samedi 12 juin 2010

Le classement des professeurs de médecine les mieux payés

Le Parisien, 10 juin 2010

Le tiercé gagnant...

593 000 € *
PR THIERRY FLAM
Urologue

En trois ans, cet urologue de l’hôpital Cochin, dont les honoraires ont progressé de 14%, est passé de la troisième à la première position de notre classement. Ce professeur « surbooké », comme nous annonce sa secrétaire, facture 150 € par consultation et tarife « 3900 € à 4000 € pour une ablation de la prostate », nous précise-t-elle après avoir consulté des devis.

Professeur hospitalo-universitaire de renom, le professeur Flam, qui travaille également dans le service de Bernard Debré, fait partie de la dizaine de praticiens « invités » en 2009 par le conseil de l’ordre à raboter ses tarifs.

Contacté plusieurs fois, il n’a pas souhaité nous répondre.

569 000 € *
PR MARC ZERBIB
Urologue

Ses honoraires étaient de 480000 € en 2005. Son chiffre d’affaires a bondi de 18,5% en trois ans. Cet urologue tarife 150 € sa consultation et déclare sur le site de la Sécu facturer entre 1200 € et 3200 € pour une « chirurgie de la prostate hors cœlioscopie ».

Contacté, il affirme avoir réalisé en 2009 « 7 consultations sur 10 et 4 opérations sur 5 en public ». « Tous mes patients sont libres de choisir et ont une mutuelle », assure-t-il, avant de souligner que « les délais d’attente sont les mêmes pour tous » (ce que dément notre testing). En 2009, ses honoraires « ont baissé de 30% pour atteindre 424415 € ». Pour son temps plein hospitalier, il perçoit environ « 8000 € net par mois après trente ans d’activité » et tient à évoquer son temps de travail, « entre soixante-dix et soixante-quinze heures par semaine ».

545 000 € *
PR MAURICE MIMOUN
Chirurgien esthétique

Si les honoraires du chef de service de la chirurgie plastique et reconstructive de Saint-Louis, qui dirige aussi le service des grands brûlés de Saint-Antoine, sont stables par rapport à 2005, ce chirurgien ne donne en revanche même plus ses honoraires sur le site de la Sécu : « Ce médecin fixe librement ses tarifs, nous vous invitons à les lui demander directement », précise l’assurance maladie.

Opposé à la publication de ses revenus « pour des raisons évidentes d’atteinte à ma vie privée », le Pr Mimoun précise qu’en 2008 « 82% de ses opérations ont été réalisées dans le public » et affirme, en dépit de notre testing, que les délais sont les mêmes pour tous. Suivant les « préconisations du conseil de l’ordre », ses dépassements « n’excèdent plus aujourd’hui cinq fois le tarif Sécu ».

...et quatre autres stars

460 000 € *
PR JEAN-NOEL FABIANI
Chirurgien thoracique

En trois ans, l’activité du chef de service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire de l’hôpital Georges Pompidou a explosé de 22 %, passant de 380 000 € à 460 000 €. Sur le site de la Sécu, ce pro de la chirurgie mini-invasive déclare facturer 28 € sa consultation, ce qui est loin des 140 € annoncés par son assistante. Le même site annonce « 2 000 à 2 500 € » pour la pose de valves aortiques - sa secrétaire, elle, évoque 4 000 €. S’il ne «s’explique pas» cette récente flambée de ses honoraires, ce titulaire du conseil de l’Ordre de Paris, qui préside par ailleurs la CCM (Parlement des médecins) de Pompidou, précise que seuls «10 % » de ses actes sont effectués en privé. Le Pr Fabiani souligne la nécessité «de se constituer une retraite complémentaire» (NDLR : les professeurs, ne cotisent pour leur retraite que sur la moitié de leur traitement). Il a été prié en 2009 de revoir à la baisse ses tarifs.

430 000 € *
PR LAURENT HANNOUN
Chirurgie générale

Très scrupuleux sur les temps d’attente respectifs de ses patients, le chef du service de chirurgie digestive de la Pitié-Salpêtrière, Laurent Hannoun reconnaît « vu l’ambiance » avoir dû raboter ses honoraires : tarifée 4 400 € en 2008, l’opération d’un cancer du rectum est passée à 3 700 €. Du coup, en 2009, son chiffre d’affaires « a diminué de 10 %, à 380 000 €, et cela va encore baisser », annonce-t-il. Le Pr Hannoun souligne, aussi, l’envolée de ses charges : « du fait de l’explosion de la redevance, mes frais sont passés de 40 à 60 % ». Il dit opérer chaque année «100 malades en privé, contre 500 à 600 en public », précise ce médecin, qui arrêterait le privé « si on lui payait toutes ses heures sup ». Il évoque lui aussi un « problème de retraite », et dit gagner «moins de 9 000 € net par mois » pour son temps plein à l’hôpital. En 2010, il a porté sa consultation de 120 € à 130 €.

280 000 € *
PR BERNARD DEBRÉ
Urologue

Depuis 2005, les honoraires du chef du service d’urologie à Cochin ont légèrement baissé (ils frôlaient alors les 300 000 €), mais restent néanmoins à un niveau très élevé, si l’on tient compte de ses multiples activités : député UMP de Paris depuis 2004, Bernard Debré est aussi conseiller UMP de Paris depuis 2008. Il tarife 150 € sa consultation, et 3 200 € (selon le site de la Sécu) une ablation de la prostate. S’il conteste avoir fait l’objet d’un rappel à l’ordre sur ses tarifs, cet urologue médiatique souligne qu’en 2009 ses honoraires ont « été divisés par deux, pour atteindre 153 000 € » et que là-dessus, « plus des deux tiers sont des charges ». Pourquoi une baisse d’activité si soudaine ? « L’Assemblée et la mairie me prennent déjà beaucoup de temps. Je veux rester disponible pour l’hôpital public ».

126 000 € *
Pr Bernard GRANGER
Psychiatre

Certes, avec 126 000 € d’honoraires en 2008, Bernard Granger arrive loin derrière les urologues et autres chirurgiens cardiaques de renom qui ont une activité libérale. Mais ce psychiatre de Cochin, connu pour être l’initiateur du « Mouvement de défense de l’hôpital public », n’atteint cette somme que grâce à ses seules consultations privées, qu’il facture 135 € par patient. Refusant de commenter ces « informations confidentielles », le Pr Granger précise néanmoins qu’il « respecte le cadre légal » (deux demi-journées en privé par semaine, contre deux à trois en public selon les semaines) et que ses tarifs dépendent, évidemment, de la situation financière de ses patients

* Montant total des honoraires issus de l’activité privée à l’hôpital, perçu en 2008.