mardi 28 septembre 2010

Le gouvernement prévoit 2,5 milliards d'économies pour l'assurance maladie en 2011

Libération, 28 septembre 2010

Plusieurs mesures marquent un recul de la prise en charge par l’assurance maladie: modification du dispositif du ticket modérateur, remboursement à 30% de médicaments actuellement remboursés à 35, etc.

Le budget 2011 de la Sécurité sociale prévoit 2,5 milliards d'euros d’économies pour la branche maladie, la plus lourdement dans le rouge. Ce qui devrait permettre de limiter son déficit à 11,6 milliards.

Sans les mesures inscrites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le déficit de la branche maladie du régime général (salariés du privé) aurait atteint 14,5 milliards d’euros, selon les chiffres présentés, plus tôt dans la journée, par la Commission des comptes.

Plus globalement, le gouvernement prévoit, dans le budget 2011 de la Sécurité sociale, de limiter à 21,4 milliards d’euros le déficit du régime général , toutes branches confondues du régime général (maladie, vieillesse, accidents du travail, famille). Soit un effort de plus de 7 milliards.

Or, d’après les chiffres de la Commission de comptes de la Sécurité sociale (CCSS), le déficit 2011 du régime général (salariés du privé) pourrait atteindre 28,6 milliards. Mais le gouvernement a corrigé cette prévision, pour tenir compte des mesures de son Projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS).

Pour l'assurance maladie, plusieurs mesures marquent un recul de la prise en charge. Si elles ne représentent que 10% de l’effort financier, ce sont sans doute les plus délicates à faire passer auprès de l’opinion.

Les médicaments actuellement remboursés à 35%, à vignette bleue, ne le seront plus qu’à 30%.

A l’hôpital, le dispositif du ticket modérateur sera modifié défavorablement pour les patients.

Actuellement, les patients paient 20% de leur poche sur les actes jusqu’à 91 euros. Une participation forfaitaire de 18 euros est ensuite appliquée au-delà. Le budget 2011 prévoit de relever le seuil de 91 à 120 euros.

La plus grosse part de l’effort (1,2 milliards) portera sur le «renforcement de l’efficience du système de soins», les hôpitaux et le secteur du médico-social (personnes âgées et handicapées) étant particulièrement visés, mais aussi sur l’encadrement des prescriptions des médecines de ville.

Le gouvernement compte par ailleurs réaliser près de 900 millions d’euros d’économies grâce à des baisses de prix des médicaments et des dispositifs médicaux, ainsi qu’à des baisses de tarifs de certains professionnels de santé (radiologie, biologie).

Pour la branche retraites, les mesures sont connues depuis plusieurs mois, dans le cadre de la réforme des retraites.

Trois sont notamment inscrites dans le PLFSS:
- hausse des cotisations sociales sur les stock-options et sur les retraites chapeaux,
- modification du mode de calcul des allégements généraux de charges patronales (qui doit rapporter 2 milliards d’euros).

Le budget 2011 prévoit aussi la hausse de 0,1 point des cotisations patronales pour la branche «accidents du travail et maladies professionnelles», ce qui doit rapporter 450 millions.

Le PLFSS ne pose pas que des mesures d'économie. Il prévoit notamment, pour les victimes de l’amiante, un délai rallongé de 4 à 10 ans pour tenter d’obtenir réparation auprès du fonds d’indemnisation de l’amiante.

Afin de permettre à plus d’assurés de compléter les remboursements de l’assurance maladie, le gouvernement va aussi relever le plafond de ressources pour bénéficier de l’Aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS).

Le gouvernement veut "garrotter l'hémorragie" de la Sécurité sociale

Le Monde, 28 septembre 2010

Faut-il s'en féliciter ? La meilleure tenue de l'emploi, notamment, va permettre au déficit du régime général de la Sécurité sociale de s'élever à 23,1 milliards d'euros en 2010, contre 26,8 milliards prévus en juin dernier, puis à 21,4 milliards d'euros en 2011, et non plus 28,6 milliards.

C'est ce que devait annoncer le gouvernement, qui doit présenter le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2011, en fin d'après-midi ce mardi 28 septembre. Certes c'est moins que redouté, mais cela reste gigantesque. Rappelons qu'avant la crise, en 2008, il s'élevait à 10,2 milliards d'euros.

Pour le ministre du budget François Baroin, le principal objectif pour l'an prochain était de "garrotter l'hémorragie". La réduction du déficit attendra.

Sur les 21,4 milliards de 2011, seule la branche accidents du travail-maladies professionnelles ne devrait pas s'inscrire dans le rouge, mais dégager 0,1 milliard d'euros. Le déficit de la branche famille devrait s'élever à 3 milliards d'euros, et celui de la branche vieillesse, à 6,9 milliards.

C'est en fait l'assurance-maladie qui sera responsable de plus de la moitié du "trou" de la Sécu, à -11,6 milliards. Soit à peu près autant qu'en 2010.

Si le gouvernement se montre offensif en matière de réduction de déficit public, du côté de la santé, sujet très sensible et particulièrement complexe, s'est sur la stabilité qu'il mise. Pour cela, il faudra cependant maîtriser l'envol naturel des dépenses de santé, qui s'affiche entre 3% à et 4% par an.

Le président de la République avait d'ores et déjà annoncé au printemps que l'objectif national de dépenses d'assurance-maladie (Ondam) devrait s'afficher à 2,9% en 2011, soit pour la première fois sous la barre des 3%.

Environ 2,5 milliards d'économies devront donc être dégagés. Soit bien peu sur un total des dépenses qui devrait dépasser les 165 milliards d'euros.

Alors que pour beaucoup, augmenter les prélèvements obligatoires semble inéluctable pour rétablir l'équilibre de l'Assurance-maladie, ce plan, qui ressemble à ceux mis en place avant la crise, ne manquera pas de susciter de nombreuses réactions.

"Tout le monde parle de plan d'économies, mais il s'agit d'un plan de dépenses car ce sont au final 5 milliards d'euros supplémentaires par rapport à 2010 qui seront consacrés à la santé", explique Claude Le Pen, économiste de la santé (Paris Dauphine).

"On a le sentiment d'une politique qui consiste à mettre pour l'essentiel la poussière sous le tapis", estime pour sa part Marisol Touraine, député PS d'Indre-et-Loir, et chargée de la protection sociale au sein du parti.

Pour atteindre 2,5 milliards de réduction de dépenses, le gouvernement va demander des efforts aux laboratoires pharmaceutiques, aux professionnels de santé, mais aussi aux assurés eux-mêmes. Une hausse des cotisations des complémentaires de santé est donc à prévoir.

La mesure phare devrait concerner la baisse du taux de remboursement des médicaments à vignette bleue au service médical rendu jugé modéré (Smecta, Spasfon…). Jusqu'alors pris en charge à hauteur de 35%, ils ne le seraient plus qu'à 30%.

Déjà cette année dernière, plus de 150 médicaments de cette catégorie avaient été "rétrogradés" dans une autre, spécialement créée, qui regroupe désormais les produits remboursés à hauteur de 15% (vignette orange).

En revanche, le gouvernement a renoncé à augmenter le ticket modérateur payé par les Français lors de leurs consultations chez les médecins, infirmiers ou encore kinésithérapeutes.

Alors que jusque-là l'assurance-maladie prenait en charge 70% de la facture, le taux devait descendre à 69,5%. Mais la mesure, fortement décriée, était techniquement compliquée à mettre en place pour le système informatique de l'Assurance-maladie.

En outre, selon certains observateurs, avec 200 millions d'euros, l'économie était faible, comparé au risque politique.

Laetitia Clavreul

lundi 27 septembre 2010

Le déficit de la Sécu résiste aux plans d'économie

Le Monde, 28 septembnre 2010

Le gouvernement doit lever le voile mardi sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2011, confrontée à des déficits historiques.

Evalué à près de 27 milliards d'euros avant l'été, le déficit 2010 du régime général devrait finalement être un peu moins lourd, grâce à une embellie de l'emploi, mais il n'en atteindra pas moins un niveau record.

Selon Les Echos mardi, le déficit du régime général sera de 23 milliards d'euros, la réforme des retraites permettant tout juste de stabiliser le déficit de la branche vieillesse.

La commission des comptes de la Sécurité sociale doit surtout livrer mardi une première prévision pour 2011, qui sera rapidement corrigée dans la journée par le gouvernement, pour tenir compte des mesures du PLFSS.

"Notre objectif pour l'année prochaine, c'est de garrotter l'hémorragie et d'être en dessous si possible du niveau" de 2010, a confié dimanche le ministre du budget, François Baroin. Le volet vieillesse du budget a déjà été largement présenté dans le cadre de la réforme des retraites.

Pour l'assurance-maladie, la prévision de déficit présentée à la commission des comptes de la Sécurité sociale sera légèrement inférieure à 12 milliards d'euros, précise le quotidien économique.

Le gouvernement a fixé un taux ambitieux d'évolution des dépenses d'assurance-maladie, à + 2,9 %, alors que le rythme annuel ces dernières années s'était établi entre + 3 % et + 4 %. Mais il n'a pas encore dévoilé les mesures qui permettront d'y parvenir.

Les Echos ont fait état d'un plan d'économies de 2,5 milliards d'euros dans les tuyaux pour l'assurance-maladie, une information ni confirmée ni démentie.

Selon Les Echos et Le Figaro, une seule mesure importante a été abandonnée dans la dernière ligne droite : l'idée d'augmenter légèrement (de 0,5 point) le ticket modérateur qui reste à la charge des assurés pour les consultations de médecins, les analyses médicales ou les séances de kinésithérapie.

Les assurés seront tout de même mis à contribution : les médicaments, dont le service médical est considéré comme modéré (vignettes bleues), devraient voir leur taux de remboursement passer de 35 % à 30 %.

Associations de patients et syndicats de salariés ont déjà vivement protesté. De leur côté, les mutuelles santé, qui complètent les remboursements de l'assurance-maladie, ont déjà prévenu que de telles mesures conduiraient à une hausse de leurs tarifs.

dimanche 26 septembre 2010

La contestation de l'assurance-maladie et du gouvernement au coeur des élections professionnelles chez les médecins

Le Monde, 27 septembre 2010

Les quelque 120 000 médecins libéraux ont jusqu'à mercredi 29 septembre pour envoyer par la poste leur bulletin de vote pour leurs élections professionnelles. Cette fois, difficile de s'y retrouver.

Quel que soit le syndicat, le thème du combat est le même : sauvegarder la médecine libérale, et en son sein la médecine générale. Jugés responsables de la crise actuelle, le gouvernement et l'assurance-maladie sont vivement critiqués.

Patrick Hassenteufel, professeur de sciences politiques à l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, constate pour ce scrutin "un contexte bien plus tendu" qu'habituellement. Il faut dire que "lors des dernières élections, ceux qui se sont inscrits dans la contestation l'ont toujours emporté", ajoute-t-il.

La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), votée en 2009, est vivement remise en cause, surtout par la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), première force en présence et opposante de la première heure à ce "texte liberticide", selon son président, Michel Chassang.

Réuni en université d'été ce week-end à Cannes, le syndicat, qui avait soigneusement évité d'inviter la ministre de la santé Roselyne Bachelot, a menacé de ne pas voter la prochaine convention avec l'assurance-maladie, si la loi n'était pas "nettoyée".

Tant que les élections ne sont pas passées, la contestation continue. Et ce, malgré la suspension par le gouvernement de l'application de mesures très décriées comme l'obligation pour les professionnels installés en zone surdotée en médecins d'exercer quelques demi-journées en zone déficitaire, et malgré la promesse de Nicolas Sarkozy d'une revalorisation des tarifs de consultation.

"Ce sont des actes que nous voulons", insiste Vincent Rébeillé-Borgella, secrétaire général de MG France.

Ce syndicat a soutenu la loi HPST, ce que ne manque jamais de rappeler la CSMF, son principal adversaire dans le collège des généralistes. Mais depuis, il a changé de président et adopte une attitude plus dure vis-à-vis du gouvernement.

Du côté des réformistes, auquel MG France appartient, c'est davantage la superpuissance des caisses primaires d'assurance-maladie (CPAM) qu'on dénonce.

Plusieurs généralistes sont ainsi engagés dans des procès en vue de se voir reconnaître le droit d'utiliser le même tarif que les spécialistes. L'Union généraliste, branche de la Fédération des médecins français qui fait campagne sur le thème du "harcèlement" des caisses, vient en outre de déposer huit plaintes pour "abus de droit".

"Double crise"

Tous les syndicats mesurent le ras-le-bol des "contrôles et autres tracasseries administratives" exercés selon eux par les caisses primaires. Ceux qui facturent 23 euros leur consultation ont ainsi été rappelés à l'ordre de leur caisse primaire. Ils répondaient à un appel de la CSMF réputée proche de l'assurance-maladie, qui avait lancé cette surfacturation anticipant la hausse du tarif prévue au 1er janvier 2011.

Pourquoi une telle tension, un tel malaise ? "Les médecins sont au coeur d'une double crise : de vocation, avec l'apparition de déserts médicaux, et de statut, avec le débat sur la liberté d'installation", explique Claude Le Pen, économiste de la santé (Paris-Dauphine).

Face à la montée du salariat, aux craintes d'étatisation exprimées par les syndicats, "c'est à celui qui défendra le mieux l'honneur perdu", ajoute-t-il. Ce qui explique que les lignes de fracture soient moins nettes.

Pour les syndicats, ces élections sont un enjeu de taille : des scores dépendra la possibilité, ou non, de négocier dans les prochains mois la nouvelle convention avec l'assurance-maladie.

L'issue du scrutin sera aussi observée de près par la majorité, qui saura alors dans quel sens orienter sa politique pour reconquérir avant 2012 cet électorat jusque-là plutôt acquis, mais qui reste marqué par sa non-participation à la campagne de vaccination contre la grippe H1N1. Les résultats seront connus lundi 4 octobre.

Laetitia Clavreul

mercredi 22 septembre 2010

Mireille Faugère va diriger l'AP-HP

AFP, 22 septembre 2010

Mireille Faugère a été nommée aujourd'hui en Conseil des ministres directrice de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) sur proposition de la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, selon un compte rendu du Conseil.

Actuelle conseillère de Guillaume Pépy à la SNCF en charge des "grandes lignes", Mireille Faugère remplacera Benoît Leclerc, sur fond de tensions autour de l'adoption prochaine d'un plan stratégique à cinq ans visant à améliorer l'offre de soins tout en revenant à l'équilibre financier d'ici à 2012.

Selon ce plan, les 37 hôpitaux devraient être regroupés en 12 groupes hospitaliers. Par le jeu des regroupements et des mutualisations de moyens, la direction a évoqué la possibilité de supprimer entre 3.000 et 4.000 postes d'ici à 2012.

Avec près de 90.000 professionnels, l’AP-HP est le premier employeur d'Ile-de-France.

60% de la chirurgie est faite dans le privé

AFP, 22 septembre 2010

Les 1.100 cliniques et hôpitaux privés réalisent 60% des actes chirurgicaux en France et prennent en charge environ un tiers des hospitalisations, selon la première grande étude du secteur rendue publique aujourd'hui par la fédération de l'hospitalisation privée (FHP) révélée aujourd'hui.

Réalisé avec le groupe Montaigne, spécialiste du secteur hospitalier et le cabinet Mazars pour la partie financière, le premier rapport d'activité sur l'hospitalisation privée, destiné à être reproduit chaque année, se veut "une base d'information exhaustive et la plus objective possible" sur ce secteur qui a accueilli près de 7 M de séjours en 2008, soit environ 30% des hospitalisations en France.

Les cliniques et hôpitaux privés réalisent notamment 60% des actes chirurgicaux, 25% des séjours en médecine, 28% des accouchements, 30% des séjours soins de suite et réadaptation et 20% des hospitalisations psychiatriques.

Le secteur est en pointe dans le développement de l'activité ambulatoire avec 67% de part de marché en chirurgie, souligne aussi le rapport.

Avec 2 M de passages aux urgences (soit 14% des passages en France) dans les 126 cliniques autorisées en 2008, le secteur privé "représente un maillon indispensable du système de santé", selon cette étude.

Gros employeurs, avec 140.000 salariés, dont 49,5% d'infirmières diplômées d'Etat, les cliniques et hôpitaux privés couvrent la quasi-totalité des pathologies, y compris les pathologies lourdes, en dehors des greffes d'organes juridiquement réservées aux établissements publics et privés non lucratifs.

En 2007, 40.000 médecins exerçaient leur activité au sein de cliniques et hôpitaux privés (dont 36.000 libéraux).

Le secteur est toutefois confronté à un problème majeur de démographie médicale, de nombreux patriciens arrivant à l'âge de la retraite.

"La baisse des effectifs est particulièrement notable dans l'obstétrique (-6,7 %) et la pédiatrie (-9,6%), où le manque de médecins est souvent responsable de la fermeture des services et de la disparition de l'activité", note le rapport.

mardi 21 septembre 2010

Avec la crise, des Français renoncent à se soigner

Libération, 21 septembre 2010

La crise a fait bondir le renoncement aux soins en France. C'est ce qui ressort du dernier baromètre «Cercle Santé - Europ Assistance». Le pourcentage de personnes qui ont reporté une dépense de santé ou qui ont tout simplement renoncé à un soin, a bondi de douze points en un an. Ainsi, cette année, 23% des Français ont été concernés par le renoncement aux soins, contre 11% dans le baromètre précédent.

Sur les huit pays sondés pour ce baromètre (sept pays européens, plus les Etats-Unis), seule la Pologne connaît une hausse du même type. Les Polonais sont aussi ceux qui renoncent le plus à se faire soigner (25%), devant les Américains (24%) et, donc, les Français.

La moitié des Français (49%) juge ainsi que le système de santé ne garantit pas l'égalité de l'accès aux soins. L'exacte autre moitié, ou quasiment (48%), pense le contraire.

Quant aux concessions qu'ils sont prêts à faire pour réduire les inégalités d'accès aux soins, les Français restent opposés, à une courte majorité (51%), à une augmentation des cotisations ou des impôts. Mais elle reste la solution citée en premier (32% des Français), devant la hausse des franchises médicales (28%) et celles des assurances ou mutuelles privées (23%).

Rien à voir, mais ce baromètre nous enseigne aussi que les Français restent réfractaires à l'utilisation d'Internet pour se soigner. Ils sont seulement 45% à consulter la toile régulièrement pour s'informer et se trouvent ainsi en queue de peloton, avec les Italiens (46%). En comparaison, les Suédois sont 67% à le faire, les Américains 66%.

87% des Français rejettent les consultations médicales par Internet, un taux nettement plus fort que dans les autres pays étudiés. Décidément pas dans la culture française, la compatibilité entre médecine et Internet: 67% sont opposés à la notation en ligne des docteurs.

vendredi 17 septembre 2010

La santé des Français leur a coûté 223 milliards d'euros en 2009

Le Monde, 17 septembre 2010

Les Français ont dépensé 223 milliards d'euros pour leur santé en 2009, un chiffre en augmentation de 4 % par rapport à 2008, selon le rapport annuel de la Commission des comptes de la santé.

La consommation de soins et de biens médicaux représente les trois quarts de cette dépense, mais d'autres postes sont en forte augmentation, comme les soins aux personnes âgées placées dans des maisons de retraite (+ 15 %) et les dépenses de prévention (+ 12,9 %).

Cette dernière augmentation est à rattacher à la campagne de vaccination contre le virus de la grippe H1N1.

Les soins et biens médicaux sont pris en charge à 75 % par la Sécurité sociale, les assurances complémentaires prenant en charge 13,8 %. Le reste des dépenses est à la charge des ménages.

Les soins hospitaliers poursuivent leur croissance régulière avec + 3,8 %, même si cette augmentation est moins forte qu'au début des années 2000, remarque l'organisme.

Les Français restent par ailleurs de grands amateurs de médicaments, puisqu'ils en ont consommé pour 35,4 milliards d'euros en 2009, un chiffre en augmentation de 2,5 %.

http://www.securite-sociale.fr/chiffres/ccss/2009/ccss200906.pdf

jeudi 16 septembre 2010

Le plan stratégique de l'AP-HP dessine une nouvelle organisation des hôpitaux parisiens pour 2014

Le Monde, 16 septembre 2010

La réorganisation en douze groupes hospitaliers devrait engendrer 272 millions d'euros d'économies.

Lisibilité pour les usagers, adaptation aux besoins de soins... Telles sont les grandes lignes du « plan stratégique » de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris pour les années 2010 à 2014.

Après deux ans de préparation, de vives réactions des personnels et des médecins, le conseil de surveillance devait se prononcer, mercredi 15 septembre, sur ce plan qui intègre une contrainte budgétaire forte.

La réorganisation s'appuie sur la décision de 2009 de réunir les 37 hôpitaux en 12 groupes hospitaliers. En parallèle a été analysée l'évolution des besoins de la population (croissance des maladies chroniques, vieillissement), mais aussi de la médecine et de la démographie médicale. L'inquiétude est forte, par exemple, sur le futur manque d'anesthésistes. Ce qui explique en partie la volonté de regrouper les blocs opératoires.

Trois niveaux de prise en charge Pour permettre aux patients de mieux s'y retrouver, l'AP-HP veut réorganiser son offre de soins en trois niveaux, « de la proximité à la spécialisation ». Ce qui engendrera de nombreuses restructurations.

Dans chaque groupe, des activités de base devront être présentes : urgences, prise en charge de la précarité et des personnes âgées, réanimation, chirurgie générale, centre d'IVG... Au deuxième échelon se trouveront des activités intermédiaires, comme le cancer. Au troisième, d'autres dites hyperspécialisées (greffes...), à vocation régionale ou concernant des maladies rares.

Entre les hôpitaux Lariboisière et Saint-Louis par exemple, la tendance à la spécialisation va être accentuée : au premier, les activités d'urgence (AVC, orthopédie...), au deuxième, celles plus programmées comme la cancérologie. A Saint-Louis sera aussi regroupée la prise en charge des grands brûlés (adultes) pour l'AP-HP, qui ne sera plus assurée également à Cochin.

Alors que 21 hôpitaux prennent aujourd'hui en charge le cancer, leur activité sera regroupée en quelques « centres intégrés », qui interviendront du diagnostic à l'« après-cancer ». Seront aussi créés des « centres experts », très spécialisés.

Une séparation entre l'urgence et la programmation

Pour éviter que les arrivées aux urgences ne perturbent les opérations programmées ou posent des problèmes de disponibilité de lits, les deux types de prise en charge seront séparés. Dans chaque groupe sera créé un département d'aval des urgences, consacré à la prise en charge des hospitalisations non programmées.

Une réflexion par bassin de population

L'idée est de davantage tenir compte des spécificités territoriales. Un exemple est surtout parlant : l'accent qui sera mis sur l'obésité dans le groupe Avicenne-Jean Verdier-René Muret, aussi bien en termes d'accueil des patients que de recherche. En Seine-Saint-Denis, où se situe ce centre, la prévalence de l'obésité atteint 18 %, contre 14 % pour l'ensemble de la France.

Le financement en question Le projet médical semble désormais accepté, même s'il reste des points d'achoppement comme l'avenir des spécialités de pédiatrie de Trousseau. En revanche, les volets finance et emploi suscitent toujours la critique des syndicats et du Mouvement de défense de l'hôpital public, composé de médecins.

Répondant à l'obligation d'un retour à l'équilibre à partir de 2012, le plan prévoit 272 millions d'économies (sur 6,4 milliards de budget), dont plus de 200 millions concernent les dépenses en personnel. Si le nombre de suppressions de postes n'apparaît pas dans le document, 3 000 à 4 000 seraient en jeu (sur 90 000).

Le risque de dégradation de la qualité des soins et des conditions de travail est donc toujours pointé. Les sommes consacrées à l'investissement - soit 2,2 milliards d'euros d'ici à 2014 - sont, elles, jugées trop faibles, vu les besoins, même si l'AP-HP compte y ajouter 400 millions de cessions de son patrimoine.

Les représentants des médecins s'étaient déjà prononcés cet été en faveur du plan, et les syndicats contre. Un vote positif devrait avoir comme conséquence le départ du directeur général, Benoît Leclercq. Pour le remplacer, le nom de Mireille Faugère, ex-directrice des grandes lignes à la SNCF, est souvent évoqué.

Réduction du déficit de la Sécu : les malades appelés à contribuer

Le Monde, 16 septembre 2010

Alors que le débat sur les retraites bat son plein, le gouvernement s'apprête à solliciter les malades, pour limiter le déficit de l'assurance-maladie. Les mesures d'économies envisagées par le gouvernement pour l'assurance-maladie représentent un effort de 2,5 milliards d'euros, affirment Les Echos, jeudi 16 septembre.

Trois d'entre elles concernent directement les assurés, selon le quotidien économique : les taux de remboursement seront légèrement réduits pour certains médicaments — ceux qui sont pris en charge à 35 % — pour les consultations de médecin ou encore certains frais d'hospitalisation. Budgétairement, le plan affectera surtout les laboratoires pharmaceutiques.

Du côté des recettes, les entreprises devront cotiser 400 millions de plus au titre des accidents du travail.

Début juillet 2010, l'assurance-maladie avait suggéré plusieurs pistes pour économiser 2,2 milliards d'euros en 2011, comme la baisse des tarifs des analyses médicales, pour respecter le cap fixé par Nicolas Sarkozy.

Le chef de l'Etat souhaite que la progression des dépenses d'assurance-maladie ne dépasse pas 2,9 % en 2011, alors que leur rythme annuel s'est établi entre 3 et 4 % ces dernières années. En 2011, l'objectif est de rédduire le déficit de la Sécu à un peu plus de 23 milliards d'euros.

dimanche 12 septembre 2010

Deuxième année de baisse des déficits pour les hôpitaux

Le Figaro, 13 septembre 2010

Le «trou» a diminué de 74 millions d'euros en 2009 dans les établissements publics et privés non lucratifs.

Les hôpitaux poursuivent leur convalescence. Selon le ministère de la Santé, leur déficit global a atteint 497 millions d'euros l'an dernier, sur 64 milliards de recettes.

Une amélioration de 13% par rapport à 2008 (571 millions de déficit), qui marquait déjà un progrès par rapport au «pic» de 2007 (686 millions), inversant la tendance après plusieurs années de dégradation.

Plus des deux tiers des établissements ont été à l'équilibre ou excédentaires en 2009 (69%, contre 64% un an auparavant).

Les déficits sont en fait de plus en plus concentrés sur un petit nombre d'hôpitaux, singulièrement les CHU, dont la situation d'ensemble, même dans le rouge, s'améliore.

Sept des 31 centres hospitalo-universitaires n'affichent pas de «trou» (Angers, Orléans, Nîmes, Limoges, Poitiers, Toulouse, Tours), contre 3 seulement en 2008.

Seul hic: l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), dont le résultat plonge de - 21 à - 94 millions d'euros, efface à elle seule ce redressement.

Le ministère juge encourageant que ces améliorations découlent moins d'une envolée des recettes (+3%, dont l'essentiel provient de l'Assurance-maladie) que d'une «maîtrise des charges» (+2,85%).

De loin, le principal poste de dépenses, la masse salariale, n'a progressé que de 1,89%. Ce qui semble cohérent avec l'estimation annoncée il y a plusieurs mois par la Fédération hospitalière de France, selon laquelle les effectifs ont reculé l'an dernier de 1800 agents, sur plus d'un million. Le ministère ne confirme toutefois pas cette baisse, qui traduirait un vrai retournement.

Paris, Marseille et Lyon

Le chiffre de 497 millions d'euros pour 2009, conforme au déficit prévisionnel (ce qui est en soi une bonne nouvelle!), est quasi définitif: il concerne 85% des établissements publics et privés non lucratifs, représentant 94% de la masse financière du secteur.

Il porte sur les «budgets principaux», généralement pris pour référence, et qui correspondent à l'activité de soin des hôpitaux.

Les budgets totaux, qui incluent aussi les activités «annexes» comme les écoles de formation des infirmières ou le «long séjour», affichent eux aussi un déficit en recul, à 302 millions d'euros contre 392 millions en 2008.

Pour le ministère de la Santé, l'objectif de comptes équilibrés en 2012 pour l'ensemble du système hospitalier est ainsi en bonne voie… si l'on exclut du périmètre l'AP-HP, l'AP-HM (Marseille) et les HCL (Lyon) -autrement dit, les trois plus gros établissements de France, dont le redressement sera plus lent.

Sans remettre en cause la tendance à l'amélioration, la Cour des comptes a estimé la semaine dernière que les déficits étaient minorés de 25% par des pratiques comptables contestables, notamment sur les amortissements et les provisions.

L'entourage de Roselyne Bachelot le réfute et parle de «sensationnalisme». Il admet en revanche que «les efforts entamés doivent se poursuivre» pour mieux récupérer les sommes dues aux hôpitaux par les caisses de Sécu, les patients ou leur complémentaire.

La Cour, citant la direction générale de l'organisation des soins, relève que «les pertes de recettes liées aux insuffisances de la chaîne de facturation seraient comprises entre 5% et 15% du budget des hôpitaux»!

mercredi 8 septembre 2010

Les études de médecine en pleine mutation

Le Figaro, 8 septembre 2010

La réforme est censée lutter contre le «gâchis humain». Mais certains préconisent une sélection avant l'inscription.

Cette rentrée scolaire voit la mise en place de la réforme des études de médecine à l'université. La nouveauté consiste en l'instauration d'une première année commune aux formations de médecin, chirurgien-dentiste, sage-femme et pharmacien.

«Comme il y avait à présent deux concours pour la médecine et dentaire, bien souvent, les étudiants qui optaient pour dentaire étaient ceux qui n'avaient pas pu être en rang utile pour médecine», explique avec diplomatie le Pr Axel Kahn, président de l'université Paris-Descartes, la plus grosse fac de médecine en France.

Il déplore une «sélection par l'échec» et regrette que certains étudiants aient dû notamment opter pour la profession de sage-femme par défaut au lieu de faire ce métier par choix. La France compte près de 40.000 étudiants en médecine en première année.

En juin 2010, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, Valérie Pécresse, avait déclaré: «Le premier objectif de la réforme est de lutter contre le gâchis humain que représente pour une majorité d'étudiants la première année d'études de santé (PAES).» Dont acte.

Pour le premier semestre, huit unités d'enseignement sont proposées dans les disciplines fondamentales (physique, chimie et biologie). Chacune de ces unités comprend 80 heures d'enseignement au terme desquelles aura lieu le concours (première quinzaine de janvier).

Après obtention des résultats quinze jours plus tard, les étudiants devront s'inscrire dans une à quatre unités d'enseignements spécifiques, selon la (ou les) filière choisie: maïeutique, et/ou médecine-kinésithérapie, et/ou odontologie, et/ou pharmacie. Cette inscription constitue un choix qui ne pourra plus être modifié.

Le problème c'est que cette année, en raison justement de cette réforme, on note une augmentation du nombre d'inscrits en première année selon l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF). Elle serait de l'ordre de 5% (plus de 10% à Paris Descartes).

«Du coup, les universités ont prévu des cours retransmis par vidéo, explique la présidente de l'ANEMF, Ingrid Bastide. Et certaines devront même délocaliser leurs cours, comme c'est le cas à Strasbourg.»

La réforme va donc entraîner des casse-tête logistiques. Ainsi, plus de 11 amphithéâtres sont prévus et on estime à 33 le nombre d'étudiants par TD à Paris-Descartes.

Son doyen, Patrick Berche, plaide du coup pour une sélection avant la première année, à l'image de ce qui se fait ailleurs dans le monde.

«Prendre en considération les résultats obtenus au lycée, la mention au bac et réaliser un entretien de l'étudiant permettrait de recruter moins de candidats, relève-t-il. Au lieu des 3.500 élèves que nous avons chaque année -alors que le numerus clausus est à 40-, nous devrions en prendre 1.200.» Ne serait-ce pas la solution pour lutter contre le «gâchis humain»?

«Je dis souvent qu'on a plus de chances d'être médecin en allant faire ses études à Amiens. Là-bas, on est pris en dessous de la moyenne alors qu'à Descartes on est recalé avec 12,8», argumente encore le doyen. Sans oublier ceux qui partent à l'étranger décrocher leur diplôme.

De son côté, Axel Kahn regrette que cette réforme soit «moins radicale» qu'il aurait souhaité. À savoir une licence commune aux futurs médecins, kinés, podologues ou encore professeurs de biologie.

«Je voulais une licence globale avec trois ans de tronc commun pour acquérir une base non seulement en sciences mais aussi en humanités», confie le généticien.

Le nombre de médecins installés recule en France

Le Figaro, 8 septembre 2010

Moins de 200 000 praticiens sont désormais en «activité régulière», selon l'Atlas annuel du Conseil de l'ordre.

D'année en année, la perspective se confirme : accéder à un médecin va devenir de plus en plus difficile.

La densité médicale commence à baisser, constatait pour la première fois le Conseil national de l'ordre il y a un an.

La tendance se poursuit (290,3 praticiens pour 100 000 habitants le 1er janvier dernier, contre 300,2 début 2008).

Mais désormais, le nombre de médecins «en activité régulière» recule aussi en valeur absolue : ils étaient 199 736 en début d'année, soit un repli de 2 %.

Une première que la hausse de 5,5 % du nombre de remplaçants, à 9 999 médecins, ne compense qu'en petite partie. D'autant plus - même si aucun chiffre n'est disponible - que le temps de travail de ces derniers est sans doute inférieur.

Phénomène nouveau : certains médecins autrefois installés ferment leur cabinet et deviennent remplaçants, visiblement pour échapper aux semaines à rallonge.

• Des inégalités régionales persistantes.

Si la région Paca compte 375 médecins en activité régulière pour 100 000 habitants, et l'Ile-de-France 373, le taux est inférieur à 240 en Picardie. Le Centre, les deux Normandies, la Champagne-Ardenne, les Pays de la Loire, et la Bourgogne sont aussi mal loties.

«L'impact des mesures incitatives» pour attirer les médecins dans ces régions «est non probant», tranche l'Ordre. Et c'est aussi dans les régions où la densité est la plus faible que les médecins sont les plus âgés. La Meurthe-et-Moselle a ainsi perdu 427 médecins en un an.

• Une pyramide des âges inquiétante.

Le nombre de médecins retraités a augmenté de 5,2 % en un an. La moyenne d'âge de ceux qui travaillent est de 51 ans et les effectifs de médecins de plus de 50 ans ont augmenté de… 53 % entre 2008 et 2009 !

Si les jeunes s'entassent encore dans les amphis en première année de médecine, dix ans plus tard «ils cherchent à faire autre chose que la médecine classique», regrette le président de l'Ordre, Michel Legmann selon qui gardes, charges et paperasse détournent les «carabins» de la médecine générale, notamment. Ils préfèrent des spécialités plus «tranquilles» comme l'homéopathie.

Les deux tiers des nouveaux inscrits à l'Ordre sont salariés (hôpital, établissements mutualistes, médecine du travail…), ce qui exclut l'activité de généraliste.

Cela n'est sans doute pas sans lien avec leur féminisation (52 % des effectifs), car le travail à temps partiel y est plus fréquent - même si, là encore, les données exactes manquent. Quelques-uns, enfin, s'exilent au Canada ou en Grande-Bretagne.

Combinés au nombre croissant de généralistes, ces éléments montrent que la baisse des effectifs n'est que la partie émergée de l'iceberg : les jeunes médecins travaillent moins que leurs aînés et ne choisissent pas les spécialités où les besoins sont les plus élevés.

• Davantage de Belges que de Roumains.

Face à la pénurie, hôpitaux, cabinets de ville et mairies «chassent» des médecins étrangers.

Le cas des Roumains a souvent été médiatisé mais ils ne représentent que 12 % des 9 112 médecins étrangers en activité, derrière les Belges (16,4 %).

Suivent les Allemands (10,9 %), les Algériens (10,3 %) les Italiens, les Marocains, les Tunisiens et les Espagnols - toutefois les praticiens non européens des hôpitaux publics ne sont pas inscrits à l'Ordre et n'apparaissent donc pas dans ces chiffres.

Autre idée reçue : ces médecins étrangers ne s'installent pas plus à la campagne que leurs confrères français. Pas de quoi combler les inégalités…

Enfin, à propos des médecins roumains et bulgares, le Dr Legmann s'inquiète d'un «problème de niveau» et déplore que les règles européennes de reconnaissance des diplômes «ne parlent que de la durée des études, pas du contenu. On a eu des déboires».

dimanche 5 septembre 2010

Hôpitaux franciliens: une réduction drastique des services de nuit à l'étude

Libération, 5 septembre 2010

Un document de travail de l'Agence régionale de Santé, révélé par Le Parisien, recommande de diminuer le nombre de blocs opératoires de nuit en Ile-de-France à un seul par département, contre six à 11 actuellement.

Le nombre de blocs opératoires de nuit en Ile-de-France devrait être réduit à un seul par département, contre six à 11 actuellement. C'est ce que recommande un document de travail de l'Agence régionale de Santé (ARS), dévoilé ce dimanche par le Parisien, qui invoque le fait qu’ils «tournent au ralenti».

«Trop de blocs opératoires tournent au ralenti la nuit», affirme ce document intitulé «Permanence des soins hospitaliers, organisation et financement» et présenté lors d'une réunion à l'ARS en juillet dernier. Le terme «nuit» englobe la période de 18h30 à 8 heures du matin.

«Un seul bloc devrait être ouvert pendant 24 heures dans chaque département», suggère le rapport. Toutefois, le président de l'ARS d'Ile-de-France assure qu'il ne s'agit que d'un «document de travail». «Ce document de travail vise juste à lancer la réflexion», a-t-il relativisé, interrogé par le Parisien.

Selon le rapport, «cette rationalisation doit aboutir à assurer un égal accès aux soins sur tout le territoire (...) et rendre le dispositif plus efficient». Un projet analogue serait à l'étude pour la province, selon le Parisien.

«On met dans le même panier la période 18heures-minuit, pendant laquelle la vie continue et où les patients arrivent en masse à l’hôpital, et la période après minuit où l’activité est quasi nulle», a déploré François Aubard, président de la Coordination médicale hospitalière, interrogé par le quotidien.

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, avait fixé comme premier objectif aux ARS d'améliorer la permanence des soins «dès les prochains mois», lors du lancement en avril de ces entités chapeautant des secteurs jusqu'ici cloisonnés comme l'hôpital, la médecine de ville et le médico-social (personnes âgées, handicapées).