Hôpitaux : "Nicolas Sarkozy n'a pas remis en cause le pilotage conçu par Roselyne Bachelot", Le Monde, 12 mai 2009
Le professeur Olivier Lyon-Caen, neurologue à la Piétié Salpétrière et signataire de "l'appel des 25" contre la loi "Hôpital, patients, santé, territoires" défendue par la ministre de la santé Roselyne Bachelot, réagit aux annonces de Nicolas Sarkozy lundi 12 mai.
Après avoir reçu le rapport de la commission Marescaux sur la réforme des centres hospitaliers universitaires (CHU), le président de la République a annoncé que le gouvernement reprendrait à son compte certaines propositions. Il a notamment dit pencher en faveur d'une direction collégiale des CHU comptant trois vice-présidents, dont le président de la commission médicale d'établissement, le doyen et un vice-président chargé de la recherche.
Comment réagissez-vous aux annonces de Nicolas Sarkozy sur la gouvernance hospitalière ?
J'ai entendu avec satisfaction que le président de la République a accepté et pris à son compte les principales propositions du rapport Marescaux. C'est un point positif mais je constate qu'il n'a pas été fait mention du financement de l'activité propre aux CHU. Ces propositions créent un mode de fonctionnement différent entre les CHU et les hôpitaux généraux.
Pensez que les nouvelles annonces sur la gouvernance sont susceptibles d'arrêter le mouvement de constestation au sein de l'hopital public ?
Dans la mesure où la relation directe entre le directeur, l'agence régionale de santé et le ministère suppose un pilotage dans le sens "hôpital source de profit", la réponse est "non". De ce côté, il n'y a pas eu beaucoup de changement. Je crains que cette approche ne conduise à une médecine à deux niveaux avec des fonctionnements différents, et qu'elle mette l'hôpital dans une position très difficile.
Les concessions faites par le président de la République ne sont-elles pas de nature à changer la nature profonde de la réforme ?
Pour les hôpitaux, je ne l'ai pas entendu remettre en cause le pilotage conçu par Mme Bachelot. Il n'y a pas eu de discussion. C'est une vision qui émane d'une partie anti recherche, anti médecin, anti université et qui ramène l'hôpital à un niveau que l'on a connu il y a quelques décennies.
Vous associez vous à la grève prévue demain ?
C'est un mouvement lancé à l'appel des syndicats et que nous soutenons. Rien n'a été dit concernant l'emploi alors que 20 000 postes doivent disparaître. C'est un mouvement relativement hétérogène, il faut s'entendre sur des éléments forts. Il faut notamment une tarification à l'activité qui ne soit pas aussi aveugle et brutale qu'elle l'est aujourd'hui
Propos recueillis par Cécile Prieur