La France envisage un virage à 180° sur la vaccination anti-H1N1, Reuters, 18.11.09 | 13h30
Par Pierre Sérisier
Le gouvernement français envisage d'effectuer un virage à 180 degrés en autorisant les médecins généralistes à vacciner contre la grippe A(H1N1) dans leur cabinet alors qu'apparaissent des dysfonctionnements.
Roselyne Bachelot, qui doit composer avec une réticence forte des Français à se faire vacciner et à un mécontentement des praticiens face aux réquisitions, fera un "point d'étape" jeudi, une semaine après le début de la campagne.
La ministre de la Santé a évoqué mardi soir devant la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale la possibilité d'impliquer "certains cabinets libéraux" dans le dispositif de protection.
Les généralistes sont particulièrement favorables à cette évolution, estimant que l'on "va gagner en simplicité et en efficacité", a déclaré un porte-parole du syndicat des médecins généralistes, MG France, mercredi.
"Il faut faire preuve de souplesse et adapter le système aux réalités qui ont un peu changé. Il faut arriver à mettre de l'huile dans les rouages. Les déclarations de Roselyne Bachelot vont dans le sens d'une possible évolution", ajoute-t-on à MG France.
Les généralistes font valoir qu'ils peuvent jouer un rôle complémentaire de celui des centres de vaccination dans le traitement des patients à risques, ainsi que des personnes isolées qui sont souvent les plus vulnérables à la maladie.
"La vaccination est une décision difficile à prendre et il y a une attente forte de la part des patients d'être traités par leur médecin personnel", précise-t-on chez MG France.
GASPILLAGE
Ce revirement contraste avec la position du gouvernement rappelée lundi par le ministre de l'Education, Luc Chatel.
"Si nous n'avons pas choisi les médecins généralistes et les cabinets médicaux privés pour procéder à la vaccination, c'est parce que nous avons un procédé particulier", avait dit Luc Chatel. "Le gouvernement a fait un choix pragmatique de vacciner le plus grand nombre de Français en un temps limité".
Les flacons de vaccin servent à dix vaccinations et ils ne peuvent pas être utilisés au-delà de vingt-quatre heures dès lors qu'ils sont ouverts.
Au-delà de ce délai, ils sont bons à jeter, avait ajouté Luc Chatel, faisant valoir que cela justifiait le choix des centres de vaccination où ils pouvaient être pleinement utilisés.
Or, pour l'instant, seules 160.000 personnes ont été vaccinées dans les 1.060 centres de vaccination ouverts en France métropolitaine et dans les 74 qui l'ont été outre-mer, a indiqué Roselyne Bachelot devant la commission parlementaire.
L'Institut national de veille sanitaire (InVS) a recensé 43 décès de la grippe A au 16 novembre. Officiellement, 122 classes et 59 écoles ont été fermées dans 17 académies en France.
Mais ces chiffres n'ont pas convaincu les Français de se rendre en masse dans les centres de vaccination et cette faible participation engendre du gaspillage dans l'utilisation du vaccin.
"En attendant les vaccins monodose, les généralistes géreront au mieux en utilisant le vaccin multidose en regroupant les patients", explique Martial Olivier-Koehret, président de MG-France sur le site du syndicat.
D'autre part, les praticiens verraient d'un très bon oeil la fin des réquisitions de généralistes dans les centres de vaccination qu'ils accusent de provoquer une désorganisation dans la chaîne de soins.
Pour les patients, en revanche, autoriser la vaccination en cabinets privés pourra se traduire par un coût financier. Les actes sont gratuits dans les centres de vaccination alors que la consultation sera payante chez le généraliste.
Édité par Yves Clarisse