inégalement répartis selon les régions et à l'intérieur même de ces dernières, et moins de libéraux: tel est l'alarmant constat dressé par l'Ordre des médecins dans les atlas régionaux de démographie médicale publiés pour la première fois ce mardi et disponibles sur son site Internet.

"Au coeur de chaque région, y compris les mieux dotées, on constate des inégalités flagrantes", analyse le Dr Patrick Romestaing, de la section santé publique et démographie médicale de l'Ordre, commentant cette étude inédite qui vient compléter l'atlas national édité chaque année.

Cette analyse plus fine de la démographie médicale au 1er janvier 2009 permet en effet de mettre en lumière des disparités départementales, même au sein des régions bien loties comme l'Ile-de-France et Paca.

Paca en tête, la Picardie défavorisée

Cette région, la mieux dotée avec 375 médecins pour 100 000 habitants (contre 290,3 médecins en moyenne en France métropolitaine), apparaît dans le détail coupé en deux avec un pourtour méditerranéen très attractif et un arrière-pays quasi désertique.

Là comme ailleurs, l'attrait exercé par les grandes villes est flagrant tandis qu'en zones rurales de nombreux cabinets médicaux ferment.

Quant à l'Ile-de-France, qui arrive juste derrière Paca, avec 373 médecins pour 100 000 habitants, elle se révèle, contrairement aux idées reçues, être celle où les "inégalités sont les plus criantes": 742 médecins pour 100 000 habitants à Paris contre seulement 223,1 en Seine-et-Marne.

Et son "statut" de région privilégiée pourrait être menacée à la fois par une pénurie de nouveaux médecins pour certaines spécialités et par l'âge des praticiens, qui y est plus élevé que la moyenne nationale.

A l'autre bout de l'échelle, la Picardie, qui a la plus faible densité médicale en activité régulière avec 238 médecins pour 100 000 habitants, révèle aussi des disparités par département. Une situation qui pourrait devenir catastrophique au regard du pourcentage des nouveaux médecins qui choisissent la pratique libérale: ils ne sont que 5% dans la région.

Trop de contraintes administratives, moins de libéraux

Une désaffection pour cette pratique qui se retrouve sur l'ensemble du territoire: seuls 10% des jeunes médecins la choisissent, le salariat s'avère plus attractif pour les jeunes médecins.

"Nous sommes face à une évolution sociétale majeure: les jeunes ne souhaitent ni s'endetter pour s'installer, ni se fixer définitivement dans une région et redoutent la lourdeur administrative d'un cabinet", constate Michel Legmann, le président de l'Ordre.

Ce dernier pointe du doigt les contraintes administratives et l'encadrement considéré de plus en plus strict de la médecine libérale par les pouvoirs publics.

"Nous voyons aujourd'hui de plus en plus de médecins expérimentés qui dévissent leur plaque pour redevenir remplaçants", déplore le Dr Legmann.

Soulignant la pénurie qui menace pour les libéraux, l'Ordre estime que "sur le plan matériel les pouvoirs publics n'ont pas favorisé les choses", rappelant notamment que pour lui "les généralistes sont des spécialistes comme les autres" et qu'ils ont donc droit à une rémunération en conséquence.

Dans les régions "désertées", même les mesures d'aides incitatives à l'installation semblent sans effet. Ainsi, la région Centre n'attire pas, malgré divers dispositifs et le recrutement de médecins étrangers notamment roumains. En Picardie, aucun nouvel inscrit ne s'est installé dans une des zones recensées par la Mission régionale de santé.

Pour le Dr Legmann, il est donc urgent de réformer la profession, tout en estimant que l'"on ne fera pas faire de la médecine avec un revolver dans le dos".

mardi 13 avril 2010

Les médecins libéraux sont en voie de disparition

Le Conseil de l'ordre révèle que les deux tiers des nouveaux praticiens sont salariés.

De la Picardie, région française la plus pauvre en médecins, à Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), la mieux dotée, le constat est accablant.

Les praticiens libéraux sont une espèce en voie de disparition, selon les atlas régionaux de la démographie médicale que le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) rend publics aujourd'hui, et que Le Figaro s'est procurés.

Traditionnellement, la médecine est une profession libérale. Dans les années 1980, plus d'un médecin sur deux qui s'inscrivait à l'Ordre travaillait exclusivement en cabinet privé.

Aujourd'hui, les jeunes praticiens privilégient d'autres types de carrières. À l'échelle nationale, seulement un sur dix s'inscrit en libéral. Les autres se tournent en majorité vers une activité salariée (hôpital, administration, laboratoire pharmaceutique, maison de retraite…) ou restent remplaçants pendant des années.

Jusqu'ici, les instances ordinales publiaient annuellement un Atlas de la démographie médicale. Cette démarche d'un état des lieux à l'échelle régionale, mais surtout départementale et même communale, est inédite.

Pour l'Ordre, qui tire la sonnette d'alarme depuis plusieurs années sur le sujet, l'objectif est de montrer que le problème est avant tout local. Ces atlas pourront d'ailleurs servir de bases de données aux toutes nouvelles agences sanitaires régionales, chargées d'organiser l'offre de soins publique et privée sur chaque territoire.

La Lorraine est la plus touchée

En Picardie, estime ainsi le document publié ce jour, à peine 5% des nouveaux praticiens (inscrits au 1er janvier 2009) ont opté pour une activité libérale. Plus des trois quarts sont salariés et près d'un sur cinq est remplaçant.

Quant à la région Paca, elle continue, certes, d'attirer les jeunes médecins, puisque le nombre de nouveaux inscrits a augmenté de 11,5%. Mais ces derniers préfèrent également le salariat (66% des cas) ou les remplacements (19%) à un exercice libéral classique (15%).

De plus, cette analyse fine montre que la région Paca, qui désormais dépasse l'Ile-de-France pour sa densité médicale (375 en activité régulière pour 100 000 habitants, alors que la moyenne en métropole est de 290 pour 100 000), n'est pas exempte de déserts médicaux.

Selon l'Ordre, cette zone est quasiment scindée en deux en ce qui concerne la répartition des médecins généralistes libéraux, avec «un pourtour méditerranéen très attractif et un arrière-pays quasi désertique».

Au total, le bilan n'est guère réjouissant. Par rapport au 1er janvier 2008, 19 régions sur 22 enregistrent une réduction des effectifs des inscrits aux tableaux de l'Ordre début 2009. La région ­Lorraine est la plus touchée, avec une baisse de 5,5% (et même de 11,7% en Meurthe-­et-Moselle), suivie par la Bourgogne (-3,9%) et le Centre (- 3,7%).

Même les rares régions dont le bilan est positif ont de quoi s'inquiéter. Ainsi, le Languedoc-Roussillon détient le record de la progression des nouveaux inscrits sur la dernière année (+ 0,8%), mais l'un de ses départements, la Lozère, est à - 17%. L'Alsace ne recense aucune zone déficitaire mais a enregistré une chute de 22% des nouveaux médecins.

«Aujourd'hui, il faut du courage pour s'installer , décrypte le Dr Michel Legmann, président de l'Ordre. Les jeunes veulent pouvoir bouger. Surtout, les offres salariales sont de plus en plus nombreuses et elles sont attractives, notamment pour les femmes.»

Et de rappeler que le salariat assure de bien meilleures conditions financières en cas de congé maladie ou maternité que l'exercice libéral, et de moindres risques lors de poursuites judiciaires.

Selon le Dr Legmann, qui rend ces jours-ci un rapport à Nicolas Sarkozy pour refonder la médecine générale, il y a urgence à réformer la profession.

«Nous voyons de plus en plus de médecins expérimentés qui dévissent leur plaque pour redevenir remplaçants», affirme-t-il, en soulignant la nécessité d'un vrai statut pour cette nouvelle profession médicale de remplaçant au long cours.

«Il faut aussi reconnaître les généralistes comme des spécialistes à part entière, en alignant leur rémunération de façon urgentissime», insiste le Dr Legmann, qui se dit opposé à toute mesure coercitive.

samedi 10 avril 2010

Selon la Cour des comptes, les hôpitaux militaires affichent le premier déficit de France

Un déficit "hors normes", une situation financière "très dégradée", une "indispensable amélioration" de la gouvernance. Dans le viseur de la Cour des comptes, le service de santé des armées (SSA) s'apprête à vivre une douloureuse mutation.

Ses neuf hôpitaux ont cumulé un déficit de 310 millions d'euros en 2008 selon la Cour, au moment où tous les hôpitaux civils réunis creusaient un trou de 575 millions.

Les établissements militaires, dont le Val-de-Grâce à Paris, "constituent le premier déficit hospitalier de France alors qu'ils représentent 2 % des capacités publiques", ont conclu, en décembre 2009, les magistrats financiers dans leurs observations définitives, dont Le Monde a pris connaissance.

De ces documents très critiques, le service a tiré un plan d'action soumis au cabinet du ministre de la défense, lundi 29 mars. Diminution d'effectifs, réorganisations : des objectifs chiffrés et précis seront établis à l'automne. "On est en train de professionnaliser complètement notre gestion. Pour nous, ce n'est que le début. Nous avons clairement le sentiment qu'il faudra qu'on améliore notre performance pour continuer d'exister", indique le médecin général Joël Marionnet, directeur adjoint.

En ces temps de réforme des services publics, la cible était belle. Le SSA vivait comme une entité à part. Depuis trois ans, il est sommé de rendre des comptes : dans le cadre de la révision générale des politiques publiques d'abord, qui a prévu 600 suppressions d'emplois sur 16 000 ; puis de la réforme hospitalière, qui impose des objectifs de rentabilité ; enfin, de l'analyse de la Cour des comptes.

Les neuf hôpitaux des armées, de taille moyenne et généralistes, accueillent une majorité de civils depuis la fin du service militaire, qui obligeait les appelés à s'y faire soigner. Ces établissements "figurent parmi les 10 % de centres hospitaliers les moins performants en terme de recettes d'activité", et "ils se retrouvent dans une situation de sous-activité médicale", critique la Cour.

Le taux d'occupation des lits est de 52 % contre au moins 75 % dans le civil. Les coûteux équipements d'imagerie sont sous-utilisés. La productivité des chirurgiens apparaît largement inférieure aux centres comparables. Les personnels administratifs sont trop nombreux par rapport aux soignants. Ces constats rejoignent une critique interne : les hôpitaux, qui absorbent la majorité des ressources du SSA, sont accusés de le faire au détriment de la modernisation des centres médicaux implantés dans les régiments.

Jouissant d'une bonne réputation, les hôpitaux militaires ont procédé, ces dix dernières années, à de gros investissements en matériel médical. Malgré cela, le taux de vétusté - qui s'établit à près de 73 % en moyenne - "apparaît peu favorable au regard des normes civiles pour lesquelles un taux de 50 % constitue un signal d'alerte".

Autre problème, la participation des médecins et personnels soignants aux opérations extérieures - Kosovo, Afghanistan, etc. -, soit le "contrat opérationnel" du service de santé. Rapportée au personnel militaire, elle est "globalement limitée", à l'exception des équipes de chirurgie, affirme la Cour des comptes. Seuls 11 % des effectifs globaux sont concernés. Ce sont 24 médecins sur 621. Ou 2 % des infirmiers et aides-soignants. "La montée en puissance des opérations extérieures et leur dangerosité nouvelle n'ont pas eu de traduction sur l'activité à charge des hôpitaux", écrit encore la Cour.

De plus, "si le contrat est réalisé en totalité pour les 29 équipes chirurgicales destinées à être projetées, il n'est que très partiellement respecté en ce qui concerne le soutien de santé à l'arrière". Celui-ci "repose en large partie aujourd'hui, si un conflit survenait, sur l'appel aux réservistes et sur le recours aux hôpitaux civils", indiquent les magistrats financiers.

Selon la direction du SSA, le déficit est moindre : 70 millions d'euros sont dus à des prestations régaliennes - experts dépêchés en coopération, soins de chefs d'Etat étrangers, etc. - ou à divers surcoûts (pensions, congés) non facturés. Elle prévoit toutefois de "développer l'activité" et de "générer des économies". Elle suggère ainsi de réduire de 3 200 à 2 600 le nombre de lits disponibles en cas de conflit majeur. "On est en train de changer de culture", constate M. Marionnet. Mais faut-il pour autant renoncer à cette particularité française tricentenaire ?

Nathalie Guibert

Le SSA

1,5 milliard d'euros en 2008 et 16 000 personnes

Etablissements. Le service de santé des armées dispose de neuf hôpitaux d'instruction des armées : Val-de-Grâce (Paris), Percy (Clamart, 92), Bégin (Saint-Mandé, 94), Sainte-Anne (Toulon), Laveran (Marseille), Desgenettes (Lyon), Picqué (Bordeaux), Clermont-Tonnerre (Brest), Legouest (Metz). Il possède aussi l'hôpital Bouffard de Djibouti. Il compte cinq écoles de formation, quatre centres de recherche, huit établissements de ravitaillement.

Mission. Seuls les Etats-Unis, l'Allemagne et la France ont un service de santé militaire intégré.

Les hôpitaux doivent disposer de 48 équipes chirurgicales, dont 29 en opérations extérieures. Ce besoin est calculé pour 35 000 soldats projetés, avec 0,8 % de blessés et 280 opérations par jour, et pour le soutien de 10 000 hommes sur le territoire national.

Ressources. 1,5 milliard d'euros en 2008 et 16 000 personnes.

lundi 5 avril 2010

Kystes et autres choses: excellent blog médical.

A noter l'excellent blog médical (et malheureusement anonyme) " Kystes et autres choses ", par un néphroloque anonyme, amoureux de la kystogenèse rénale et de bien d'autres choses...

vendredi 2 avril 2010

Chambre Régionale des Comptes: La réponse du directeur général de l'AP-HP

Le Parisien a rendu compte dans ses pages de quelques unes des observations formulées par la Chambre Régionale des Comptes dans son rapport sur l’organisation des soins à l’AP-HP et remis en fin d’année dernière.

Ce rapport, qui porte sur la période 2004-2007, relève notamment des « inadéquations existantes dans l’affectation des ressources disponibles ».

Très consciente de ses marges de manœuvre pour améliorer son organisation et gagner en efficience dans le souci d’une gestion éthique de ses ressources qui, rappelons le, représentent 10% des moyens de l’hospitalisation publique, la gouvernance de l’AP-HP a engagé, dès 2008, une profonde réforme de l’institution, notamment avec la constitution de 12 nouveaux groupes hospitaliers (GH).

Confirmés dans leur principe par décision du Conseil d’Administration le 3 juillet 2009, ils se mettent progressivement en place et prennent forme au travers de projets très opérationnels.

Ils sont les véritables leviers de la transformation de l’AP-HP rendue nécessaire par l’évolution de son environnement. Il nous faut les conforter, car ils seront le lieu où se concrétisera la modernisation d’une offre de soins de haute qualité au meilleur coût pour la collectivité

Ces 12 groupes hospitaliers et les 3 hôpitaux hors groupes vont permettre de combiner réponse de proximité et soins de spécialités de haut niveau pour permettre de couvrir l’ensemble des besoins des patients

Ils vont favoriser une prise des décisions plus appropriée, plus rapide, plus efficace et donc mieux adaptée au fonctionnement quotidien de toutes les unités de travail.

Enfin, la modernisation du fonctionnement du Siège, le regroupement de ses équipes, l’utilisation optimisée des systèmes d’information contribueront à cette profonde transformation de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris qu’appellent de leurs vœux les patients et les professionnels de ses hôpitaux.

Benoit Leclercq , Directeur Général de l’AP-HP