lundi 16 novembre 2009

AP-HP : le projet de suppression de 1 000 postes par an inquiète

AP-HP : le projet de suppression de 1 000 postes par an inquiète, Le Monde, 16 novembre 2009

Le malaise monte à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui regroupe 40 établissements hospitaliers à Paris et dans la petite couronne. Le professeur Pierre Coriat, président de la Commission médicale d'établissement (CME), qui représente les médecins, a menacé, dimanche 15 novembre dans le Parisien, de démissionner si n'était pas revu à la baisse un projet de suppression de 1 150 postes, en 2010, qui pourrait nuire, selon lui, à la qualité des soins.

Egalement chef du service anesthésie-réanimation de la Pitié-Salpêtrière, cet opposant à la loi "Hôpital, patients, santé et territoires", adoptée en juillet, dit craindre une "spirale déflationniste" à l'AP-HP. Cette suppression de postes pourrait entraîner, selon lui, une diminution d'activité donc une baisse des recettes de l'AP-HP et une nouvelle réduction d'effectifs.

Interpellée dimanche au Sénat, la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, n'a pas nié l'existence d'un tel plan de réductions de postes, mais précisé que le chiffre était issu d'un document de travail de cadrage pluriannuel "non définitif". "Il ne s'agit que de réorganisations structurelles destinées à rétablir durablement la situation budgétaire de l'établissement", a-t-elle dit. La ministre a expliqué que le budget 2010 de l'AP-HP ne sera pas discuté avant 2010, et que le nombre de suppressions de postes ne sera confirmé qu'alors.

Tension permanente

L'AP-HP, qui compte plus de 70 000 emplois avec un budget annuel de 6 milliards d'euros, est sous tension permanente. D'ici à 2012, 350 millions d'euros devront être économisés sous forme de réduction des coûts structurels. Ce qui équivaut à réduire les effectifs de 1 000 postes par an.

"L'idée est de réussir à faire aussi bien avec moins de moyens", nous indique l'AP-HP, rappelant qu'il n'est pas question de licencier, car chaque année, il y a 6 000 à 7 000 départs naturels. "Il faut mettre en phase les diminutions d'effectifs avec les restructurations en cours, ce qui n'est pas le cas", réplique le professeur Coriat.

"C'est très bien que le professeur Coriat se décide enfin à prendre position", estime Nadine Prigent, pour la CGT-Santé, pointant des "restructurations à la hussarde". En plus des suppressions de postes elle affirme que les "activités médicales étiquetées non rentables", comme les centres IVG et de consultations sida, sont menacées.

Le personnel est sous le coup, déjà, d'une mesure de 700 suppressions de postes en 2009, qui provoque des tensions dans l'organisation du travail. Le projet de rapprochement des hôpitaux parisiens Tenon, Rothschild, Armand Trousseau et Saint-Antoine, qui pourrait faire disparaître la maternité de ce dernier, inquiète également. Enfin, plusieurs suicides ont été recensés à l'AP-HP ces derniers mois. Ils interpellent sur la souffrance des personnels face aux réformes hospitalières qui ont instauré une culture de la performance.

Laetitia Clavreul