Hôpital : Nicolas Sarkozy veut rassurer les personnels de santé , Le Monde, 11 mai 2005
Nicolas Sarkozy souhaite peser dans le débat sur la réforme de l'hôpital. Débattue à partir de mardi au Sénat et combattue par les professionnels de la santé, cette réforme doit notamment modifier le mode de gestion et de gouvernance des hôpitaux. Pour faire passer ce projet de loi, le président de la République s'est exprimé, lundi 11 mai, après avoir reçu le rapport de la commission Marescaux sur la réforme des CHU et se rendra mardi 12 mai en visite au CHU de Nancy. Les opposants au projet de loi "Hôpital, patients, santé, territoires" ont de leur côté prévu une journée de mobilisation jeudi 14 mai.
Le président de la République a annoncé que le gouvernement reprendrait à son compte certaines des propositions du rapport Marescaux. Le très discuté renforcement du rôle des directeurs d'hôpital va être largement édulcoré. "Le directeur ne va pas devenir un despote absolu", a fait savoir Nicolas Sarkozy, qui a dit pencher en faveur d'une direction collégiale des CHU, préconisée par le rapport Marescaux. Un directoire comptant trois vice-présidents, dont le président de la commission médicale d'établissement, le doyen et un vice-président chargé de la recherche, sera mis en place.
DES "GESTES D'OUVERTURE", MAIS UNE MÉTHODE CONTESTÉE
Roselyne Bachelot a d'ores et déjà annoncé qu'elle multipliera les "gestes d'ouverture" pour le faire accepter. Mais le malaise des personnels de santé dépasse le projet de loi qui va être débattu. Les syndicats dénoncent les financements insuffisants du secteur, alors que la ministre de la santé préfère pointer des "problèmes d'organisation". Même désaccord sur ce que les syndicats perçoivent comme l'introduction de "mécanismes privés" dans le service public de la santé, comme le financement à l'activité visant à rémunérer davantage les hôpitaux "les mieux gérés". "Personne n'a dit que l'hôpital allait devenir une entreprise, a voulu rassurer Nicolas Sarkozy lundi. On en est loin, ce n'est dans l'idée de personne."
Alors que les sénateurs ont déposé 1 163 amendements sur le projet de loi Bachelot, ces déclarations ne paraissent aujourd'hui pas aptes à rassurer les opposants à ce projet, qui en dénoncent aussi bien le fond que la forme. "Il n'est pas sérieux de réformer les CHU, qui sont l'épine dorsale de notre système hospitalier, par voie d'amendements à une loi qui est déjà en discussion et fortement contestée", fait ainsi remarquer Christophe Prudhomme, représentant de la CGT-santé, à l'issue du discours de chef de l'Etat. "On est dans la contradiction permanente, ajoute-t-il. Il y a quelques mois il disait qu'il fallait un chef qui ait tout pouvoir et aujourd'hui il réintègre la codécision." Selon lui, les syndicats de personnels hospitaliers sont toujours décidés à demander une mise à plat du système de santé lors d'Etats généraux de la santé. "On ne peut pas continuer sur la base de réformes qui s'accumulent tous les deux ans et dont on ne fait pas l'analyse et l'évaluation globale", plaide-t-il.
De leur côté, Bernard Debré et Jacques Marescaux, tout deux membres de la commission qui vient de remettre le rapport sur les CHU, se sont dits satisfaits de "l'adhésion" du gouvernement à leurs propositions. "Il y avait peut-être une divergence, a concédé le Pr Jacques Marescaux, mais il y a eu au moins six réunions avec Mme Bachelot (…) Je pense que ça va calmer la grogne".