mardi 10 avril 2012

Il faut reconquérir la formation des étudiants en médecine

Par Dr Jean-François Gomez, président du syndicat général CFE-CGC

Amorcées au cours de la décennies 90, des coupes sombres ont été opérées sur l'offre hospitalière à la fois au nom d'une sécurité sanitaire corrélée à la fréquence des actes mais également au nom des économies budgétaires.

Un des effets collatéraux de ces disparitions a été d'éloigner les patients des centres de prise en charge médico-chirurgicale, les reconversions d'activité ayant été généralement plus radicales et totales que partielles ou circonscrites à la perte d'une unité de plateau technique.

Le fossé de la distance ne faisait en fait que continuer de se creuser. Les jeunes médecins aussi ne souhaitaient plus s'installer en périphérie - affaire de confort de vie certes, mais probablement également confort de sécurité d'exercice. Après neuf années, nos étudiants ont désormais un fort bagage culturel ; du cytochrome à l'ADN mitochondrial rien désormais ne leur échappe...

Dans le même temps, valident-ils un certain nombre de pratique courante, pose et lecture d'un électrocardiogramme, acte de frottis, technique de prélèvement, ablation d'élément cutané bénin, pose de perfusion, geste de ponction ? Ont-ils tous vu un simple accouchement auquel ils pourraient être un jour confrontés ?...

Nous passons désormais sous silence ces passeports de technicité qui alimentaient le lien de proximité et constituaient la garantie de la confiance en soi d'un professionnel de santé et la présence d'un service public de proximité.

De même, en ne valorisant pas financièrement l'exercice de ces actes parfois chronophage s'est constituée une dynamique d'abandon de pratique y compris chez praticiens les plus aguerris, transférant ainsi un flot indomptable de patients vers ces pôles experts désormais devenus champions du délai d'attente et de la "bobologie".

La proximité sanitaire est au centre de la campagne du candidat Hollande et c'est "bon sens".

Si la réflexion sur les nouveaux modes d'exercice est aussi au centre des débats, il faut préalablement reconquérir les territoires perdus, celui de la formation de nos étudiants en médecine aux actes pratiques essentiels qui scellent le lien entre un patient et un médecin tout en développant l'assurance en son propre exercice, celui de la juste valorisation de ces actes afin de désengorger les plateaux techniques saturés par le fait de méconnaissances ou de renoncements de pratique.

Dr Jean-François Gomez, président du syndicat général CFE-CGC