Hôpital-cliniques : la guerre des tarifs aura bien lieu, Le Monde, 8 juillet 2009
La guerre est déclarée entre l'hôpital public et les cliniques privées. La Fédération hospitalière de France (FHF) a répondu vertement, mardi 7 juillet, à la mise en cause de la Fédération hospitalière privée (FHP) qui l'accuse de coûter trop cher à la collectivité. La FHP dénonce le financement jugé excessif de l'hôpital public par rapport aux cliniques privées.
"L'hôpital public est victime d'une véritable agression de la part des représentants de l'hospitalisation privée, s'est défendu Claude Evin, président de la FHF. Oui, nous coûtons plus cher que les cliniques privées, mais nous assumons des missions de service public beaucoup plus onéreuses !"
Depuis quelques jours, les cliniques privées multiplient les initiatives - encarts dans la presse, lettre ouverte à l'Elysée, appels pressants aux journalistes - pour prouver que leurs tarifs sont inférieurs à ceux dont bénéficie l'hôpital public.
Selon un "hosto-comparateur" mis en ligne sur le site de la FHP, un accouchement est payé 3 140 euros à l'hôpital public par l'assurance-maladie, contre 2 742 euros pour les cliniques ; une opération de la rétine, 2 731 euros contre 1 833 euros.
Pour le président de la FHP, Jean-Loup Durousset, rien ne justifie un tel écart : "Nous estimons qu'à prestations égales, nous devons être financés de la même manière que le public, précise-t-il. Pour l'heure, l'hôpital est sur-financé aux dépens du contribuable."
Cette accusation fait bondir l'hôpital public. La FHF affirme que la comparaison tarifaire entre public et privé n'est pas valide du fait des missions spécifiques de l'hospitalisation publique - urgences, permanence des soins -, qui entraînent un surcoût de financement.
"Les cliniques choisissent les pathologies et les patients qu'elles soignent. Ce n'est pas notre cas, s'indigne Alain Destée, qui représente les médecins de CHU. Les 70 000 accidents cardio-vasculaires qui surviennent chaque année sont quasiment tous pris en charge dans le public, car le privé estime qu'ils ne sont pas rentables."
Pour les deux camps, la polémique n'est pas nouvelle. Mais elle s'est violemment rallumée après que la FHF a obtenu, fin avril 2009, de Roselyne Bachelot, ministre de la santé, le report de l'alignement des tarifs publics et privés à... 2018 (Le Monde du 2 mai 2009).
Depuis, la FHP ne décolère pas. N'ayant plus l'oreille du gouvernement, les cliniques posent aujourd'hui des jalons en prévision du prochain débat parlementaire sur le financement de la Sécurité sociale.
Cécile Prieur