vendredi 19 novembre 2010

Après l’hôpital, le gouvernement promet de s’occuper de la médecine de proximité

jim.fr, 19/11/2010

Dans cette jungle acérée qu’est l’univers politique, les passations de pouvoir sont de furtifs (et hypocrites) moments qui doivent mettre du baume au cœur. Avenue de Ségur, lundi 15 novembre, on avait plus entendu autant d’éloges depuis longtemps.

Ce furent notamment ceux qu’adressèrent Roselyne Bachelot à Roselyne Bachelot affirmant que la loi Hôpital patient santé territoire (HPST) était « la plus grande réforme de notre système de santé depuis les grandes décisions du général de Gaulle en 1958 » semblant donc estimer aussi importants la fondation des Agences régionales de santé (ARS) et le pouvoir accru aux directeurs d’hôpitaux que la naissance des CHU.

Puis, ce fut au tour du nouveau ministre Xavier Bertrand de confirmer le caractère « gigantesque » de la loi HPST. N’en déplaise à ceux qui fondent tous leurs espoirs dans le retour du maire de Saint Quentin aux affaires, telle l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) qui a souhaité qu’en découle un dialogue aussi constructif que par le passé, pour Xavier Bertrand « la réforme de l’hôpital (…) doit être conduite jusqu’à son terme ».

La médecine de proximité a besoin aujourd’hui d’attention.

Cependant, période pré-électorale oblige et nécessité extrême de renouer avec les médecins libéraux dont la défiance à l’égard du gouvernement sous l’ère Bachelot n’a cessé de croître, l’attention de Xavier Bertrand et de Nora Berra se concentrera plus certainement sur la médecine de proximité.

« Il faut moderniser, simplifier, faciliter les conditions d’exercice de la médecine de proximité » a présenté en guise de feuille de route le nouveau ministre avant de marteler en une formule aussi vide que vaste : « La médecine de proximité a besoin aujourd’hui d’attention ».

Le programme ne devrait pas déplaire aux syndicats de médecins libéraux, dont deux se sont très fortement félicités du retour de Xavier Bertrand aux affaires (la Confédération des syndicats médicaux français, CSMF et le Syndicat des médecins libéraux, SML).

Où l’on reparle de la rémunération au forfait

L’avenir sera-t-il lourd de désillusions ? Les propositions que remettra la semaine prochaine Elisabeth Hubert au Président de la République sur ce que l’on nomme donc désormais la « médecine de proximité » ne semble guère de nature à susciter la discorde, si l’on excepte son attachement à l’introduction d’une rémunération forfaitaire, qui représente toujours un sujet délicat pour les syndicats.

A l’occasion de la Conférence "Economie Santé", organisée hier par le Quotidien du médecin et les Echos, Elisabeth Hubert a en effet plaidé, comme trois associations de patients avant elle, pour le développement d’une rémunération forfaitaire, parallèlement au maintien d’un paiement à l’acte. Elle a également souligné l’importance de mieux rétribuer les structures où les soins sont dispensés.

Quelles que soient les solutions adoptées, une simplification s’impose : « La rémunération actuelle est complexe avec de multiples majorations. Je défends une "classification commune des actes médicaux" (CCAM) clinique de grille de tarifs simples ».

On relèvera par ailleurs d’autres similitudes avec les propositions présentées la veille par le Collectif interassociatif des associations de santé (CISS), la Fédération nationale des accidents du travail (FNATH) et l’Union nationale des associations familiales (UNAF) : l’ancien ministre de la santé prône le développement de la télémédecine et des coopérations entre professionnels de santé.

Cependant, bien sûr, elle n’envisage nullement de restreindre la liberté d’installation et suggère de relancer les incitations financières ou encore d’en appeler aux médecins retraités !

Enfin, elle a insisté sur la nécessité de réformer les épreuves classantes nationales (ECN) qu’elle considère en inadéquation avec les besoins.

« La formation que nous délivrions en 1958 dans les facultés de médecine n’est plus celle qu’il convient de dispenser en 2010. Elle est trop spécialisée, centrée sur l’hôpital et cela concourt à la désaffection de la médecine générale ».

Qui lancera la plus grande réforme de l’internat mené depuis Napoléon ?


Aurélie Haroche